Magister Dixit

Le Fouga Magister est une des silhouettes aériennes les plus emblématiques de l’aviation française avec son empennage si particulier. Mais comme il s’agit d’un avion d’entraînement et de liaison, la littérature à son sujet est particulièrement restreinte. Jusqu’à aujourd’hui !

Dans la lignée de l’excellente monographie consacrée à l’Alpha Jet et alors qu’on se remet à peine d’un diptyque absolument phénoménal consacré aux Vampire et Mistral français, un père Noël un petit peu en retard a déposé cet immense pavé au pied de nos sapins (…)

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Coup de coeur 2021

 

 

Chuck Yeager (1923-2020)

On le croyait immortel, il a fini par s’en aller… un 7 décembre en plus !

Sa légende, Chuck Yeager ne l’a pas écrite qu’à bord du X-1. Il en avait déjà publié un bout à bord de son Mustang pendant la seconde guerre mondiale, avec ses 11,5 victoires dont 5 obtenues le même jour en octobre 1944 et une contre un Me262 qui lui permit de faire son célèbre aphorisme : « la première fois que j’ai vu un jet… je l’ai descendu ! »

Chuck Yeager devant un de ses Mustang en 1944. (USAF)

Il fit ensuite une longue carrière, boosté par son vol de 1947 dont on sait, aujourd’hui, qu’il aurait pu revenir à son copain Bob Hoover, autre grande légende de l’aviation, disparu en 2016.

Il prit sa retraite en 1975 mais continua de voler longtemps, invité par l’Air Force à revivre son exploit en place arrière d’un F-16 ou d’un F-15 à plusieurs reprises jusqu’en 2012.

En octobre 2012, Chuck s’installe en place arrière d’un F-15 pour un de ses derniers vols supersoniques. (Photo : USAF)

C’est donc une grande légende de l’aviation qui s’en est allé. Passionné, même diminué puisqu’il ne se déplaçait plus qu’en fauteuil roulant ces dernières années, il restait actif et accessible, présent dans les grandes manifestations aéronautiques.
 
Une anecdote cependant. En tant qu’officier supérieur, il fut amené à présider la court martiale où le Col Jack Broughton, dû répondre d’avoir détruit la bande de la cinémitrailleuse du pilote de F-105D accusé d’avoir mitraillé un cargo russe dans une zone d’exclusion de tir au Vietnam du Nord. Il ne fut condamné qu’à une légère amende mais fut relevé de son commandement. Chuck Yeager reconnut ensuite que l’Etat-Major avait fait un exemple.
 
Une voix discordante fut celle de René J. Francillon qui, au cours de ses reportages, fut confronté à l’officier supérieur de l’USAF et, sans que je ne parvienne à savoir exactement ce qu’il s’était passé, il ne faisait guère de doute que le premier homme à franchir officiellement le mur du son ne comptait pas René parmi ses fans.

Chuck Yeager, c’est aussi son visage qui s’affichait sur mon PC lorsque je lançais le simulateur de vol « Chuck Yeager Air Combat » au début des années 90…

Un des premiers simulateurs de combat aérien « acceptable », Chuck Yeager Air Combat en 1991 permettait de voler sur P-51, F-4 Phantom et MiG-21 pendant la seconde guerre mondiale, en Corée et au Vietnam. Les graphismes étaient hyper-réalistes… pour l’époque !

Si on se souvient de l’ensemble de sa carrière d’aviateur, comme pour Bob Hoover, qu’il soit décédé de vieillesse à l’âge vénérable de 97 ans n’est pas le plus mince de ses exploits.

On pourrait presque se demander si à son arrivée au paradis des pilotes il n’y aurait pas quelqu’un pour s’étonner de son arrivée avec un « Chuck, is that you ? »



Les Héros de Bagdad Tome 2

Le premier volume de la série nous plongeait au cœur des missions des Mirage F1EQ5 lors de la Guerre Iran-Irak et il nous avait passionnés. Voici que l’auteur se penche sur un groupe de pilotes, amené à prendre les commandes des Mirage F1 mais dont plusieurs ont commencé à opérer à bord de Super Étendard.

Entre 1983 et 1985, l’aviation irakienne avait commencé à semer la terreur parmi les pétroliers venant s’approvisionner en brut iranien dans le Golfe Persique grâce à 5 de ces avions prélevés sur la dotation de l’aéronautique navale française et loués par Dassault. (…)

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La saison des feux reprend en Australie

Si le pic des feux en Australie ont fait les gros titres en février dernier, avec une émergence de sinistres géants aux conséquences désastreuses, la nouvelle saison est d’ores et déjà lancée et les moyens aériens de renfort arrivent sur place.

Le Bomber 141 de Conair sur l’aérodrome de Bundaberg. (Photo : B. Sutton/ Conair)

L’état du Queensland a loué le premier Dash 8 Q400AT de Conair (même réservoir que les Q400MR en service en France, mais sans aucun aménagement de transport de passagers ou de fret), le Bomber 141 qui a effectué ses premiers largages opérationnels il y a quelques jours.

De son côté, La Nouvelle-Galles du Sud a déjà engagé à plusieurs reprises son Boeing 737 Fireliner acheté l’an passé, revêtu d’une nouvelle livrée.

L’ex Tanker 138 de Coulson en action comme Bomber 210 en Australie. (Photo : M. Oblati)

Toujours pour cet état, six hélicoptères lourds Erickson Aircrane sont en cours d’acheminement. Le premier, le N189AC « Gipsy Lady », qui a fait la saison des feux en Grèce a été livré ce 12 octobre par un Antonov 124 de Volga-Dniepr qui l’a convoyé depuis Athènes.

Déchargement à Sidney de l’Aircrane arrivant d’Athènes à bord d’un Antonov. (photo : C. Matei/ Kestrel Aviation)

Lors de la terrible saison 2019-2020, 17 millions d’hectares avaient été dévastés principalement en Nouvelle-Galles-du-Sud. Outre des centaines de millions de tonnes de CO2 rejetés dans l’atmosphère, ces feux avaient aussi causé plus d’une trentaine de morts dont les trois hommes de l’équipage du C-130 Tanker 134. Le rapport d’étape publié il y a quelques jours ne donne pas encore de cause précise au drame mais aucune défaillance technique de l’appareil n’a été décelée à cette étape de l’enquête.

Ainsi, la nouvelle saison des feux a débuté. Elle pourrait être très longue si on en juge par l’expérience des mois passés et par la situation dramatique de la Californie, où des surfaces record ont encore été dévorées cet été encore. (1,7 millions d’hectares brûlés à ce jour dont plus de 500 000 pour le seul August Fire qui fait rage depuis mi-août). Beaucoup d’avions et d’hélicoptères sont encore engagés dans de durs combats devenant, de fait, indisponibles pour se rendre de l’autre côté du Pacifique. Une situation inconfortable aux conséquences potentiellement catastrophiques.

Des avions Robin

Ce 5 août, nous apprenions la disparition de Pierre Robin, créateur de nombreux avions légers qui ont fait, et qui font toujours, les beaux jours de nombreux aéroclubs et pilotes privés.

Voici quelques un de ces avions croisés ici ou là, au bords des pistes et parfois en vol.

Il a étroitement collaboré avec un autre géant des petits avions, Jean Delemontez, décédé à 97 ans en 2015, le « Del » dans « Jodel », autre saga époustouflante des avionneurs français, et leurs noms restent aussi indissociables par les dénominations DR de leurs œuvres communes. Mais il a aussi collaboré avec d’autres ingénieurs comme Chris Heinz (HR) et sans oublier que son fils, Christophe, a aussi œuvré dans le même domaine avec les CR ou les MCR.

L’histoire de ces avions a fait l’objet de deux livres notables, « Les avions Robin » de Xavier Massé, aux Nouvelles Editions Latines en 2000. (270 pages).

Plus complet mais désormais devenu un peu difficile à trouver, bien que plus récent (2012), l’ouvrage de référence demeure néanmoins « La Saga Robin » de François Besse, autoédité mais désormais épuisé. Situation finalement logique pour un travail d’une qualité exceptionnelle, ce qui lui valut un coup de coeur mérité de la part de l’Aérobibliothèque.

Ainsi Pierre Robin s’en est allé…

 

Les MD-87 d’Erickson Aero Tanker

C’est en 2013 que la compagnie Erickson Aero Tanker (EAT) fait voler son premier MD-87 modifié pour la lutte anti-incendie. Au mois d’avril, Brent Connor et Doug Griffith, à bord du futur Tanker 101, qui n’était pas encore revêtu de la livrée de la compagnie, effectuent les premiers essais de largages à l’eau. La modification de l’avion a été sous-traitée à une compagnie faisant aussi partie de la holding de Jack Erickson, Precision Aircraft Solutions, également basée à Hillsboro, non loin de Portland, Oregon.

Un des MD d’EAT en cours de conversion, aux côtés d’un 757 que la compagnie transforme en avion cargo. (Photo : Precision Aircraft Solutions)

Le choix du MD-87 est clairement lié aux considérations économiques. Avec seulement 75 exemplaires construits entre 1987 et 1992, la version courte de la famille, prévue pour 114 à 139 passagers n’a clairement pas connu le succès escompté. Au début des années 2000, ces avions quittent donc le service et, peu recherchés, peuvent être acquis à bon prix par les sociétés de travail aérien. Erickson achète donc 7 cellules disposant encore d’un bon potentiel.

Le système de largage est constitué d’une soute pouvant contenir jusqu’à 4000 gallons (15 000 litres) de retardant et d’un système « constant flow » ventral à deux portes ouvert au niveau de l’emplanture de l’aile pour l’évacuation de la charge.

Avant même que les essais s’achèvent et le STC (supplemental type certificate) validé, la compagnie se voyait attribuer un premier contrat pour la saison 2014 pour les Tanker 101 et 105 et une réserve pour le Tanker 103 au cas où sa conversion serait achevée rapidement et qu’il pourrait alors participer aux opérations estivales. Il leur était promis un contrat à 4 000 $ par jour et 7 111 $ par heure de vol effectuée.

Il faut dire qu’après la résiliation unilatérale du contrat des P-3 Orion d’Aero Union en juillet 2011, l’USFS avait besoin de renouveler en urgence ses effectifs et des contrats furent proposés à tous les opérateurs susceptibles de pouvoir fournir à l’organisme fédéral les avions dont il avait tant besoin.

Les deux MD-87 entrent donc en service au début de l’été 2014  mais ils sont retirés des opérations au bout de seulement quelques semaines. Le positionnement des trappes de largages fait qu’une partie du retardant est aspiré par les réacteurs, au risque de causer une double extinction, aux conséquences potentiellement catastrophiques.

Le Tanker 101 en action au cours de l’été 2014 aux USA. Notez qu’à l’époque les largages s’effectuaient trains rentrés. (Photo : Inciweb)

Ce n’est qu’a l’orée de la saison 2017 qu’un STC amendé est validé et que les avions reviennent en opérations. Le système de largage a été modifié avec un pod ventral permettant de sortir le retardant de la couche limite et de réduire ainsi les risques d’absorption par les propulseurs.

Le Tanker 107 au décollage de McClellan au cours de la saison 2018. Le nouveau pod de largage ventral est particulièrement visible. (Photo : Jim Dunn)

Néanmoins, ce deuxième STC (ref ST14727LA-T) s’accompagne d’une obligation, celle d’opérer trains sortis dès que les volets sont abaissés à 40° ou plus. Visiblement le nouveau pod ventral entraîne un comportement non conforme de l’avion lors du décrochage, ce qui a été constaté lors de ces essais : « Bien que l’avion MD-87 comporte désormais un système d’alerte de basse vitesse (faisant aussi l’objet d’un STC), l’exemption autoriserait l’avion ainsi modifié à effectuer ses largages de retardant dans une configuration qui ne serait pas totalement conforme aux impératifs de caractéristiques de décrochages exigées par la réglementation. »

Erickson a tenté d’obtenir une dérogation, arguant que le travail des pilotes de Tanker est principalement la prévention du décrochage lors de la phase de largage, mais s’est heurté à un refus net de la FAA. Dans un courrier officiel de 2017, Aaron J. Morris, pilote de MD-87 ayant effectué 75% des vols de re-certification du MD-87 après l’ajout du système de largage extérieur confie : « Je pense, qu’en aucun cas, avoir le train baissé n’augmente la sécurité du MD-87 au cours d’un largage sur feu ; Au contraire, ceci nous oblige à effectuer deux actions supplémentaires, le baisser avant le largage et le remonter ensuite, ce qui augmente singulièrement notre charge de travail. »

Pour la FAA il existe des inquiétudes sur le comportement de l’avion en cas de décrochage et il est donc nécessaire de suivre strictement les procédures établies lors de la certification. En l’occurrence, si les volets doivent être descendus à 40° ou plus, afin d’atteindre la vitesse de largage optimale tournant autour de 135 kt, « les trains se doivent d’être abaissés« . L’autre facteur prévalant au maintien de la position de la FAA est que que l’acceptation de cette exemption pourrait créer un précédent juridique dans lequel bien des exploitants pourraient s’engouffrer.

Néanmoins la compagnie EAT semble vouloir poursuivre l’équipement de ses avions de différents systèmes de prévention et d’alerte du décrochage afin de pouvoir convaincre la FAA de lui concéder cette exemption, l’affaire n’est donc pas close.

En attendant les prochains rebondissements de l’affaire, les MD-87 opèrent donc leurs largages trains sortis pour se conformer aux caractéristiques certifiées de ces appareils et pour respecter les consignes claires de la FAA.

Pour des raisons notamment réglementaires, les MD-87 effectuent désormais leurs largages trains sortis. (Photo : Erickson Aero Tanker)

Aujourd’hui, EAT aligne 5 MD-87 et un sixième appareil pourrait être transformé sous peu. Cet été, les 5 avions disponibles sont sous contrat avec l’USFS, en contrat NextGen ou en Call When Needed et opèrent actuellement au Colorado (Tanker 101), en Californie (Santa-Maria pour les 102 et 105, Sacramento McClellan pour le 104) et dans le Nevada pour le 103, mais les appareils peuvent être déplacés en fonction des besoins et même revenir temporairement à leurs bases pour des opérations de maintenance. A noter que ces appareils sont désormais utilisés avec une capacité de 3000 gallons uniquement (11 400 litres).

On se souvient aussi que les Tanker 102 et 103 sont intervenus au début de l’année sur les feux géants qui ont ravagé l’Australie.

Aux côtés des Boeing 747, 737, RJ-85, BAe 146 et autres C-130, les MD-87 représentent donc un autre pan de ces nouvelles générations de Tanker à réaction en action principalement sur le continent américain. La particularité de leurs largages trains sortis ne manque pas d’interpeller les observateurs, leur offrant l’occasion d’échafauder des tas de théories complexes. La réalité est, pour une fois, plus simple, et, plus que les impératifs opérationnels, c’est bien l’aspect réglementaire qui prévaut .

L’Ecole de Chasse de Tours a fermé ses portes

Après 59 ans de présence au bord de la Loire, l’École d’Aviation de Chasse de la Base Aérienne 705 de Tours a fermé vendredi après un ultime défilé de ses avions d’entraînement Alpha Jet. Désormais, les futurs pilotes de chasse de l’armée de l’Air apprendront à Cognac, sur Pilatus PC-21,  l’art du vol en patrouille, des virages relatifs, de la nav en TBA et des manœuvres de combat et ne toucheront à l’Alpha Jet que lorsqu’ils arriveront dûment breveté à Cazaux.

Dernier défilé en patrouille des « Gadget » de l’EAC, le 5 juin 2020. Photo : C. Defever

Si l’armée de l’Air va demeurer présente sur le site tourangeau par des unités principalement administratives, dont le commandement des Écoles, quelques périodes de présence de la Permanence Opérationnelle maintiendront une faible activité aérienne militaire jusqu’en 2021. La longue piste 02-20 ne sera ensuite plus fréquentée que par quelques avions de ligne, d’affaires et l’aéroclub local. L’avenir de cette plateforme aéronautique est clairement en question aujourd’hui.

Pompier de l’Air en plein travail, printemps 1996. Photo : S. Braconnier.

Pour bien se rendre compte de l’importance de la BA705 et de l’EAC, 4 853 pilotes de chasse ont été brevetés à Tours, ainsi que 291 NOSA (Navigateurs Officiers Système d’Armes) entre 1961 et 2020.

L’EAC avait célébré ses 50 ans avec un Alpha Jet porteur d’une décoration spéciale remarquable.

Mais c’est là aussi que d’autres ont vu leur rêve de « macaron » pourtant si proche, après avoir pourtant passé les fourches caudines de la sélection et de la formation initiale, se fracasser à l’issue d’un conseil d’instruction impitoyable.

Un Alpha Jet au décollage en 2016. Sans la Cigogne, c’est plus pareil…

Mais si cet évènement me touche particulièrement, c’est que, au-delà des meetings aériens auxquels j’ai assisté à Tours et des trois années passées en histoire à la fac des Tanneurs à regarder de loin les avions voler depuis la base, c’est là que j’ai effectué mon service militaire en 1995-96, à la SSIS (Section Sécurité Incendie et Sauvetage), et pour un passionné d’aviation, quelle affectation de choix !

Comme pompiers, des incidents, nous en avons connus quelques uns comme ce jour où nous avons vu un Alpha Jet exploser les deux pneus de son train d’atterrissage au retour de vol, semant des débris sur tout le seuil de piste. Mais ce sont les sécurisations de retour d’avions victimes de collisions volatiles qui furent les plus fréquentes, les appareils revenant parfois avec des dégâts impressionnants.

Mais comment ne pas parler de cet Étendard IVP en délicatesse avec sa perche de ravitaillement qui s’était dérouté et dont j’ai retrouvé bien des années plus tard le pilote… à l’anniversaire d’un copain !

Étendard IVP n°118 de la Flottille 16F en déroutement à Tours, printemps 1996.

Comment ne pas se souvenir de cette terrible montée d’adrénaline lors d’une séance de vols de nuit quand on nous a alerté d’un coup de klaxon-crash « Alpha Jet en feu au seuil 20 » alors qu’il n’y avait eu qu’un dégagement de fumée sur un « Gadjet »… au roulage !

Véhicule d’Intervention Rapide Polyvalent, donc le VIRP, alias « Mon Bahut ! »

Impossible, non plus, d’oublier les alertes à bord des camions car des élèves allaient décoller pour la première fois tous seuls à bord, ou parce que le démonstrateur Alpha Jet allait répéter son programme. A l’époque, je ne connaissais même pas son nom… Je l’ai pourtant retrouvé vu qu’il pilote désormais les Dash 8 de la Sécurité Civile !

Les souvenirs les plus marquants furent-ils ces réveils en pleine nuit pour remonter au bord de la piste histoire d’assurer la sécurité des atterrissages de très discrets Beech King Air ? Nous savions bien ce qu’ils transportaient, des organes. Une vie venait de s’en aller, une autre allait pouvoir continuer…

Et ces siestes en « piste » la fenêtre grande ouverte sur le taxi-way avec les avions au roulage. « Nuisances sonores » ? Je ne vois absolument pas de quoi vous voulez parler !!

La SSIS piste vue depuis le terre-plein entre le taxi-way et la 02-20 en 2015.

Nous savions aussi que nous pouvions, à tout instant, devoir intervenir pour des évènements potentiellement tragiques comme nos successeurs l’ont fait le 10 décembre 2014.

En 1995, les Alpha Jet célébraient leurs 500 000 heures de vol avec une déco élégante.

Revenir à Tours sans revoir les jets à nez de dauphin semble si irréel ! Sera-t-il alors possible de revisiter le bâtiment piste et la « SSIS », son immense garage que « La Guiche » avait orné d’une splendide fresque représentant Alpha Jet et Spitfire autour du poème de John Gillespie Magee « High Fly » ?

La fresque de « La Guiche » (1996) dans le garage de la SSIS. Vue partielle. Photo : F. Marsaly

Ces dix mois passé sur la BA705 furent riches, et pas seulement en photos, même si l’amateur de bord de pistes n’a jamais été aussi content que sur la petite butte au coin du taxi-way, juste devant l’escalier montant à la « SSIS piste » à regarder passer aussi Mirage, Jaguar, Fokker, ATR et autres DC-3, sans oublier un CL-415 et un Tracker. J’étais content de voir passer les derniers Fouga et les premiers Tucano, les Cessna 310 du CEV ou le proto du Fournier RF-47… Mais les Alpha Jet ornés de l’étoile chérifienne et de la cigogne symbolisent bien ces années tourangelles.

Ex-pompier de l’Air en plein travail. Septembre 2016. Photo : C. Defever

L’École d’Aviation de Chasse de Tours vient de fermer, c’est plus qu’un pan d’histoire de l’aviation française qui disparaît, c’est juste ma jeunesse qui fout le camp !

Le plus joli des insignes de l’Armée de l’Air. 25 ans après, il traîne toujours sur mon bureau ou pas loin…

Vampire & Mistral français – Tome 1

En 1980, Claude Petit et Patrick Vinot-Préfontaine (P-X Henry) publiaient l’histoire des DH.100 Vampire et S.E. 535 Mistral en France dans le cadre associatif du Trait d’Union, le périodique des historiens pointus ! 318 pages tapées à la machine et imprimées en noir et blanc au standard des publications de l’association à l’époque. Si la forme était perfectible, le fond était déjà là. (…) Presque quarante ans plus tard, Claude Petit et Patrick Vinot-Préfontaine ont eu la drôle d’idée (en se levant un matin ?) de reprendre leur travail et d’y inclure la documentation qu’ils avaient continué d’accumuler sur le sujet….

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Souvenir(s) des A380 d’Air France

Air France, sans surprise, a donc pris la décision d’accélérer le retrait de sa petite flotte d’Airbus A380 qui, depuis quelques semaines, était immobilisée notamment sur les parkings de l’aéroport de Teruel en Espagne. Elle n’est pas la seule. Les raisons pour lesquelles l’A380 n’a pas été le succès escompté sont nombreuses et connues : les réglementations ETOPS qui ont renforcé l’hégémonie des biréacteurs long courrier, les coûts élevés de maintenance du quadriréacteur et, comme coup de grâce, une pandémie qui a pulvérisé l’économie du transport aérien et dont on se demande si elle s’en relèvera un jour.

15 ans après son vol inaugural, 10 ans après son entrée en service chez Air France, l’histoire de l’A380, avion brillant, a les relents amer de la déception.

Il y a  exactement 10 ans, Air France débutait la mise en ligne de l’A380. Pour « roder » les appareils mais surtout les équipages, les premiers avions ont multiplié les liaisons courtes en effectuant principalement des Paris CDG-Londres Heathrow. Ces vols étaient ouverts aux passagers avec une tarification spéciale très abordable (79 € l’aller-retour) avec toute la souplesse d’un billet normal, l’occasion aussi pour la compagnie de satisfaire les nombreux curieux désireux de voler à bord de cette machine fantastique !

J’avais réussi à obtenir une réservation (c’était moins difficile que de décrocher un billet pour les vols d’adieux au 747 !) et j’ai donc découvert l’A380 de l’intérieur le 26 juin 2010) bord du F-HPJC.

A l’embarquement, j’avais remarqué une silhouette vaguement familière. Je me suis approché de lui et nous avons échangé quelques mots.

Le vieil homme qui regardait les avions. Au crépuscule de son existence, le vieux pilote continuait d’assouvir sa curiosité et venait découvrir l’A380. Ainsi était Jacques Nœtinger.

Jacques Nœtinger, pilote et journaliste aéronautique, parrain de la Patrouille de France puisqu’il la baptisa ainsi en 1953 alors qu’il était au micro du meeting aérien d’Alger, commentant ce qui n’était qu’une patrouille acrobatique organisée au sein de la 3e Escadre de Chasse pour représenter l’armée de l’Air. Auteur prolifique et historien de l’aéronautique française, il venait donc découvrir l’A380 de l’intérieur, lui qui avait connu la Caravelle, sans doute assisté aux premiers envols du Concorde et de l’Airbus A300. La passion des avions, jusqu’au bout (1).

La mise en ligne de cet avion incroyable était un évènement. L’Europe aéronautique égalait enfin le géant de Seattle. Les Airbus A320 se vendaient autant que les 737, les A330 concurrençaient les 767 et les 777 et avec son quadriréacteur, Airbus proposait un défi au 747. Bien sûr, depuis l’engouement du tout premier vol, 5 ans plus tôt, était venu le temps des doutes avec ce retard inexplicable dans la mise au point en raison du manque de coordination des équipes françaises et allemandes. Surtout, si le carnet de commande en 2005 était encourageant, depuis, on sentait que les ventes subissaient un fléchissement inquiétant alors que tous les autres appareils, quelque soit le constructeur, se vendaient par poignées !

Ces vols Air France furent un large succès et, autant que je m’en souvienne, l’avion était plein. Voyageant seul et ayant pu choisir, je me suis retrouvé au pont inférieur place 10A avec plus d’espace que je n’en espérais et près d’un hublot.

De la place pour les jambes, un hublot, le bonheur de la place 10A !

La mise en route fut une surprise. Rien, pas un bruit, pas une vibration. Le roulage fut amusant car sur le bord du taxi-way, de très nombreux équipages s’interrompaient pour regarder passer le nouvel avion.

Le gros avion tout neuf était l’attraction du moment à chaque décollage et atterrissage.

La rétraction des trains était également imperceptible. Le niveau sonore de l’appareil était incroyablement bas et les conversations n’en étaient que plus simples. Le steward en charge de notre secteur se livra à quelques confidences, lui qui volait depuis quelques semaines sur le nouvel avion. Plus silencieux et avec des « galley » spacieux, les vols étaient moins fatigants pour eux que sur n’importe quel autre avion. Un vrai progrès.

Tout à l’avant, dans le cockpit, ce devait être les mêmes commentaires avec un gros porteur facile et bien conçu. Seuls les comptables, faisant et refaisant leurs calculs, allaient avoir quelque chose à redire et ce sont eux qui ont aujourd’hui le pouvoir. Mais ces considérations ne touchaient pas encore les passagers qui profitaient du spectacle offert à 20 000 pieds entre Paris et Londres.

L’accès en vol à la caméra située au sommet de la dérive, la garantie de vues extraordinaires et fascinantes.

Nous profitions d’un court vol, confortable, agréable. Entre deux photos, je testais quelques fonctions de l’IFE. L’accès aux caméras extérieures permettant de « voler » avec l’avion m’avaient fasciné…

A Londres, je débarquais de l’avion pour réembarquer aussitôt. Bien sûr, j’aurais pu en profiter pour passer une nuit sur place, aller traîner chez Foyles et boire une pinte dans un vrai pub mais la possibilité de faire le retour dans la foulée était amusante.

Dans l’aérogare d’Heathrow, on se précipite pour immortaliser le 380 Air France dont c’était une des premières visites outre-manche.

Il fallut donc sortir de l’avion, passer quelques minutes dans l’aérogare puis repasser les contrôle de sécurité. Ce fut facile même si j’avais laissé une batterie du Nikon dans ma poche, ce qui déclencha le portique et me valu une fouille plus complète mais d’un professionnalisme qui m’avait rassuré, loin du travail d’amateur des agents de sécurité français…

Par une immense ironie de l’histoire, les A380 Air France et les 747-400 de Qantas ont terminé leurs carrières respectives en raison de la crise causée par la pandémie de 2020. Ils n’avaient pourtant pas la même histoire, ni la même longévité, surtout.

De retour à ma place, j’en profitais pour immortaliser les innombrables… Boeing 747 visibles sur l’aéroport londonien !

Ce court aller-retour avait démontré ce que tous ceux qui ont eu la chance de voler à son bord depuis disent, cet avion est l’un des plus confortables et des plus agréables pour les passagers, et son équipage, qu’il soit. Il est bien possible que l’A350 bénéficie aussi de ces avancées si cruciales pour la fameuse « expérience client », à ce titre l’aventure A380 n’aura sans doute pas été totalement vaine.

Il m’a fallu attendre 8 ans, mars 2018, pour revoler sur le « gros » puisque c’est à bord du JE, devenu célèbre pour son déroutement à Goose Bay, que je suis rentré de Californie. Moins de place pour les jambes qu’en 10A (2), vol de retour, de nuit, après un voyage aussi fabuleux qu’un peu fatigant, j’ai beaucoup moins apprécié le trajet. Le fait d’être assis ni à un hublot ni à un couloir jouant énormément.

L’avion du retour de Los Angeles en 2018. Difficile d’imaginer qu’il était déjà si près de la fin de sa carrière sous ces couleurs !

J’ai eu de multiples occasion encore de photographier des A380, en particulier lors des différents Salon du Bourget ou de la livraison d’un des protos au Musée de l’Air, voire même sans bouger de chez moi et d’autres occasions se présenteront à nouveau. Car comme certains concluent trop facilement, le retrait des A380 d’Air France et la fin de sa production chez Airbus ne signifient pas l’arrêt total et immédiat de sa carrière opérationnelle.

Toutes les compagnies ne vont pas cesser du jour au lendemain de les exploiter,  mais  il est déjà certain que la carrière complète de l’Airbus A380 n’atteindra jamais la longévité de celle du 747 par exemple.

Un dernier regard vers le F-HPJC qui attend ses prochains passagers.

Il va donc rejoindre la cohorte des réussites techniques qui se révélèrent inadaptées aux marchés de leurs époques. Reste qu’il n’aura pas droit, au sein de la compagnie aux dérives tricolores, à un adieu digne de ce nom. On aura une pensée donc pour les navigants qui ont fait leur dernier vol dessus sans savoir que c’était leur ultime envolée… un évènement qui est devenu désagréablement courant ces derniers temps.

Une vue classique, deux réacteurs, mais qui appartient déjà à l’histoire.

 

(1) Jacques Noetinger est décédé le 21 avril 2012 à l’âge de 92 ans.

(2) j’avais plus de places pour mes jambes dans le Cessna 177 d’Antoine !! Un comble !

Les C-47 sous nos cocardes

Quel est l’avion dont l’importance historiographique est inversement proportionnelle à son importance historique ? Ne cherchez pas : c’est le DC-3 et ses avatars militaires. Pensez-donc, plus de 10 000 exemplaires construits, plus qu’une révolution pour l’aviation commerciale, un rôle essentiel pendant la Seconde Guerre mondiale, une carrière interminable (plus de 80 ans après le premier vol du premier DST, des Douglas continuent de transporter un peu n’importe quoi à peu près n’importe où, surtout là où les conditions de vol sont difficiles !)

Combien de livres sur le DC-3 a-t-on présenté depuis vingt ans sur l’Aérobibliothèque ? Une petite poignée… Triste constat ! Il faut dire qu’en raison de sa production phénoménale et de son omniprésence à l’échelle mondiale, cette carrière est compliquée à retracer autrement que petits bouts par petits bouts.

Pour le « petit bout » militaire français, on attendait depuis longtemps que quelqu’un s’y colle. C’est désormais fait… (…)

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