Retour sur le Paris Air Show 2015 (2/2)

Si les démonstrations en vol n’ont pas été nombreuses, elles ont été de qualité à défaut d’être très variées. Car finalement, ce sont surtout les avions de ligne modernes qui ont tiré leur épingle du jeu, les chasseurs modernes ayant fait preuve, une fois n’est pas coutume, d’une singulière discrétion.

Boeing, Airbus et autres Bombardier ont donc égayé le ciel de la Seine Saint-Denis avec des évolutions particulièrement étonnantes pour les profanes comme pour les initiés avec des appareils d’une discrétion absolument stupéfiante mais capables d’afficher des pentes de montée indécentes et effectuer des virages à rendre certains chasseurs envieux. On peut cependant pointer du doigt l’absolue ignorance des médias généralistes qui ont présenté le Boeing 787 comme capable de faire « un décollage à la verticale » sur la seul foi d’une vidéo prise depuis un autre aéronef dans l’axe d’envol avec une très grande focale.  Mais nous sommes entrés dans l’ère du « buzz » à tous prix, du nivellement par le bas, et non plus dans celle de l’information.

787 grosse pente

Décollage impressionnant du Boeing 787 aux couleurs de Vietnam Airlines.

calcul d'angle

Et dire que certains appellent-ça un « décollage à la verticale ». ça reste une très grosse pente de montée cependant, environ 45°.

A noter aussi la présence du tout nouveau Bombardier CS300. Lui non plus n’est pas très bruyant !

CS300

Autre appareil inédit, mais à la silhouette désormais bien connue, le Falcon 8x, évolution du 7x.

Falcon 8X

Silencieux, maniable, rapide, avec une distance franchissable augmentée, le Falcon 8x ne manque pas d’atouts en plus de sa ligne élégante.

Trois avions seulement ont brisé la quiétude de ce mois de juin dionysien, le Rafale, habitué des lieux depuis bientôt trois décennies, si on compte les apparitions du démonstrateur Rafale A, toujours présenté par le Capitaine « Tao » Planche, pilote du « solo display » officiel de l’armée de l’Air et qui a laissé son Rafale « Monster Tiger » vert pour un appareil à la livrée plus sobre et plus militaire.

DSC_5899

Troisième et dernière saison de Solo Display pour le Capitaine Planche qui aura établi dans ce domaine, une forme de record.

Rafale 2

Gracieux, élégant, mais aussi puissant et performant, le Rafale a été la vraie vedette du show aérien. Ce n’est pas la première fois.

Présent pour la première fois sur une manifestation aéronautique occidentale, le chasseur Sino-Pakistanais JF-17 n’a impressionné personne, mais sa seule présence a rehaussé le programme des vols.

DSC_5437

Le JF-17 a la particularité d’être accompagné de traînées de condensation au moindre facteur de charge, même en air relativement sec. Les experts pourront toujours se prononcer alors sur la qualité de son aérodynamique.

JF17

Bruyant, le JF-17 est aussi accompagné d’un joli panache de fumée noire. Voilà un avion respectueux… des traditions !

JF-17

Entre le Gripen, le F-5, le Viggen, le Hornet ou le F-16, le JF-17 donne l’impression d’être un patchwork de pièces héritées de chasseurs des années 70 à 90…

Le troisième n’est autre que le Fouga Magister présenté par l’incontournable Hugues Duval. Lorsque le commentateur conseillait au public de se munir de bouchons d’oreilles pour assister aux démonstrations en vol, ceux qui ont encore en mémoire les vibrations des Tornado, des Sukhoi, des F-16 ou des Mirage arboraient alors un sourire qui était très nettement moqueur.

L’avantage c’est que ces démonstrations en vol ne prenaient que deux heures par jour, laissant le reste du temps au professionnels de rencontrer leurs clients et négocier leurs contrats sans être dérangés, dans la toute quiétude d’un salon aéronautique à peine plus bruyant que le salon nautique.

A400M (2)

Quelques semaines après la tragédie de Séville, la présence en vol de l’A400M était un évènement d’une considérable portée.

A400M

Les démonstrations en vol Airbus permettent de photographier les appareils sous des angles assez inédits.

380 grosse pente

Les constructeurs se sont livrés au jeu de celui qui aurait la plus belle pente au décollage. Si le 787 a été déclaré vainqueur, l’A380 n’en a pas démérité pour autant.

Smoker 350 1024

Quelque soit l’avion, quelque soit son niveau de respect de l’environnement, quand on remet les gaz sèchement, ça fume ! Pour l’A350 comme pour les autres.

Les démonstrations en vol du weekend étaient un peu plus relevées avec la présence de la Patrouille de France, qui, pour des raisons d’espace aérien disponible, n’a présenté que la partie la plus calme de son programme 2015, le « ruban », et quelques « warbirds » toujours plaisants à voir évoluer. Malheureusement, la position de l’axe des démonstrations assez éloigné du public, il est logiquement paramétré et placé pour les appareils les plus volumineux et les moins manoeuvrants,  fait que ces évolutions étaient surtout… lointaines. Ces avions anciens et de collection étaient, cette-fois, plus nombreux que les avions modernes, tendant à faire du meeting aérien du weekend, une Ferté-Alais, mais en moins bien !

efan

Le Salon était placé sous le signe de l’aviation électrique avec le Cri-Cri de Yankee Delta et l’E-Fan d’Airbus Group.

croisement paf 415

Croisement (lointain) d’un CL-415 et d’un Airbus d’Air France. Le génome de la PAF se retrouve aussi dans l’ADN de la Sécurité Civile désormais.

CL-415 Pelican 32 LBG 2015 (F. Marsaly) 1024)

Présent à l’initiative de la Sécurité Civile, le CL-415 a rehaussé le programme des vols du weekend. A noter que, comme à la Ferté-Alais, c’est le 32 et sa déco spéciale qui a été affecté à l’évènement.

DC3

Beau, élégant, et harmonieux à écouter, le DC-3 est un avion fantastique, mais est-ce ce genre d’aéronef que les amateurs veulent voir au Salon du Bourget ?

On est désormais bien loin des salons des années 90, et mêmes certaines éditions des années 2000, 2011 par exemple était tout à fait correct et la présence d’un Sukhoi a pratiquement, à elle seule, sauvé le Salon 2013, mais on espère que la situation internationale, en particulier, permettra au Paris Air Show 2017 de reprendre sa place au cœur des manifestations aéronautiques incontournables.

Retour sur le Paris Air Show 2015 (1/2)

Au cours de la grande semaine de l’aviation internationale de Paris au mois de juin, la presse généraliste a largement couvert la grande actualité du Salon, ses nouveautés exceptionnelles, ses annonces révolutionnaires et ses contrats signés à coups de milliards. Elle a aussi largement interviewé les responsables commerciaux et les équipages avant de consacrer le dernier weekend aux passionnés et aux curieux qui se sont agglutinés par dizaines de milliers le long des barrières pour assister au show aéronautique le plus époustouflante de l’histoire de l’aéronautique.

twin otter 400

Une « vieille » nouveauté, le Viking DHC-6-400 Twin Otter, nouvelle version modernisée du célèbre avion de brousse et qui connaît, à nouveau, un succès commercial certain.

A10

Un A-10 était exposé sur le statique. Un avion dont l’USAF n’arrive pas à se défaire tant il a été de tous les combats depuis 25 ans.

DSC_9738

Autre nouveauté du salon, le P-8 Poseidon, successeur désigné du P-3 Orion.

DSC_9992

Les Russes étaient là, discrètement, avec le nouvel Antonov 178.

Qatar en force

La grande démonstration de force du Salon a été l’oeuvre de Qatar Airways avec pas moins de 5 avions sur le statique : A319, A320, A350, Boeing 787 et A380 !

scorpion

Autre nouveauté, l’avion de combat Textron Scorpion.

Mais le ressenti des habitués du lieu a été bien différent. Si le statique était correctement garni, on sent bien que le côté Air Show n’est plus la priorité ni des constructeurs ni des organisateurs, tout au plus un passage obligé et spectaculaire qui va drainer la foule et les médias ; un « alibi culturel » ni plus, ni moins. Le constat est amer, mais jamais le programme des démonstrations en vol n’a été si pauvre et si réduit. On peut pointer du doigt le contexte mondial, sécuritaire, économique et géopolitique,comme facteur décisif, mais il appartient à l’organisation du salon de convaincre les industriels de maintenir le Salon du Bourget à son rang.

 

Meeting aérien du centenaire, Base Aérienne 705, Tours (2/2)

La météo s’annonçait radieuse pour ce dimanche 7 juin. Tout était prêt pour que le grand meeting aérien devienne un grand évènement et un succès public. Avant même que les portes de l’entrée base ne s’ouvrent, il y avait déjà une petite foule massée sur la route. C’était plutôt bon signe.

L’attente ne fut pas bien longue. Les portes rapidement ouvertes, il fallut cependant se soumettre à la fouille des bagages, inévitable en ces temps troublés. A quelques détails il était possible de comprendre que sur le plan de l’organisation, ce meeting allait être une réussite. Les caisses pour acheter les billets d’entrée étaient nombreuses ; un peu plus loin, sur l’aire publique, très vaste, les toilettes étaient disséminées un peu partout. En face l’Escale, de très nombreux stands proposaient de quoi se sustenter avec une grande variété de possibilités. Pour les amateurs de souvenirs, il y en avait pour tous les goûts, livres, babioles, maquettes de collections.

Il ne fallait pas perdre de temps pour se trouver une place près des barrières pour le début des vols en milieu de matinée. Désormais, les commentaires des meetings aériens sont assurés par Frédéric Béniada, une voix bien connue des auditeurs de Radio-France, et authentique passionné d’aviation. Homme de radio, il a eu la bonne idée de préparer en amont ses interventions et s’est livré au jeu de l’interviewer auprès des équipages, apportant une note assez dynamique à l’exercice. Il n’en reste pas moins que le positionnement des haut-parleurs entre le public et le taxi-way demeure un gros problème pour les photographes ; assez hauts, ils se sont retrouvés dans le cadre lors de certaines manœuvres des patrouilles.

Comme annoncé, le programme des vols n’était pas folichon, surtout pour les amateurs de « heavy metal ». Heureusement, les démonstrations en vol étaient variées et sans trop de temps morts, rehaussées par les participations remarquées de la patrouille britannique des Red Arrows, de la Patrouille de France et d’autres formations vraiment spectaculaires comme les Mirage 2000N des Ramex Delta ou les Alpha Jet de l’EAC qui ont proposé un show « maison ».

Les démonstrations ont même été interrompues un moment pour laisser passer le Boeing 737-800 de Ryanair, compagnie régulière de l’aéroport de Tours-Val de Loire partageant la même piste que la Base Aérienne 705. Les passagers comme l’équipage ont dû être surpris d’être attendus par tant de personnes les saluant !

De plus en plus souvent, la Patrouille de France ne termine plus les meetings aériens. Ce changement de coutume a de nombreux avantages. Comme de nombreux spectateurs ont tendance à quitter la plateforme après le passage des Alpha Jets bleus-blancs-rouges, c’est toujours ça de gagné en embouteillage pour le grand rallye de fin de meeting. D’autre part, ayant fait leur part de boulot en milieu d’après-midi, les pilotes peuvent passer plus de temps auprès de leurs fans, le chiffre d’affaire du stand de la PAF doit s’en ressentir notablement.

Après plusieurs saisons où leur show semblait être entré dans une interminable routine, il semble que cette année le nouveau leader cherche à imposer sa vision du spectacle et si le ruban a peu évolué, la synchro, avec un travail en deux groupes de quatre, a été plus rythmé et pour tout dire assez enthousiasmant. (On note avec une immense satisfaction que le commentaire de notre Patrouille Nationale est revenu aux fondamentaux, loin des cris, hurlements et slogans ridicules qui nous ont été infligés il y a quelques années.) Bon, évidement, pour ça, il fallait faire abstraction du spectacle offert par les Reds qui est, de toute façon, un ton au-dessus et ça fait des années que ça dure.

Parmi les anecdotes notables, le Fouga Magister a dû annuler son show après le décollage en raison d’une bricole qui a empêché le train de se rétracter et qui est revenu, très prudemment, se poser, bien escorté par les véhicules des pompiers de la base.

Avec la participation de quelques warbirds spectaculaires comme le Skyraider, le Mustang, le Mosquito au 3/4 et le Spitfire, il y en avait pour tous les goûts. Dernière bonne surprise : au moment de la fin du meeting et de la sortie des spectateurs, ça roulait presque normalement, du moins dans le secteur où nous avions laissé notre véhicule !

Rafale B Tator

Lors de la répétition du samedi, la démonstration du Rafale a été effectuée avec le spare biplace. Qui était en place arrière ? Nous ne le savons pas (*). Espérons qu’il a apprécié car, c’était sensible, qu’est-ce que « Tao » lui a mis dans la paillasse !!

Mirage 2000N Ramex

Décollage des Ramex Delta : belle démo tactique des Mirage 2000N d’Istres !

Super Puma Suisse

L’une des démo les plus spectaculaires du plateau, le Super Puma suisse. Notez le salut de l’équipage avec ses gants rouges. Sachant que l’appareil est en translation latérale pour remonter la ligne des spectateurs, les connaisseurs apprécieront la synchronisation de l’équipage.

altitude suffisante

Victime d’un léger incident technique, le pilote du Fouga a préféré annuler sa démo après le décollage le dimanche. Dommage, son vol du samedi avait été très intéressant à suivre. Il est vu ici juste après son décollage.

2 par 2

Les instructeurs de l’École de Chasse ont effectué un vol à 4 basé sur l’utilisation des différentes formations offensives et défensives qui constituent la base du travail en formation serrée.

DSC_4589

Passage au break des avions de l’Ecole de chasse, le Leader est le premier à quitter la formation.

Double Apache Roll PAF

Une des nouvelles figures de la PAF 2015, un « Apache Roll » à deux. Spectaculaire et élégant.

PAF a 4

Une autre nouvelle figure de la PAF 2015, ouvertement inspirée du passage en persiennes de la Patrouille suisse. Il y a bien 4 Alpha Jet sur la photo, même si le quatrième est totalement caché.

Red one

Année après année, les Reds démontrent qu’ils restent les maîtres de la discipline, même si leur routine semble n’avoir que très peu évolué.

Précision britannique

Les passages et croisements spectaculaires des Red Arrows ont régalé le public.

hawk & hawk

Un petit faucon crécerelle assiste aux évolutions des Red Arrows.

Volutes belges

Volutes belges et F-16 en furie.

 Il est finalement assez simple de tirer un bilan de ce meeting de l’Air nouvelle formule : en dépit d’un plateau qui pouvait être amélioré, une bonne organisation et surtout une météo d’enfer, le tour est dans le sac !

 

(*) Patrice Olivier (Aéropix’Ailes) me précise que le pax de « Tao » était « Nanard » pilote créateur des Ramex Delta… Un confrère qui a donc dû bien apprécier cette découverte du Rafale !

Meeting aérien du centenaire, Base Aérienne 705, Tours (1/2)

Le deuxième Meeting Aérien de l’Air de la saison 2015, organisé par la FOSA, s’est déroulé le weekend des 6 et 7 juin. Le premier s’est déroulé sur la base de la Solenzara la semaine précédente, le troisième et dernier se tiendra à Luxeuil le weekend des 27 et 28 juin.

affiche_meeting_tours_gdformat-741x1024

Des affiches des trois meetings de l’Air 2015, celle de Tours est, de loin, la plus réussie.

Pour quelques spotters privilégiés, qui s’étaient inscrits assez tôt, les portes de la base se sont même ouvertes dès le matin du vendredi 5 juin afin de pouvoir assister aux arrivées. Une fois les formalités d’entrée sur la base, un briefing a été donné dans l’amphithéâtre de l’École de Chasse avec un mot d’ordre qui a tout de suite rassuré l’assistance puisque le responsable de l’opération, assisté par des personnels volontaires de la base, a mis l’accent sur le besoin de retour d’expérience de leur part pour améliorer encore, dans l’avenir, ce genre de « manip ».

Cette approche « collaborative » entre les passionnés et l’Armée de l’air a été grandement approuvée et il ne fait aucun doute que les quelques légers « couacs » enregistrés au cours du weekend vont aider à ce qu’ils ne surviennent plus.

Installés au bord de la piste, près de l’ILS de la piste 20 et à proximité de la tour de contrôle, les spotters ont donc passé une partie de la journée à suivre les arrivées et les premières répétitions, sous un soleil de plomb. Notons que l’organisation avait prévu un ravitaillement en eau de 3 litres par personne, une attention aussi indispensable qu’appréciable.

Feu 16

Décollage en fanfare du Solo Display F-16 belge.

A10

L’avion le plus attendu du meeting, le A-10 Thunderbolt II, le tueur de chars de l’USAF.

Le programme du meeting diffusé quelques jours avant l’évènement avait confirmé quelques craintes. Ce ne serait pas « le » meeting du siècle, avec un plateau statique comme dynamique relativement clairsemé. Mais quelques bonnes surprises ont réussi à soulever l’enthousiasme des passionnés.

RJ Hop

Une journée en bord de piste, c’est aussi l’occasion d’immortaliser quelques avions de ligne comme ce CRJ-1000 de la compagnie « Hop ! »

146 G-TYPH

L’arrivée du BAe 146-200 G-TYPH a été une bonne surprise puisque cet appareil sert aux déplacements des VIP de BAe Systems.

Le samedi était une répétition générale du meeting à l’intention des militaires de la base et de leurs familles. Après avoir eu le privilège de pouvoir arpenter, au pas de charge cependant, le vaste parking de l’École de Chasse, les « gilets jaunes » ont rejoint le bord de piste. Le vent ayant tourné, la position près de l’ILS 20 s’est avéré bien moins intéressante et la majeure partie des spotters s’est retrouvée sur la pelouse entre le taxi-way et la piste, à la meilleur place !

spotters

Troupeau de gilets fluo jaunes. Les spotters sur le parking de l’EAC.

Typhoon Saoudia

Arrivée d’un Typhoon flambant neuf de l’aviation saoudienne. Tours a été la première étape de son convoyage. Personne ne s’en plaindra.

Alpha DS d

Avant qu’il ne soit ceint de barrières trop proches, l’Apha Jet porteur de la décoration spéciale commémorative a été copieusement mitraillé par les spotters, bien contents de l’aubaine.

Alpha DS g

Après quelques minutes, très aimablement, les équipes de l’EAC ont tourné l’appareil pour que nous puissions photographier son côté gauche bien éclairé. Merci messieurs !

Ces deux jours dévolus aux préparations du meeting ont permis de multiplier les prises de vues et d’assister au spectacle dans les meilleures conditions possibles.

(à suivre)

Ferté-Alais, le temps des hélices 2015

Si ce 43e meeting aérien de la Ferté-Alais n’a pas été le plus brillant de tous, il était quand même constitué d’un menu alléchant et de très bonne tenue, avec quelques jolies nouveautés et sans oublier les bonnes recettes, désormais traditionnelles, sans lesquelles la Ferté ne serait pas la Ferté.

Affiche Ferté 2015Passons rapidement sur les absents – qui ont donc forcément tort – le Catalina et le CAC Boomerang, et on n’oubliera pas de préciser que ce sont des mécaniques précieuses, fragiles et capricieuses et qu’on pourra comprendre qu’à la moindre inquiétude, on bâche un vol, fût-il de convoyage en direction du meeting.

D’ailleurs, si le Ju-52 venu d’Allemagne n’a pas assuré sa moisson de baptême de l’air le samedi et si le Lockheed 12 n’a volé que le dimanche, c’est bien aussi parce qu’ils ont nécessité toute l’attention de leurs équipes techniques. Pour le Ju, c’est surtout dommage pour les passagers qui ne pouvaient pas repousser leur vol.

Mais parlons plutôt des présents. Le soleil était là et bien là, même si le dimanche a été plus couvert que le samedi. Étaient aussi bien là les innombrables haut-parleurs entre le public et la piste et même si on commence à s’y habituer, il ne faudrait pas que cette plantation se densifie encore. D’ailleurs, pourrait-il y avoir une zone « on s’en fout des commentaires » pour que les amateurs qui sont là aussi pour discuter avec leurs amis puissent profiter du spectacle vu qu’en général, ils connaissent aussi le commentaire par coeur ?

Pour le reste, rien à redire. Les pilotes ont assuré le spectacle avec leurs avions comme d’habitude avec quelques nouveautés bien intéressantes.

Bien sûr, la vedette du Meeting a été le Gloster Gladiator venu d’Angleterre qui faisait sa première apparition à Cerny. Il était accompagné de l’inévitable Spitfire venu de Dijon (ne jouons pas les blasés, on ne peut pas se lasser d’un Spit, c’est pas possible !) et du Hurricane très discrètement basé dans le sud de la France par son propriétaire hollandais depuis deux ans et qui faisait sa première apparition publique.

392068GladiatoretSpit

Cette patrouille mixte Gladiator et Spitfire résume à merveille l’évolution technique, et esthétique, des chasseurs anglais de la 2e guerre mondiale.

gladiator

Avion techniquement dépassé au début de la guerre, le Gladiator a connu pourtant le succès aux mains des Finlandais mais aussi des pilotes Anglais à Malte et en Grèce.

Si la démo du Gladiator était sympa, j’ai particulièrement apprécié celle du Hurricane qui, en se contentant de « passages à l’anglaise » ne nous l’a pas joué « champion de voltige » et au final nous a offert d’admirer cet appareil sous des angles flatteurs. C’est simple, épuré et terriblement efficace. Un exemple à suivre ! (*)

Hurricane

Quand un avion anglais fait un passage à l’anglaise le pilote n’est pas forcément un sujet britannique !

Mais le coup de cœur du meeting est à adresser à la compagnie Europe Airpost qui est venue présenter en vol un Boeing 737. Quelle bonne surprise de découvrir que cet avion était paré d’une décoration spéciale de circonstance. Merci et bravo pour le clin d’œil !!!

326137LaFertEuropeAirpost

Europe Airpost aime la Ferté. Bravo pour cette décoration spéciale de circonstance !

737 la poste Deco Spé

La décoration spéciale du Boeing 737 a été très appréciée par le public présent.

Des décorations spéciales, les deux bombardiers d’eau de la Sécurité Civile en portaient aussi. Le « Pélican 32 » est toujours revêtu du schéma de décoration imaginé par Julien Camp pour le cinquantenaire de la base en 2013 et le Tracker T07 est l’avion porteur de la décoration spéciale « 30 ans du secteur Tracker » depuis 2012.

Strike en 4 portes

Comme lors des opérations réelles, le Tracker a procédé à l’attaque initiale…

842765largage2

… et le « Pélican » a terminé le travail. Ces deux appareils sont clairement complémentaires et leur succession ne va pas être simple.

Alors que les CL-415 vont célébrer à Marseille les 20 ans de leur arrivée en France, la démonstration en vol de ces deux appareils n’est pas passée inaperçue. Ce retour en meeting aérien a fait plaisir à tout le monde.

On notera aussi avec plaisir que le nouvel Aviatik des Casques de Cuir a volé, ainsi que le Bristol Fighter de Memorial Flight et le Caudron G3 de l’AJBS. Samedi, après le meeting, c’est le Sopwith Strutter qui a fait une sortie. Des machines rares, il y en avait donc quelques unes !

710789CaudronGG3

Le Caudron G3 de l’Amicale n’avait plus été vu au meeting depuis quelques années. Un retour qu’il fallait saluer.

Strutter

Le Sopwith Strutter de Memorial Flight a volé en toute fin de meeting. Quand on vous dit qu’il ne faut pas se précipiter sur la route dès la fin du show…

Ajoutons que la Marine a encore ouvert le bal avec deux Rafale accompagnés des uniques MS760 Paris et Breguet Alizé, première apparition dans l’Essonne pour ce dernier, que la démo combinée des deux Hawker, Sea Fury et Hunter est toujours aussi enthousiasmante, que, décidément, un DC-3 et deux Beech 18 rutilants, c’est splendide sous tous les angles.

801930BoxMarin2

La présence de la Marine était assurée par deux Rafale (dont le n°10, premier Rafale standard F1 passé en F3 après un chantier de trois ans) et deux Warbirds uniques, le Breguet Alizé et le MS Paris.

DC3 B18

Quoi de mieux pour évoquer l’aviation civile de la fin des années 30 que deux Beech accompagnant un DC-3. Trois avions rutilants, magnifiques, aussi beaux à regarder qu’agréables à écouter.

Reste le cas du Rafale solo display. Si la démo de « Tao » est toujours aussi propre et efficace, la décoration du « Monster Tiger » vert fait débat. Personnellement, c’est une déco qui m’a donné soif. Mais Perrier ou Heineken, je n’ai pas réussi à choisir.

262888RafaleHeineken

Si la décoration du Rafale Solo Display 2015, hérité du récent Tiger Meet peut faire débat, le pilotage de « Tao » ne souffre, quant à lui, d’aucune critique.

Autre temps fort, la voltige aérienne du Bo105 de l’écurie du taureau rouge, absolument stupéfiante de maîtrise. Il est assez inhabituel de photographier un hélicoptère ainsi.

674654downunder

Démonstration de voltige époustouflante avec un Bo105. Spectaculaire.

Il y avait encore bien des avions à voir voler puisque le commentateur, Bernard Chabbert, a annoncé que pour le samedi, c’est environ 140 avions qui ont volé dans l’après-midi pour le seul plaisir des spectateurs… et de leurs pilotes. Avec une météo presque idéale, sauf en fin d’après-midi où les nuages ont été un petit peu trop denses, un plateau finalement assez relevé, la foule ne s’y est pas trompée et un record d’affluence a été établi.

Rendez-vous en 2016 !

 

(*) : le Hurricane a été malheureusement endommagé au retour du meeting à la suite d’une sortie de piste à Dijon-Darois le dimanche soir. Les photos montrent des dégâts à l’hélice et au train d’atterrissage. Espérons que ce ne soit pas trop grave et que l’appareil revole bientôt, on a hâte de le revoir dans son élément.