Enghien-Moisselles, aérodrome parisien atypique

Depuis plusieurs mois, pour des raisons un peu longues à expliquer, je fréquente régulièrement le très agréable aérodrome d’Enghien-Moisselles (LFFE), au nord-ouest de Roissy. Plutôt que de faire un compte-rendu de la fête aérienne qui s’y est déroulé le weekend des 14 et 15 septembre dernier, voici une présentation de cet aérodrome si particulier et des machines, plus sympathiques les unes que les autres, que l’ont peut y voir.

Avions privés et de club se partagent le parking de LFFE.

L’aérodrome a été créé dans les années 30 à l’initiative de la ville d’Enghien-les-Bains qui reste propriétaire du terrain, ce qui explique le nom de la plateforme alors que les deux villes ne sont absolument pas limitrophes, situées à une dizaine de km l’une de l’autre.

Après avoir été une des plateformes les plus actives de la région parisienne, l’ouverture de Roissy en 1974 et l’instauration d’une CTR, une zone contrôlée destinée à protéger les approches des avions de ligne, a limité l’accès aux pistes aux seuls avions basés. Un « chenal » obligatoire permet aux aéronefs au départ et à l’arrivée de LFFE de sortir de la CTR.

Une improbable patrouille qui illustre bien la proximité des avions de ligne au départ de Roissy qui survolent le terrain notamment lors des décollage en direction du nord-ouest.

Dans cette enclave, le plafond autorisé n’est que de 1500 ft ce qui limite les possibilités d’activités, en particulier lors des fêtes aériennes puisque le terrain se trouve lui-même autour de 330 ft.

L’aérodrome est géré par l’Aéroclub les « Ailerons ». La piste, en herbe et en bosses, mesure 740 mètres de long. Elle a un profil particulier. Elle monte fortement au début de la 07, en raison notamment d’un gros fossé qui génère, par vent d’est, de bons rouleaux. La pente s’atténue ensuite. On peut parler ici d’un champ d’aviation. De l’avis de nombreux pilotes, quand on a appris à se poser à Moisselles, on trouve beaucoup de pistes très faciles par ailleurs !

Jusqu’en 2017, la piste 16-34, qui ne faisait que 570 mètres, apparaissait encore sur les cartes officielles mais elle n’était plus utilisée depuis un moment. A l’ancien seuil 34, les aéromodélistes disposent désormais de deux pistes dédiées pour leurs activités. Les pompes a essence délivrent de l’AvGas 100LL et de l’UL 91 pour les moteurs Rotax des PS-28 et des ULM.

L’aérodrome de Moiselles en 2018. La vue satellite ne permet pas de distinguer le profil particulier de la 07-25. Les deux pistes d’aéromodélisme se trouvent à l’emplacement de l’ancienne piste.

Environ 250 pilotes et élèves pilotes, une dizaine sont brevetés chaque année, effectuent une moyenne annuelle de 2500 heures de vol. Une trentaine de collégiens travaillent avec les formateurs bénévoles pour décrocher leur Brevet d’Initiation à l’Aéronautique (BIA).

En courte finale 07 à bord d’un Cessna 152 en mai 2018.

Une dizaine d’instructeurs, dont un salarié à plein temps, officient sur les avions école du club, deux PS-28 et trois Cessna 152. Les trois Cessna 172 et le Da40 ont clairement une vocation voyage. Le Piel CP 320 Super-Emeraude permet de faire des voyages avec un petit côté rétro et fun très apprécié des amateurs !  Le club dispose de son propre atelier de maintenance.

Le Sierra-Zoulou, un Piel Super-Emeraude, construit à Moisselles dans les années 80 et revenu au bercail en 2014 après avoir fait le bonheur de l’aéroclub de Quiberon pendant des années. Il en faudrait un deuxième !!

La planche de bord du Sierra-Zoulou. La navigation se fait grâce à l’écran du Dynon et… à un Ipad qui dispose de son emplacement dédié. Trois reproches néanmoins : le siège est un peu haut pour un pilote d’un mètre 85, le trim est positionné un peu trop en arrière entre les sièges et le positionnement de la manette de sélection des réservoirs gagnerait à être plus clair. Mais en dehors de ces quelques points cet avion est une merveille et un bonheur à piloter !

L’histoire de Moisselles se confond aussi avec celle des avions de Claude Piel. Le génial concepteur de l’Émeraude et de ses dérivés, du Béryl au Cap 10, du Saphir ou du Diamant, fait voler ici en 1948 son tout premier avion, le CP 10, un « pou du ciel » qu’il a conçu et construit. Il devient plus tard salarié de la Scintex, qui construit en série des Emeraude et dont le PDG, M. Vernhes, est aussi président des Ailerons de 1949 à 1971.

Aujourd’hui son fils prolonge la saga depuis les hangars de Moisselles. Le premier Béryl, qui fut l’avion familial avec lequel ses parents ont sillonné la France et qui est resté dans la famille, est basé ici.

Le tout premier CP-70 Béryl, l’aile de l’Emeraude avec un fuselage biplace en tandem, l’avion personnel de Claude Piel et qui est resté dans la famille. Quelle allure !!

Bien d’autres Piel fréquentent donc la 07-25 de LFFE et ce n’est pas terminé puisque les membres du RSA, qui disposent d’un hangar-atelier dédié à leurs activités, continuent à construire des Piel, le prochain à voler devant être un ULM CP 150 Onyx d’ici quelques mois.

Le F-BJVB est un Emeraude construit par la Scintex dont Claude Piel était salarié et le PDG président des « Ailerons ». Avion privé, il demeure basé à Moisselles.

Un Super-Emeraude construit à Pont-sur-Yonne et désormais basé à Moisselles. Notez son train d’atterrissage d’avion de voltige !

Mais le chef d’œuvre est ce CP 1322 Saphir, construit par son pilote après un chantier de plus de 8 ans et qui a été amélioré par un train d’atterrissage rentrant et une hélice à pas variable. Avec ses 200 ch, il file à plus de 250 km/h en croisière et ceux qui l’ont approché ne peuvent que louer la qualité de la finition de cet appareil. Les quelques pilotes qui ont eu la chance de pouvoir l’essayer ont également loué l’homogénéité de ses commandes de vol, parfaitement équilibrées, ce qui a sans doute exigé un immense travail.

Le Saphir F-PNAR est un avion unique, sans équivalent.

Pour le plaisir, son pilote-constructeur, l’a même équipé d’un fumigène. Néanmoins, il s’agit d’une machine taillée pour le voyage.

Le dynamisme de la section RSA qui existe sur la plateforme explique notamment ces nombreux appareils et tout le monde se félicite de pouvoir disposer de la compétence et du talent de ces constructeurs amateurs qui, pour la plupart, volent également aux Ailerons. La maintenance du Super-Émeraude Sierra-Zoulou est assurée en partie par les membres du RSA, les mêmes qui l’ont remis en état de vol au printemps dernier. Que grâce leur soit rendue !

D’autres appareils complètent l’arsenal présent sur l’aérodrome, dont voici quelques exemples intéressants.

Le F-PUIL, un Jodel D.140, ici avec ses skis à l’occasion de la fête aérienne 2019, est parfaitement adapté à la piste courte et bosselée du terrain !

Grand classique de l’aviation française, ce TB-20 Trinidad, appareil de voyage très performant, s’accommode pourtant très bien de la très courte piste de LFFE, gènes de Rallye obligent.

Un Cessna 182. Il est équipé d’un Garmin G1000 et son pilote aime énormément voyager. Ça tombe bien, c’est là où le Skylane donne son meilleur.

Quelques ULM sont présents et cette activité pourrait se développer. Un des aéronefs les plus singuliers de Moisselles est cet autogire dont l’équipage propose au public des vols de découverte au-dessus de la région. Une façon de voler, la tête à l’air libre juste délicieuse !

Toute l’équipe de 09-27.fr profite d’un bon moment en place arrière de l’autogire de Girofly ! (Photo : Franck Mée)

Manœuvrant, démonstratif et facile à piloter, l’autogire est en train de faire un retour en force chez les ULMistes.

Les avions de collection ne sont pas en reste. Bien sûr, la piste est trop courte pour accueillir certains warbirds mais le patrimoine aéronautique n’est pas constitué que d’avions lourds et imposants. Les avions légers, anciens voire très anciens constituent d’excellents exemples préservés d’une certaine vision de l’aviation légère d’autrefois et méritent donc le soin que leurs propriétaires leur apportent.

Récemment sorti de restauration, le F-POOO est un NC954S dont le tout premier pilote fut le célèbre Henri Giraud spécialiste du vol en montagne et qui posa son Super-Cub au sommet du Mont-Blanc en juin 1960.

Avions légers aujourd’hui un peu oubliée, les NC n’en sont pas moins de vrais avions de collection finalement assez abordables.

Un très rare Leopoldoff a également trouvé refuge à Moisselles. Il est entre de très bonnes mains !

Les hangars de Moisselles hébergent également un Stampe (F-BMMH) et un Piper L-4 Cub. Ce dernier a été acquis par son propriétaire avant même que celui-ci n’obtienne son brevet de pilote… c’était il y a plus de quarante ans et ils continuent depuis à voler ensemble. Encore une belle histoire !

Le F-BMMH, basé à LFFE et vu ici lors d’un rassemblement de Stampe à Pithiviers en 2013.

La proximité de Roissy constitue à la fois une gêne et une chance pour les opérations à Moisselles. En étant d’usage restreint et avec un trafic limité les problèmes avec les riverains de l’aérodrome sont peu nombreux. Plus étonnant encore,  beaucoup d’habitants du secteur ignorent même qu’il y a un aérodrome là. Ce phénomène pourrait se renforcer avec l’arrivée de nouveaux avions équipés de moteurs Rotax, comme les PS-28 du club, beaucoup plus discrets que les Cessna par exemple.

L’autre intérêt, mineur néanmoins, de l’endroit est d’être parfaitement placé pour admirer les approches des avions de ligne au départ ou à l’arrivée de l’aéroport international et de pouvoir les photographier (avec le matériel adapté !) sans même disposer de la fameuse autorisation préfectorale obligatoire pour les spotters.

Le Boeing 747-8 de l’Emir du Qatar photographié depuis LFFE en septembre 2019. Très longue focale obligatoire quand même !

Un MD-11 cargo sort ses trains à environ 5 nautiques de son arrivée à Paris alors que le soleil se couche.

Mais il existe bien d’autres raisons qui font de cet aérodrome un endroit attachant ; certaines sont tout à fait dénuées d’objectivité… Une question de rencontres, de personnes et de moments aussi sympathiques qu’inoubliables.

Le parking en pente, le taxiway et la 07-25 si particulière de LFFE. Notez l’Extra 200 venu en ami depuis Persan-Beaumont pour la fête aérienne.

On y croise des aviateurs de tous horizons et, c’est sans doute ce qui explique une bonne part de son dynamisme, de nombreux jeunes inventifs et volontaires !

La proximité des avions fait de Moisselles un endroit où les vocations peuvent naître tôt !

Bien sûr, aucune association n’est un monde parfait mais Moisselles, avec sa structure particulière et surtout les nombreuses interactions entre les entités qui partagent ses installations possède de quoi affronter l’avenir la tête haute, susciter des vocations et participer à continuer de faire du rêve de voler une réalité.

Un des Cessna 152 des « Ailerons » en vol non loin de l’aérodrome un soir d’hiver.

Meeting aérien à Sarlat

Aller à un meeting en avion, c’est toujours un plaisir. Ça ne m’est arrivé qu’assez rarement finalement. La première fois, c’était à Lens en 2007, depuis Chavenay. Une expérience particulièrement agréable et inoubliable. Bien sûr, il y avait le meeting de Mainfonds ce weekend, raison pour laquelle la plateforme d’Angoulême était si active le samedi pour sa journée portes-ouvertes, mais c’est un peu plus au sud-est que nous avions repéré une manifestation qui avait un programme tout à fait sympathique.

Sarlat-Domme, sa tour de contrôle, son club house, ses sandwiches au canard et ses avions… jaunes !

On me parle de Sarlat depuis un moment, sans doute parce que c’est là qu’un bon copain a été formé au pilotage, lui qui passe beaucoup de son temps en place arrière d’un Mirage 2000D depuis presque deux décennies. Sarlat, ses paysages sublimes et son intérêt gastronomique, voilà une destination qui mérite qu’on s’y attarde donc. Et d’Angoulême, c’est à tout juste trois heures de route… Mais une heure en avion  !

Tous les meetings aériens ne peuvent accueillir les visiteurs en avions, certains par manque de place sur les parkings, d’autres parce que la plateforme est particulière et nécessite une solide expérience ou une qualification spécifique pour s’y poser, certains, comme la Ferté-Alais, cumulent les deux. D’autres font aussi le choix de ne pas recevoir de visiteurs en avions pour se simplifier la tâche, mais c’est un peu dommage. A Sarlat ? Rien de tout ceci même si l’aérodrome, posé sur un plateau, est une plateforme particulière. Sur les notam, un préavis d’une heure seulement était réclamé pour demander l’autorisation de se poser avant le meeting. Plus cool que ça, pas possible.

Passage à la pompe avant le décollage. 30 litres d’essence dans l’aile gauche s’il vous plaît !

La météo s’annonçait parfaite, c’est vers 10h que nous avons décollé d’Angoulême. Franck et moi avions jeté notre dévolu sur le MCR4S, un avion léger, économique sur lequel je n’avais pas encore volé. Nous étions suivis par Vincent et sa famille qui avaient réservé l’Océanair. L’AC d’Angoulême arrivait en force et avec ses avions les plus originaux ! Nous avions donc décollé en premier, pensant que le TC-160 nous rattraperait. C’est le contrôleur du SIV de Limoges qui nous a bien fait rire après notre premier contact : « Fox Victor Mike, trafic devant vous, un nautique, 300 pieds bas, un MCR et… Non, en fait il est plus rapide que vous, vous le rattraperez pas. » Grands sourires à bord du MCR Delta-Uniforme !

Nous ne faisons cependant pas la course mais mon pilote s’était mis en tête de repérer quelques pistes ULM entre Angoulême, Périgueux et Sarlat, histoire de se préparer à un prochain rallye aérien sans doute ! Nous en avions repéré 3 sur la carte, nous en avons bien photographié 3 ! Impeccable. Certaines, par leurs configurations, mériteraient d’être un jour fréquentées !

La piste ULM, elle est là ! Où ça ? Ben là ! Et effectivement, une piste figure sur cette photo, saurez-vous la retrouver ?

A l’arrivée à Sarlat, nous avons vite rejoint le parking visiteur le long du taxi-way. Nous nous sommes garés à côté d’un splendide Bonanza, un peu comme on gare sa vieille Clio à côté d’un Cayenne !

En finale à Sarlat avec à droite les fameuses antennes d’écoute de la DGSE.

Récupération des badges « zone réservée » puis nous voilà tous les cinq en train de remonter à pieds le statique lorsque j’ai eu mon premier coup de cœur du jour avec ce splendide Rallye remorqueur… à train classique ! My Godness que c’est mignon !!!

Pendant des années, les Rallye furent parmi les avions légers les plus populaires, mais ils deviennent de plus en plus rare. En trouver un à trains classiques n’en est que plus intéressant !

Le plateau n’avait rien d’extrêmement rare. MS 733, Broussard, avions de voltige et une poignée de Warbirds, mais l’orientation du site et son organisation a rendu ce moment fort agréable. A Sarlat, les hangars disposent d’un auvent sous lequel nous avons pu assister aux démonstrations en vol, assis sur un banc, à l’ombre et au frais puisque nous étions à proximité immédiate du brumisateur… On a connu des épreuves plus difficiles en bord de pistes !

Le show a démarré en début d’après-midi par un largage de parachutistes, les avions ont ensuite enchaîné leurs démonstrations en vol sans trop de temps mort. Le commentateur, membre du club, bien qu’ayant une diction pas toujours agréable et une tendance à se répéter assez distrayante a mis tout le monde dans sa poche en demandant quelques secondes de silence à la mémoire du pilote du Tracker décédé en mission l’avant-veille et en y associant ceux qui sont tombés en combattant des flammes ou d’autres ennemis tout aussi redoutables comme les deux commandos tués en Afrique il y a quelques semaines. C’était exactement ce qu’il fallait faire !

Le Jungmann est réputé voler aussi bien qu’il est beau. Celui-ci doit voler très très bien alors !

Démo combinée de deux DR400 du club, un splendide Bücker Jungmann, un T-6, un Fouga Magister et quelques avions de voltige, dont un de construction amateur, ont régalé le public. Mais c’est un duo qui a particulièrement retenu notre attention. Non, je ne parle pas des deux  Falco qui ont aussi effectué un vol splendide – en même temps, deux machines splendides volant de concert, peut-il en être autrement ?

Je parle d’un étonnant duo père-fils sympathique et talentueux. Venu de la région de Dijon avec son Cap 20, un avion qui a volé autrefois avec l’EVAA et dont il porte encore les couleurs, Christian, le père, a effectué une jolie démo de voltige classique. Il effectuait là un de ses premiers meetings en compagnie de son fils, Victor, qui, lui arrivait de Salon de Provence avec un Extra 330SC de l’EVAA puisque membre de cette prestigieuse et multi-récompensée équipe. Et c’est aussi à lui qu’est revenu le redoutable privilège de clore le meeting sous les yeux de son papa !

Christian Lalloué à l’issue de sa démo. Il vole à bord d’un Cap 20 qui a appartenu à l’EVAA, unité à laquelle appartient aujourd’hui son fils Victor… Bon sang ne saurait mentir !

L’EVAA était venu avec deux pilotes. Le Lt Oddon avait effectué une première voltige en milieu de programme et tout le monde avait salué avec l’enthousiasme de bon aloi qu’il méritait, le splendide smiley qu’il a dessiné en plein ciel au-dessus de l’aérodrome.

L’Extra 330 a permis à l’EVAA de retrouver sa place : sur la plus haute marche du podium !

Vint donc le tour du capitaine Victor Lalloué qui nous a présenté son programme libre-intégral. Après quelques minutes de manœuvres – dont certaines en inversé et je ne veux pas savoir combien de G négatif il a encaissé, j’en avais mal pour lui (je déteste les G négatifs !) – intenses, précises et bien rythmée, était-ce prémédité ou pas, un petit Gabin qui ne devait pas avoir plus de 5 ans est venu demander au speaker de pousser Victor à faire aussi un Smiley… Comme pour la PAF, les pilotes de l’EVAA interviennent au cours de leur démo sur la sono du meeting (1) pour saluer les spectateurs, c’est toujours un moment convivial d’entendre le pilote alors qu’il en bave pour tenir son avion à peu près calme le temps de parler quelques secondes.

Le speaker a donc basculé la radio sur la sono et a demandé à Victor de faire aussi un smiley ! Alors qu’on s’attendait tous à ce qu’il accepte mais coupe la communication, Victor a donc effectué le smiley mais en le commentant en direct. Afin de pouvoir continuer à parler et de bien expliquer ce qu’il faisait, il l’a fait large si bien qu’il a été un peu difficile à photographier. Le peu de vent présent l’a aussi un peu balayé en cours de finition,  peu importe. Je ne sais pas si ça fait partie du programme « officiel » de l’EVAA mais une chose est certaine… c’est absolument à refaire. Outre le fait que je ne m’étais pas éclaté autant devant une figure de voltige depuis un bon moment, la dernière chose que les spectateurs ont vu dans le ciel avant de s’en aller, c’est un bonhomme en fumigène qui souriait et un pilote en train d’expliquer en direct comment on le fait !

Un smiley en plein ciel. Un bon résumé de ce meeting ! (Photo : Franck Mée)

Qu’est-il possible d’ajouter à ça ?

Le MCR Delta-Uniforme au décollage de Sarlat. L’équipage reste concentré ! (Photo : Aurélie LH)

Il était désormais temps de reprendre le MCR et de rentrer vers Angoulême. La météo n’ayant pas bougé, le vol fut aussi superbe qu’à l’aller. Nous avons laissé l’Océanair nous rejoindre histoire de faire quelques photos air-air, à bonne distance néanmoins, avant de se poser et de ranger les avions.

Ceci n’est pas un DR400 !

Le lendemain, nous avions prévu de rejoindre Vannes-Meucon toujours avec le MCR, mais un gros front sur Nantes nous en a empêché. Dans la Clio de location, sous la pluie et les nuages bas, nous avons donc expérimenté le sentiment agréable d’être au sol sans regretter d’être en vol…

C’était un weekend qui avait débuté avec une nouvelle affreuse mais la vie continue !

 

 

(1) pour avoir assisté à la démo de la PAF à Biscarrosse en 2018 depuis le point central, à côté du reste de l’équipe de la patrouille et en écoutant les conversations radio sur leur retour audio, je peux confirmer que ça donne une dimension vivante à la démo et que ça se passe même… de commentaire !

Journée portes-ouvertes à Angoulême

Comment mieux commencer une semaine de vacances que par une journée porte-ouverte d’un bel aérodrome, deux heures de vol et un meeting aérien ? Évidemment, personne n’avait prévu qu’au moment où mon train arrivait à Angoulême, un message allait un peu gâcher la fête : « Fred, T22 s’est crashé ». Passé la stupéfaction et la tristesse, et même si Franck Chesneau est toujours un petit peu présent autour de nous pour un long moment, il n’y a avait qu’une chose à faire : continuer !

Une patrouille « Airbus Flight Academy » en Cirrus et Diamond !

Samedi,  la très belle plateforme d’Angoulême ouvrait ses portes au public, profitant d’une activité un peu plus variée qu’à l’accoutumée puisqu’une partie des avions présents au meeting aérien de Mainfonds était basée ici et que ce jour-là, ils allaient et venaient pour s’entraîner et valider leurs démonstrations.

La Patrouille Breitling perdant son sponsor à la fin de la saison, son avenir est désormais incertain. Profitons donc de ses derniers meetings pour apprécier la maîtrise de ses pilotes.

Ainsi, les Angoumoisiens, venus en nombre, purent admirer les L-39 de la Patrouille Breitling, les adorables et typiquement britanniques montures du Bulldog Team, un Broussard venu de Limoges, un Cessna 337 déguisé habilement en O-2 de l’aviation du Sud-Vietnam, un SF-260 aux couleurs africaines, le Stearman « Girlie » qui nous avait enchanté à la Ferté il y a deux ans ainsi qu’un Extra de l’EVAA, un T-6 ou un Morane-Saulnier.

Angoulême est aussi utilisé par Airbus pour une école de pilotage et la société CATS entretient dans un hangar les Grob, Cirrus et autres Mousquetaire de l’Armée de l’Air. Héli Union dispose aussi d’une importante base. Ces entités ont joué le jeu et ont ouvert en grand leurs portes, ainsi que leurs simulateurs de vol. Il était même possible de monter à la vigie de la tour de contrôle. Oui, toutes les portes étaient bien ouvertes !

Moment de calme relatif dans la vigie d’Angoulême.

L’Aéroclub d’Angoulême en a profité pour promouvoir sa flotte variée et superbement entretenue ; ses Cessna 150, 152 et 172, son PA-28, mais aussi son Océanair TC-160 et son MCR4S. L’association dispose d’une section ULM avec un Guépard et un Zenair et cohabite parfaitement avec les vélivoles du hangar d’à côté. En partenariat avec le lycée local, la section Brevet d’Initiation à l’Aéronautique (BIA) y est très active et efficace avec une trentaine de diplômés chaque année. L’organisation y est très incitative avec trois vols de 20 minutes organisés en cours de formation : « chacun avec un petit programme pour que les enfants aient quelque chose à penser (tour de piste et trois axes, pente et puissance, navigation autour de la ville). » nous explique Franck Mée, membre du club depuis un peu plus d’un an et formateur BIA.

Pendant la JPO, les vols se poursuivaient normalement. Décollage d’un Cessna 150 du club pour un vol d’instruction.

« Normalement, chaque minot arrive à l’examen en ayant fait deux vols à l’arrière et un en place droite. » Une fois le BIA obtenu, ce qui représente une très large majorité des cas même si l’examen est sélectif, un vol « récompense » en direction de la côte Atlantique est organisé : « pour ceux qui ont eu le BIA : deux heures, trois branches. Cette année, c’était Lesparre et Royan, pour qu’ils voient une piste en herbe et une autre en dur. » Très étrangement les diplômés du BIA sont très nombreux à intégrer ensuite l’Aéroclub et une carrière professionnelle dans l’aéronautique… il n’y a pas de hasard !

Le club incite largement ses membres à voyager et cette politique semble porter ses fruits. Le Président s’est félicité de voir que le nombre d’heures de vol était en hausse constante et régulière et que si la tendance se maintient, 2019 pourrait se terminer avec le record des 20 dernières années. Un équipage s’est également distingué en obtenant une très belle deuxième place à l’Air Navigation Race (une évolution du rallye aérien) de Chalais en mai dernier, une performance notable pour un équipage à moitié novice !

Le rare Oceanair du club. Une cellule de DR400 avec des ailes sans le diedre « Jodel ». De l’avis des pilotes qui connaissent les deux types, le comportement en vol est absolument le même.

Pendant toute la journée, les pilotes ont ouvert les portes de trois de leurs avions (un Cessna 150, un 152 et le MCR) pour expliquer à tous les enfants de passage ce qu’est un cockpit et plus d’un a dû rêver de pilotage cette nuit-là. C’était aussi l’occasion de vendre quelque vols d’initiations et d’inscrire de nouveaux membres.

Cette journée s’est déroulée sous une météo parfaite et même les pompiers de l’aérodrome en ont aussi profité pour montrer leurs véhicules. En fin de journée, un planeur a cependant fait une sortie de piste à l’atterrissage, ils ont donc dû décaler. Bilan, un planeur endommagé et quelques égratignures pour le pilote.

La plateforme d’Angoulême est moderne, bien équipée et active. Proche de la ville, elle est assez isolée, cependant, pour que les relations avec les riverains soient bonnes.

Toute l’après-midi, je regardais d’un œil torve les gamins qui tripatouillaient le MCR… C’est qu’on en avait besoin le lendemain…

(A suivre)