« C’était bien les avions, hein maman ?! »

Les démonstrations en vol devant les plages du Mourillon à Toulon le 14 août 2016.

Depuis le 14 juillet dernier et l’attentat de Nice, beaucoup de manifestations publiques ont été annulées en France pour des raisons de sécurité. Le 15 août, la Patrouille de France devait se produire à Marseille, devant la plage du Prado, comme tous les ans, mais la municipalité, inquiète des dispositifs désormais rendus nécessaires et indispensables pour sécuriser la zone où un public très nombreux était attendu, a préféré annoncer, au début du mois, qu’elle renonçait à l’évènement.

PAF Faron

La veille, les avions ont effectué une reconnaissance des axes de la démonstration. Assister à un vol de la Patrouille de France depuis le Mont Faron était un moment vraiment étonnant ; La croix est située au bien nommé « Point-Sublime ».

Le 14 août, la célèbre formation de l’armée de l’Air était attendue à quelques kilomètres plus à l’Est, en face des plages du Mourillon à Toulon. Là, la municipalité a fait le choix éminemment courageux de maintenir les démonstrations en vol en ne transigeant pas sur les dispositifs de sécurité. Les rues amenant à la plage avaient été rendues piétonnes et bloquées par de lourds blocs de béton. Les forces de l’ordre étaient nombreuses et lourdement armées ; L’accès à la plage n’était possible qu’après être passé à la fouille et il faut bien noter que celle-ci était particulièrement sérieuse contrairement à ce qu’il est souvent pratiqué par ailleurs. Il ne restait ensuite qu’à bien se placer et profiter du spectacle.

Du spectacle, il y en a eu, et servi par une météo tout à fait varoise !

En attendant les avions, il était possible de passer un bon moment regarder évoluer les vedettes de la gendarmerie maritime, des affaires maritimes, des pompiers ou de la police municipale sécuriser une large bande de mer, et ce, non pas pour lutter contre le terrorisme, mais bien pour laisser la place libre pour les démonstrations ; il y était même  interdit de nager !

Affaires maritimes

La vedette des affaires maritimes contrôle un voilier navigant trop près de la zone d’exclusion.

Gendarmerie et Affaires maritimes

En attendant ceux des Alpha Jet de la Patrouille de France, un joli croisement des vedettes de la Gendarmerie Maritime et des Affaires Maritimes.

Toute l’après-midi, les deux animateurs du car podium de l’armée de l’Air ont fait « le métier » en posant de très nombreuses questions, dont certaines particulièrement difficiles, même pour ceux qui étaient connectés avec leurs téléphones, comme « qui était le premier chef d’état major de l’armée de l’Air » (1) oui « qui était l’as qui a formé Guynemer au pilotage » (2) ou « quel fut le premier jet équipant la Patrouille de France » (3). Autant dire que les BD, T-Shirt, casquettes à gagner étaient largement méritées. Les nombreuses questions posées, pas toujours aussi difficiles que celles-ci étaient à la fois pertinentes, variées et souvent intéressantes et, il faut le noter, jamais hors sujet dans le cadre d’un meeting aérien.

Dauphin brancard

Transfert du brancard entre le Panther et la vedette de la SNSM.

A 17h30 précise, la première démonstration a mis en scène un Panther de la Marine Nationale et la vedette de la SNSM normalement basée à Saint-Mandrier pour une manœuvre combinée représentative des missions de sauvetage effectuées par ces deux acteurs majeurs de la sécurité en mer.

Dauphin SNSM 1

Récupération du plongeur qui avait été déposé sur la vedette pour assurer la sécurité des manœuvres de transfert depuis le navire.

Ensuite, le Falcon 50M de la Flottille 24F en détachement sur la BAN d’Hyères est venu effectuer quelques passages pour nous montrer ses lignes inégalées et illustrer ses missions de surveillance maritime et de secours en mer.

Falcon 50 élément

Le Falcon 50M dans son nouvel élément, au raz des flots.

Falcon 50M 34

Avions d’affaires d’une redoutable élégance – et un pur bonheur à piloter – le Falcon 50 est devenu sur le tard un avion de surveillance maritime bien équipé et performant.

La suite fut plus sportive.

Honneur aux dames puisque toute auréolée d’un titre de Championne du Monde de voltige aérienne obtenu en août 2015, Aude Lemordant a gratifié la foule nombreuse d’une exhibition en libre intégral rythmée et efficace à bord de son Extra 330SC.

Aude Lemordant Breitling

Jeune championne du monde de voltige, Aude Lemordant a fait l’étalage de son talent d’aviatrice devant une foule conquise.

Désormais en charge du Rafale Solo Display « Marty » a ensuite embrayé avec une présentation désormais classique mais puissante.

RSD Verticale

Attitude classique du Rafale en pleine démo, le nez planté dans le ciel, la PC à fond !

Alors que lors des saisons précédentes, le Rafale Solo Display a pu bénéficier d’avions porteurs de décorations spéciales et souvent spectaculaires même si certaines ont longtemps fait débat comme le Green Tiger de 2015, l’avion monoplace utilisé désormais est plus anonyme.

La gestion du parc des escadrons de Saint-Dizier doit en être simplifié puisque les unités de l’armée de l’Air participent à de nombreuses et lointaines missions opérationnelles, bien plus prioritaires que le RSD évidemment, mais le spectacle en est forcément un petit peu diminué.

Pour sa première apparition au-dessus des plages toulonnaise, « Marty » et son avion ont impressionné la foule par leurs manœuvres habiles

Rafale RSD Paquebot

Le Rafale de « Marty » effectue un large virage, rapide et à très haut facteur de charge, tandis qu’un paquebot quitte la rade de Toulon en direction du sud-est.

Bien évidemment, pour clore cette heure et demie d’exhibitions aérienne, rien de mieux que la Patrouille de France. Depuis quelques saisons, la démonstration a bien évoluée avec deux parties distinctes. Un « ruban » où elle évolue à 8 avions avec de jolis et discrets changements de formation, une évolution calme, précise et élégante, très technique et très exigeante en termes de pilotage.

PAF fort

La PAF débute sa démonstration en survolant la ville et le fort Saint-Louis

Et une seconde partie, la « synchro » où les appareils évoluent par groupe de 2 ou 4 et qui se croisent ou font des passages devant le public à un rythme vraiment soutenu ce qui ne laisse que peu de répit aux spectateurs. Cette façon de faire a véritablement donné un nouveau souffle aux démonstrations de la Patrouille.

PAF sur le dos

Alpha Jet en vol dos, une attitude normale pour un solo en fait !

PAF Double croisement

Les croisements se font désormais en groupe de deux ou de quatre, et ils sont de plus en plus spectaculaires.

PAF Port

Poursuite en très basse altitude au-dessus de la Rade.

PAF Mourillon Apache roll

Le double « Apache Roll » prend un relief tout à fait extraordinaire au-dessus de la rade.

PAF Paquebot

A l’issue de l’éclatement final, les Alpha Jet s’éloignent pour ensuite rejoindre la base d’Hyères et survolent les nombreux bateaux tenus à bonne distances par plusieurs vedettes des différents organismes en charge du domaine maritime.

Même si les démonstrations sont essentiellement à contre-jour, il était possible de bien profiter du spectacle et à l’heure où la menace se fait pressante, il est bon de pouvoir encore assister à ce genre d’exhibition incroyable et libre d’accès. Les mesures de protection du site n’étaient pas qu’une simple agitation sécuritaire même si toutes les menaces ne pouvaient être véritablement contrées, mais tout s’est bien passé, tout comme le feu d’artifice offert le lendemain soir, et c’est bien là l’essentiel.

Et quoi de mieux, en cet été 2016, que quitter une plage en entendant un gamin d’environ 6 ans déclarer, des étoiles plein les yeux : « c’était bien les avions, hein maman ?! »

(1) Je n’ai pas entendu la réponse mais l’armée de l’Air étant née le 2 juillet 1934, c’est le Général de division aérienne Joseph Barès qui tenait alors ce poste.

(2) Jules Védrines. « Julot » n’était sans doute pas un « as » au sens original du mot et des 5 victoires aériennes requises pour le porter. Paul Tarascon aurait été une meilleure, et plus juste, réponse.

(3) F-84G. C’est cet avion que la patrouille de démonstration de la 3e Escadre de Reims utilisait le 17 mai 1953 au meeting d’Alger, le jour où le commentateur, Jacques Noetinger la baptisa de « Patrouille de France » au micro.

Le défilé aérien du 14 juillet 2016

Cette année encore, le défilé aérien du 14 juillet s’est déroulé au-dessus de Paris sous une légère couverture nuageuse. Cependant, après le passage des avions, le voile s’est levé pour offrir enfin l’été à ceux qui l’attendaient depuis des semaines, ce qui a bien profité aux voilures tournantes.

Bien que l’exercice soit annuel, il fait l’objet d’une préparation extrêmement sérieuse et précise qui se concrétise par une répétition générale au-dessus de la base de Châteaudun dans l’Eure-et-Loir et par plusieurs reconnaissances aériennes sur le site, en hélico dans un premier temps avant que les leaders de chaque box, accompagnés ou non de leurs ailiers ne le refasse avec leurs appareils habituels.

Carte aéronautique de la région parisienne du SUP AIP 146/16. (DGAC/DSNA/SIA)

L’ensemble de ces opérations fait l’objet de modifications temporaires de l’espace aérien de la région parisienne, lesquelles impactent fortement l’activité des plateformes aéronautiques de l’ouest d’Évreux à Château-Thierry et de Beauvais à Étampes avec la création de zones réglementées et d’une zone interdite temporaires du 8 au 14 juillet.

Quoi qu’il en soit, le défilé s’est parfaitement déroulé. Sans vraiment présenter de révolution majeure, quelques points de détail concernant les avions présents méritent qu’on s’y attarde un peu.

Comme il est de coutume, le défilé a été ouvert par la Patrouille de France évoluant dans une formation hommage à la Tour Eiffel, une très grande flèche à étagement négatif.

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Elle était suivies par un premier box de trois Mirage 2000N, avec en tête le Mirage n°353 porteur de la décoration spéciale commémorative du centenaire de l’Escadrille Lafayette.

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le premier box de Mirage 2000N guidé par le n°353 et sa spectaculaire décoration spéciale.

Cet avion a été utilisé intensivement par la patrouille de démonstration tactique « Ramex Delta » en France et en Europe. Elle a effectué sa toute dernière apparition publique au RIAT de Fairford le 10 juillet où elle s’est taillée un indéniable succès public confirmé par le prix de la plus belle démo hors forces britanniques et la plus belle décoration du plateau.

Juste derrière un C-135FR de ravitaillement en vol, quatre Mirage 2000D évoquaient les capacités de projection de puissance que ces appareils apportaient aux forces française. Du Mali à la Jordanie, ces chasseurs-bombardiers sont effectivement actuellement sur tous les fronts aux côtés des Rafale ce qui explique que 55 d’entre-eux vont être modernisés « à mi-vie » afin qu’ils puissent continuer leur mission jusqu’au delà de 2030. Ils approcheront alors les 40 ans de service.

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Quatre Mirage 2000D de différentes escadrilles de la nouvelle 3e Escadre de Chasse.

Le quatrième avion de la patrouille survolant Paris est le Mirage 2000D n°620, un des deux avions où 9 étoiles ont été peintes sur la dérive en souvenir des 9 victimes françaises du drame survenu en 2015 à Albacete.

Les Mirage « bleus » étaient aussi présent en nombre avec un box de Mirage 2000-5 symbolisant la défense aérienne du territoire et un autre composé de Mirage 2000C et B du 2/5 « Ile de France » escorté par deux Alpha Jet du « Côte d’Or » incarnant le soutien à la « préparation opérationnelle des équipages ».

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Autrefois fer de lance de la Défense Aérienne, le Mirage 2000RDI est désormais un acteur important dans la progression des futurs pilotes de combat.

L’aviation navale avait aussi envoyé ses représentants. Falcon 50M, Breguet Atlantique, Rafale et Hawkeye.

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Quand l’Aéronavale survole les tours de la Défense.

Évidemment, le groupe aérien embarqué semblait un peu dépeuplé. Il va falloir s’y faire, désormais les Rafale règnent en maître sur le pont du Charles de Gaulle. Deux jours après la cérémonie de retrait de service du Super Étendard à Landivisiau, l’Aéronavale entre dans une nouvelle ère. Dommage quand même de ne pas avoir eu une dernière chance de voir le vieux monoréacteur, couvert de gloire, survoler Paris. A deux jours près…

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Les Rafale M semblent désormais bien solitaires sans les Super Étendard, retirés du service deux jours plus tôt.

En plus d’un E-3F et de deux C-135FR, l’armée de l’air présentait son nouveau joyau, l’Airbus A400M qui a désormais remplacé les Transall sur la base d’Orléans.

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Un A400M survole l’ouest parisien en attendant son tour pour la répétition du 11 juillet. Au premier plan, le chantier du futur palais de justice est bien avancé.

girouette 400MProgramme extrêmement ambitieux et complexe, l’A400M n’a pas manqué de connaître bien des avanies au cours de son développement, se traduisant par des surcoûts et des retards. L’accident d’un avion destiné à la Turquie l’an passé à Séville, au cours d’un vol d’essais, n’a pas manqué de relancer les débats.

Du côté de l’armée de l’Air, le discours est différent. L’avion est opérationnel et a déjà été engagé sur les théâtres d’opérations où sa capacité d’emport et son autonomie sont déjà très appréciés par ceux qui se souviennent des longs vols en Transall ou par le coût des location d’avions cargos sur le marché civil. Il n’est donc pas destiné à devenir une girouette en haut de la Tour Eiffel comme cette photo le suggère.

Notons au passage que le monument de Gustave Eiffel est un bon repère pour constater les différentes altitudes adoptés par les participants au défilé. La palme de la basse altitude revenant au Leader de la Patrouille de France lors de l’entraînement qui est passé juste au-dessus du 2e étage tandis que les 2000N, pourtant à l’aise dans cette discipline, sont passés tranquillement à hauteur du 3e !

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Lors de la répétition générale, c’est le Transall R203, décoré en hommage au premier vol du prototype en 1963, qui était en tête de formation.

Visiteur habitué des lieux, maître Transall était de sortie avec son camouflage si particulier où transparaît naturellement sa nature de baroudeur. Lui, quand il quittera la scène, il laissera un sacré vide ! Dans ses ailes, les « Transalito », les Casa des Escadrons « Vercors » et « Ventoux » qui quittent ces jours-ci leur base de Creil pour rejoindre celle d’Evreux.

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Transall et Transalito désormais réunis en Normandie.

Très discret dans sa livrée blanche uniforme, c’est le but, pour ne pas attirer l’œil sur les tarmacs qu’il peut fréquenter à l’étranger notamment, le Falcon 900 de l’ET 60 de Villacoublay (anciennement ETEC) illustrait les missions « Stratevac », les missions d’évacuations médicales stratégiques. Ces avions peuvent être aussi employées pour le transport des autorités, ce qui est tout à fait dans la continuité des missions effectuées autrefois par le GLAM.

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Un Falcon 900 au-dessus de la Défense, ça n’a rien d’exceptionnel. Aussi bas et dans ce sens-là, un peu plus !

Pour terminer le défilé des voilures fixes, la Sécurité Civile avait été invitée à présenter ses moyens aériens stratégiques avec un Beech 200 « Bengale » chargé des missions de liaisons mais aussi des missions de recherche et d’investigation lors des opérations contre les feux de forêts, accompagné d’un Dash 8 Q400MR, le Milan 73 avec sa décoration spéciale étant prévu. Si Bengale 96 a bien participé à la répétition du 11 et pré-positionné à Villacoublay à la veille de l’évènement, l’éclosion de feux importants dans la région de Marseille et dans l’Hérault a entraîné l’annulation de leur participation au défilé. Une décision compréhensible.

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Bengale 96 au dessus de Paris lors de la répétition du Défilé le 11 juillet 2016.

Vint ensuite le temps des voilures tournantes. Armée de Terre, Marine et Armée de l’Air ont présenté leurs Puma, Super Puma, Caracal, Gazelle, Tigre, NH90, Dauphin et Panther tandis que la Gendarmerie avait amené ses traditionnels EC-135 et EC-145, et qu’un Dragon de la Sécurité Civile fermait la marche.

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Deux NH90 de la Marine encadrent un Dauphin et un Panther. Ceux qui ont du mal à distinguer ces deux derniers types d’aéronefs devraient bien profiter de cette photo.

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La présence d’un avion US au-dessus de Paris fait aussi écho, quelque part, au centenaire de l’Escadrille Lafayette et aux liens particuliers entre les aviateurs des deux pays.

Le clou du spectacle venait ensuite. Parce que sur les théâtres d’opérations internationaux, les moyens des différents pays impliqués peuvent s’avérer parfois particulièrement complémentaires, les hélicoptères de l’armée de l’Air, chargés notamment des missions de sauvetage de combat, peuvent ravitailler auprès des KC-130 de l’aviation militaire américaine. C’est pour illustrer ce genre de manœuvre qu’un MC-130J américain, affecté aux opérations de soutien des forces spéciales, a survolé Paris, suivi de près par deux Caracal positionnés comme attendant l’autorisation d’enquiller pour refaire les pleins de kérosène.

Quatre C-130J ont été récemment commandés pour l’armée de l’Air. Deux devraient être dans une configuration similaire à celle du Hercules américain. Contrairement à ce qui a été parfois écrit un peu hâtivement dans la presse généraliste, il ne s’agissait pas d’un camouflet fait à Airbus, qui ne propose aucun avion de cette catégorie, mais bien d’un excellent choix opérationnel qui va permettre de combler une vraie lacune dans l’arsenal des forces françaises. Si la logique devait être respectées, l’acquisition de C-130J standard en remplacement des C-130H et H-30 en service depuis la base d’Orléans au sein de l’Escadron « Franche Comté » ou du GAM56 « Vaucluse » devrait être sérieusement envisagée en complément des A400M. Mais les budgets ne sont pas extensibles à l’infini.

Le MC-130J était accompagné par deux Caracal de l’EH 1/67 Pyrénées.

Enfin, un hommage tout particulier a été rendu à l’Équipe de Voltige de l’armée de l’Air (EVAA). Titré champion du monde de la discipline l’an dernier, le Capitaine Alexandre Orlowski, qui marche clairement sur les pas de ses prédécesseurs champions du monde Renaud Ecalle et François le Vot, a donc défilé pour célébrer son titre, bien entouré par les Alpha Jet du remplaçant et du directeur de la Patrouille de France, à bord de l’Extra 330 biplace de l’unité. On notera qu’il est resté sagement en vol horizontal alors qu’en 2012 un avion de l’EVAA avait défilé… en vol dos…

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L’Extra 330SC biplace de l’EVAA bien entouré. Notons que les Alpha Jet ont les volets baissés et les aérofreins sortis pour maintenir leur vitesse et leur incidence à la hauteur de celle du voltigeur.

Il aurait juste fallu que les nuages s’écartent une heure plus tôt pour bien profiter de ce défilé aérien.

Un peu plus d’une heure plus tard, pour le grand plaisir des flâneurs de bord de Seine, un Puma de l’armée de l’Air s’est livré à une démonstration de treuillage au bénéfice des caméras de télévision. On est bien loin, hélas, des sympathiques expositions de matériels militaires et des démonstrations offertes jusqu’en 2014 sur l’esplanade des Invalides dans la continuité du Défilé et dans l’objectif de continuer à maintenir un lien Nation-Armée fort et qui semblent désormais pratiquement impossible à organiser après les évènements de janvier et novembre 2015.

Comme si ça ne suffisait pas, le soir même, à Nice, un terrible, dramatique et cruel attentat venait nous le rappeler clairement.

JPO à l’UIISC1 de Nogent le Rotrou

Alors qu’un peu partout dans les bassins de la Seine et de la Loire, ses équipes de sauvetage sont à pied d’œuvre à la suite des terribles crues de la semaine dernière, l’Unité d’Instruction et d’Intervention n°1 de la Sécurité Civile a maintenu ses deux journées porte-ouvertes à Nogent le Rotrou. Avec de très nombreux sapeurs déployés sur le terrain avec leur matériel, la caserne Sully semblait, du coup, bien vide. Cet engagement a également posé problème pour certaines animations ou démonstrations. Pour bien enfoncer le clou, le plafond est resté bas et bien soudé, rendant la température ambiante plutôt fraîche pour un premier weekend du mois de juin, le chiffre d’affaires de la buvette a dû cruellement s’en ressentir.

Et pourtant, si la météo était peu engageante et plutôt incertaine, c’était tout à fait volable comme l’ont démontré tout au long de ces deux jours les deux Écureuil de la compagnie Héliberté qui ont assuré d’innombrables baptêmes de l’air autour de la ville à des nogentais curieux de la découvrir depuis le ciel.

NlR Heliport

Les baptêmes de l’Air étaient assurés par les AS350B Écureuil F-GEHV et F-GCQZ de la compagnie Heliberté.

Il faut dire que voler dans le secteur n’a rien d’évident puisque la piste ULM la plus proche est à 20 km et qu’il faut en faire 10 de plus pour trouver un aérodrome digne de ce nom. On se demande comment ont fait certains nogentais pour tomber dans le bain de l’aéronautique ; de mauvaises lectures et de mauvaises fréquentations sans doute ! Et pourtant, tous les deux ans, les terrains de sport du plateau St Jean se transforment en héliport très actif, à l’endroit même où ils ont, il y a longtemps, appris à jouer au foot, au rugby ou même lancer des boomerangs à l’époque où la zone était librement accessible.

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L’héliport temporaire de Nogent le Rotrou.

En dépit des nombreux personnels et véhicules spécialisés partis en opérations, la Sécurité Civile présentait sa nouvelle berce « pionnier » disposant de tous les outillages pour permettre l’avancée d’une colonne sur une route rendue impraticable par une catastrophe naturelle et surtout, son nouveau véhicule star, le Module d’Appui à la Gestion de Crise (MAGeC), vraiment impressionnant.

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Le MAGeC flambant neuf de l’UIISC 1.

Entré en service il y a tout juste quelques semaines, ce véhicule modulaire peut se déployer et être mis en œuvre en seulement 1h30 une fois arrivé sur site. Il devient alors un PC de crise d’une soixantaine de m2 divisé en trois salles principales permettant aux intervenants de différentes organisations de travailler au même endroit tout en bénéficiant des communications radio, satellites, téléphoniques et internet indispensables.

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Une des deux salles de crises à l’intérieur du MAGeC. Le mur d’image permet d’avoir une idée de la situation tactique en évolution permanente.

Ce véhicule, d’un coût unitaire de 1,3 millions d’Euros environ, est actuellement unique même si un second pourrait venir agrandir la flotte si le besoin s’en faisait sentir. Pour le moment, il n’a été engagé qu’à titre de démonstration active qu’une fois, à l’occasion du meeting aérien de la Ferté-Alais, où la Sécurité Civile a su mettre en avant un autre pan de ses activités, et où les seuls problèmes furent ceux de la circulation des véhicules sortants après le meeting et quelques cas de véhicules embourbés dans les champs qui servaient de parking.

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Reste de la première opération de démonstration réelle du MAGeC, le plan de l’aérodrome de la Ferté-Alais pour le meeting du mois de mai.

Pour la coordinations des moyens, notamment de la gendarmerie, la présence de ce PC performant a sans doute facilité les décisions. Cependant, ce Module extrêmement moderne a pour vocation d’être employé dans des opérations bien plus complexes. On notera qu’en complément des salles de travail, l’engin dispose d’écrans extérieurs, permettant de faire des briefings sans avoir à déranger les équipes à l’intérieur. Ces briefings, qui pourront être abrités sous un auvent rétractable, pourront concerner les équipes en action et leurs responsables, mais aussi et à en croire notre guide, surtout, la presse qui ainsi pourra être tenue à l’écart des décisionnaires. Quoi qu’il en soit, cet engin méritait les quelques minutes nécessaires à sa visite.

Parmi les animations habituelles, la démonstration des équipes cynophiles a remporté un grand succès. Il faut bien dire que l’explosivité physique, mais aussi la sociabilité et l’obéissance de ces bergers belges malinois sont tout simplement ahurissants. Comme l’a souligné le chef maître chien de la base qui a commenté la démonstration, si les premiers chiens de recherche ont été utilisés par les anglais lors des bombardements de Londres pendant la 2e guerre mondiale, ce n’est que très récemment, en 1978, que cette spécialité a été introduite dans les unités de secours françaises. Le retard a été bien rattrapé depuis.

Contrairement à ce que cette image pourrait laisser penser, les chiens des UIISC françaises ne sont pas des chiens de combat. Les exercices « au mordant » ne sont fait que par jeu, pour le défoulement de ces animaux auxquels on demande beaucoup par ailleurs.

L’exercice le plus spectaculaire donné habituellement lors des JPO des UIISC, à Brignoles, à Corte ou à Nogent est bien évidement celui des incendies de forêts, généralement parachevé par quelques largages des avions de la BASC toujours très attendus. Ce weekend, un Tracker a participé à la JPO de Corte. Un CL-415 et un autre Tracker ont reproduit au Meeting National d’Istres la démo conjointe qu’ils avaient effectuée à la Ferté-Alais. En dépit de ce gros weekend pour les avions de la BASC, la JPO de Nogent, pourtant très éloignée de Marseille a pu bénéficier de la présence du plus gros avion de lutte anti-incendie français, qui est aussi le plus rapide, et, les équipages vous le diront, le plus confortable, le Q400MR Fireguard.

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Les terrains de sport de la caserne se trouvent sur le site de l’ancien hippodrome nogentais, dont subsistent deux tribunes construites au début du XXe siècle. Le site est désormais trop étroit et trop enclavé pour permettre à un Tanker lourd de larguer sa charge.

Déjà présent il y a deux ans, le Milan 73, cette année, n’a pas été autorisé à larguer. Il est vrai que la configuration du site, étroit et très enclavé en zone urbaine, entouré d’arbres assez hauts, et surtout avec la présence du public tout autour de la zone de largage ne laisse que peu de marge à l’équipage pour sa manœuvre.

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Pour célébrer ses dix ans de service, en 2015, le Q400MR  73 a été revêtu d’une livrée spéciale, en lien direct avec son indicatif radio, « Milan ».

Le scénario de l’exercice était encore une fois des plus simple. Un GIFF, un groupe d’intervention feux de forêt et ses véhicules, était envoyé traiter un début d’incendie. Devant une situation difficile, les sapeurs ont donc demandé des renforts aériens. Le Dash a effectué un premier tour de reconnaissance, puis s’est présenté pour larguer. L’équipage a alors ouvert effectivement la soute et quelques dizaines de litres d’eau, vestige d’un remplissage d’entraînement précédent, se sont vaporisés dans l’air nogentais.

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Il restait quelques dizaines de litres dans la soute de Milan 73, qui peut en contenir 10 000 à pleine charge.

Le GIFF a ensuite fait la démonstration des tactiques d’autoprotection utilisées lorsque plus rien ne va pendant que Milan 73 s’en allait se poser sur la base aérienne de Tours où il a passé la nuit.

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Les véhicules du GIFF simulent une procédure d’autoprotection utilisée lorsque le feu menace directement les véhicules.

Le lendemain après-midi, même programme, mais cette fois, la soute était vraiment vide. l’avion a cependant gratifié la foule, nombreuse, d’un passage supplémentaire, en battant des ailes, ce qui a agréablement surpris le public, avant de filer tout droit vers Marseille.

Dash foule feu

Le Q400MR Milan 73 survole le bûcher en simulant une passe de largage sur un feu de forêt. Spectacle saisissant !

Encore une fois, la présence d’un avion de la Sécurité Civile a rehaussé de sa présence un spectacle qui s’est révélé assez difficile à monter par les équipes de l’UIISC. En effet, l’équipe du GIFF en démonstration du samedi a dû partir dès le lendemain prendre ses quartiers pour sa mission de sécurisation de l’Euro 2016 et avec le départ des autres sections pour les opérations de sauvetage, ce sont des équipiers à l’instruction qui ont été chargés de la démonstration du dimanche.

Pour les mêmes raisons opérationnelles, la présence d’un hélicoptère EC-145 Dragon, prévue pour une démonstration de treuillage, a été annulée parce que les missions menées par ces machines en région centre et en région parisienne ce weekend n’avaient rien d’exercices.

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Grimper dans un camion et faire un tour toutes sirènes hurlantes ou jouer avec une lance à incendie, rien de mieux pour créer de vraies vocations !

Ces contingences très matérielles sont restées largement hors de portées des plus assidus et des plus fascinés des spectateurs, ces gamins qui se sont retrouvés à faire un petit tour à bord d’un gros camion écarlate toutes sirènes hurlantes, à faire un tour de 4×4 ou d’hélicoptère, de manier une LDT en bonne compagnie ou de se faire photographier dans le désormais célèbre Canadair 21 de Nogent le Rotrou. A ce niveau-là, mission accomplie !

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Un peu endommagé, le Canadair de l’UIISC 1 est désormais cloué au sol, mais les gamins peuvent encore se faire photographier à son bord.

Pendant que les sapeurs étaient engagés dans de difficiles missions, la JPO s’est donc tenue tant bien que mal et c’est tout à l’honneur de leurs chefs de ne pas avoir cédé à la tentation de l’annulation. En attendant, avec la décrue à venir, l’Euro 2016 et la saison feu de l’été prochain, ces hommes et femmes ne vont certainement pas manquer de travail, cette journée porte-ouverte en a été le témoignage clair.

Retour sur les 50 ans de la BASC en 2013

Le 1er et le 2 juin 2013, cinquante ans et quelques jours après que le premier Catalina bombardier d’eau français a posé ses roues sur la piste de l’aérodrome de Marignane, la Base d’Avions de la Sécurité Civile française célébrait son cinquantenaire au cours d’un weekend mémorable.

La localisation de la BASC sur l’aéroport international de Marseille, avec un plan vigipirate actif, fait qu’il est impossible d’accueillir du public en zone aéroportuaire et donc sur l’emprise de la Sécurité Civile, pour des question autant règlementaires que sécuritaires. Cependant, à l’occasion de cet anniversaire, la base a été autorisée à recevoir ses très nombreux invités sur son terrain, là où les attendait une exposition statique alléchante. Munis de la précieuse invitation nominative, ce sont à bord de navettes que les officiels, les VIP, les anciens de la base, les familles et quelques heureux veinards ont abordé le parking aux « Pélicans. »

A l’intérieur d’une zone, délimitée précisément par des barrières, il était possible d’arpenter librement pour visiter les installations de la base, les ateliers de maintenance ou de rencontrer tout le personnel de la base, affairé à la bonne organisation de l’évènement mais néanmoins disponible.

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Un Catalina, un CL-215 et le Pélican 32 permettaient d’embrasser en un coup d’œil, 50 ans de bombardiers d’eau en France.

Il faut imaginer quelques instants la complexité de l’organisation de cet évènement semi-public sur un parking avions à l’accès très règlementé car situé sur un des aéroports les plus sensibles du pays. Arriver à faire admettre l’accès de quelques centaines d’invités relève alors de l’exploit. Pour faire bonne mesure, l’exposition statique présentée permettait de découvrir les avions aujourd’hui en service, deux légendes immortelles et un candidat à intégrer la flotte. Tous les appareils présentés étaient visitables. Certains ont découvert avec une grande surprise, la technique et la souplesse requise pour accéder au Cockpit du Firecat. Un avion dont l’accès se mérite en effet. D’autres ont découvert l’évolution technique qu’il existe entre le Catalina conçu avant la seconde guerre mondiale et le Q400 de la toute fin des années 90.

Tracker Be200 et Q400

Devant le bâtiment principal, alignés au cordeau, un Q400MR, un Beech 200 King Air et un S2FT Turbo Firecat.

Beech 350

Acheminé par le représentant français de son constructeur, ce Beechcraft 350 King Air postule à pouvoir un jour succéder aux vénérables King Air 200.

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Le CL-415 Pélican 323, premier avion de ce type livré à la France en 1995, faisait sa première apparition publique revêtu de la livrée commémorative du cinquantenaire.

Ce samedi était donc réservé pour la cérémonie officielle qui a débuté par un passage en revue des troupes par les autorités présentes. Il y eut ensuite quelques discours mais nombreux sont ceux qui ont préféré continuer à tourner autour des avions.

Les autorités passent en revue des équipes des Unités de la Sécurité Civile

Les avions de la Sécurité Civile, en formation, s’apprêtent à survoler leur base.

7 des avions de la BASC en formation, un spectacle rare.

C’est ensuite dans le ciel que le spectacle s’est déroulé lorsqu’une partie des avions de la flotte a survolé l’aéroport en formation serrée. En tête se trouvait donc un Q400MR, suivi de près par trois CL-415, constituant le premier box. Le deuxième était dirigé par un Beech 200 accompagné par deux Tracker. Non visible sur la photo, mais un EC-145 « Dragon » était également en vol non loin, afin de permettre à un photographe d’immortaliser l’évènement dans de très bonnes conditions. En dépit d’une météorologie un peu couverte, cette journée n’était qu’un préambule au grand évènement du lendemain.

Le dimanche 2 juin, jour anniversaire, c’est sur l’aérodrome d’Aix-les-Milles, à quelques km au nord de Marseille que le public était invité pour assister au meeting aérien organisé pour commémorer l’évènement. La météorologie ayant décidé de participer au mieux de sa forme, c’est sous un ciel bleu et un soleil éclatant que le public est venu contempler des démonstrations en vol de haute tenue.

La conjonction de « l’anniversaire des Canadair » et celui d’un dimanche ensoleillé a fait que la foule est venu effectivement très nombreuse garnir le bord de la piste d’envol.

La foule se presse le long des barrières, les vedettes du show sont déjà là.

Les plus connaisseurs, les plus habitués et les plus blasés des spotters, ceux qui écument les meeting aériens depuis 30 ans et plus ont tout de suite remarqué que le plateau n’était pas très garni. La preuve en était apporté par le programme des vols où certains avions étaient prévus pour assurer deux présentations au cours de l’après-midi. Cependant, il faut bien dire que ces appareils, dont quelques warbirds, ne manquaient pas d’intérêt.

Sky Fouga

Patrouille combinée Skyraider et Zéphyr. En dépit de leur mode de propulsion fondamentalement différent, les performances pures de ces deux appareils sont bien moins éloignés qu’on pourrait le penser. Et l’un d’eux dispose, en plus, d’une charge utile phénoménale très clairement visible ici.

Bronco Smoke

Le OV-10 Bronco venu de Montélimar fait la démonstration de son système fumigène. Aujourd’hui, des avions du même type continuent d’œuvrer sur feux en Californie, un lien qu’aurait peut-être oublié le speaker si un mauvais esprit ne le lui avait signalé au moment idoine.

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Le Pioneer 300STD, avec son air d’avion de voyage biplace, s’est montré plutôt remuant… pour un ULM !

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Le SNJ-5 F-AZRB se prépare à un passage « tout sorti » !

Mais la thématique voulait qu’un place importante soit laissée à l’évocation des bombardiers d’eau et aux autres aéronefs de la Sécurité Civile, ce qui était assez logique. Déjà présent sur le tarmac de Marignane la veille, le Catalina G-PBYA s’est imposé comme une des grandes vedettes du show. Il faut dire que cet avion, qui fut bombardier d’eau au Canada dans les années 60, effectua deux saisons en Provence, en 1966 et 1967, immatriculé F-ZBBD et connu en tant que « Pélican Bleu ». Aujourd’hui avion de collection et dernier des 9 Catalina à avoir volé au sein de la Protection Civile à demeurer en état de vol, sa venue était simplement indispensable.

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Invité de marque, même VIP, le Catalina du Plane Sailing Air Display venu d’Angleterre revenait voler là où il fut connu un temps comme « Pélican Bleu ».

Le deuxième invité vedette était le CL-215 1038 EC-HEU de la société espagnole Inaer. Bien que l’histoire des CL-215 français se soit terminée un peu tristement, l’avion est clairement celui grâce auquel la légende des pompiers du ciel français s’est construite. Les organisateurs ont eu la chance de bénéficier de la présence du mythique « Canadair » original, alors toujours en service et opérationnel.

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Opéré par une compagnie privée espagnole, ce CL-215 a beaucoup volé au Portugal. Il était alors revêtu d’une très jolie livrée bleue et blanche.

Et, grande idée de l’organisation, un vol du souvenir a été programmé, mettant en scène les deux légendes d’hier et la grande vedette d’aujourd’hui. Pour certains anciens, ce tableau aérien a été une grande émotion,  compréhensible.

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Les trois légendes de la Sécurité Civile. Il manque peut-être un Tracker à moteurs à pistons et certainement un DC-6 !

Le clou du spectacle est arrivé ensuite, pour clore la journée d’une manière assez intense et inédite. Pour la toute première fois, les aéronefs de la Sécurité Civile se sont livrés à une démonstration de leurs capacités et de leurs rôles respectifs. L’ensemble de la démonstration a duré 45 minutes, impliquant 7 avions, un hélicoptères et quelques pompiers et leurs véhicules spécialisés en feux de forêts. Cette véritable débauche de moyens était au service d’un scénario aussi simple que réaliste : comment, dans quel contexte et avec quelles tactiques les avions viennent-ils à l’aide des sapeurs-pompiers ?

Dans un premier temps, c’est le Beech 200 qui est intervenu. Ce bimoteur, utilisé pour les vols de liaison, est aussi régulièrement employé pour des missions d’investigation. Dans le scénario, un feu était repéré, l’avion venait donc vérifier que l’engagement des moyens aériens était nécessaire.

Tracker Firecat

En service en France depuis 1982, les Tracker sont désormais au crépuscule de leur carrière.

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Avec une capacité d’emport d’environ 3000 litres, le Firecat n’est sans doute pas le plus impressionnant des bombardiers d’eau, mais bien utilisé, il est une arme efficace, et ça fait plus de 30 ans qu’il en fait la démonstration.

Ce sont donc les Tracker qui sont intervenus les premiers. Avec la tactique du Guet Aérien ARmé, ces avions vont patrouiller au-dessus des zones à risque pour intervenir à la détection de la moindre fumerolle. Ce sont les feux naissants qui vont être traités en priorité, ce sont effectivement les Tracker qui vont assurer  cette attaque initiale. Et celle-ci est très souvent décisive, les bilans chiffrés des surfaces brûlées dans notre pays en sont le témoignage années après années.

Avec environ 3000 litres de retardant par avion, les patrouilles de GAAR peuvent parfois ne pas être suffisantes. C’est là que les Q400MR peuvent entrer en scène. Avec un emport de 10 tonnes de retardant (soit environ 9000 litres) et une vitesse de croisière plus élevée, les Dash 8 apportent une capacité d’action rapide ou à longue distance très appréciable. Plus difficile à démontrer sur un meeting aérien, leurs usages en transport de passagers ou de fret en font des avions réellement polyvalents, mais là, leur configuration ne les distingue en rien des autres Q400 des compagnies commerciales.

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Entré en service en 2005, le Q400MR Fireguard apporte une capacité longue distance à la Sécurité Civile, mise à profit depuis pour des missions aussi variées que lointaines, à Haïti, en Russie ou à la Réunion.

Q400 largue

Largage à l’eau pour les besoin de la démonstration, le coût du retardant faisant qu’il est préférable de le garder pour les interventions réelles.

En 2013, la question de la succession des Tracker était sur toutes les lèvres. Aujourd’hui on sait que ce sont des Q400 qui vont prendre la relève des vénérables Grumman, une belle reconnaissance quand on se souvient des polémiques soulevées à l’entrée en service de cette machine étonnante.

Mais ceux que le public attendait avec le plus d’impatience, c’était bien sûr les célèbres Bombardier 415 qu’on continue à appeler Canadair. Trois appareils ont fait la démonstration des largages en noria, utiles pour assommer un feu. Puis avec la participation d’une colonne de pompiers et de leurs véhicules, un dernier passage a permis de simuler un largage dit « de sécurité » destiné à sauver des personnels directement menacés par les flammes.

Dragon et Pélicans

Deux « Pélicans » approchent en patrouille serrée, sous la surveillance d’un « Dragon » en stationnaire chargé de leur montrer l’emplacement idéal pour leur largage.

Canadair GIFF

Une colonne de véhicules feux de forêts s’avance tandis qu’un Canadair approche.

Canadair drop

6 tonnes d’eau s’échappent par les quatre portes de la soute du « Pélican » 45.

Toute la démonstration s’est faite devant un EC-145 de la Sécurité Civile qui tenait ainsi le rôle qu’il tient souvent sur feux, en servant de repère pour les largages des avions. Son pilote a ainsi tenu un stationnaire de plusieurs dizaines de minutes alors que le vent était relativement sensible et la chaleur écrasante. Pour le grand public, ce n’était sans doute pas là l’aspect le plus impressionnant de la démonstration et pourtant, il y avait là du beau pilotage.

A la conclusion de l’exercice, les avions se sont rassemblés et ont défilé une nouvelle fois en formation serrée, ajoutant ainsi une occasion d’immortaliser la flotte de la Sécurité Civile et ses différentes composantes d’un seul coup d’oeil. Une vision rare et définitivement inoubliable.

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La fête était finie. Les derniers visiteurs ont continué à faire un peu la queue au pied du Pélican 32 pour le visiter. Il n’a d’ailleurs pas désempli de la journée.

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Conseil aux organisateurs de meeting : l’avion décoré, mettez-le en l’air, c’est plus sa place qu’entouré de la foule et de barrières. Pour les visites, n’importe quel autre avion de la flotte fera l’affaire de toute façon !

Et sous une magnifique lumière de fin d’après-midi du sud de la France, les participants ont redécollé pour gagner Marignane, laissant les derniers photographes se régaler !

Depuis le cinquantenaire, la Sécurité Civile semble avoir repris goût au démonstrations publiques. Bien sûr, ses avions étaient présents aux journées porte-ouvertes à Brignoles ou de temps en temps à Nogent le Rotrou, mais ces dernières années, les Canadair, Tracker, Dash et autres Beech ont participé au meeting de la Ferté-Alais, au Salon du Bourget, aux meetings nationaux de l’Air et même au défilé du 14 juillet à Paris. Personne ne se plaindra donc de cette volonté retrouvée de revenir devant le public.

L’année prochaine, la BASC déménagera donc à Nîmes où elle pourra bénéficier d’une emprise propre. Débarrassé des contraintes liées aux opérations de sûreté d’un aéroport international, est-ce que des journées porte-ouvertes pourront être organisées ? Le succès du meeting de 2013 tendrait à démontrer qu’elles seraient, à n’en pas douter, de fabuleux succès publics !

Ferté-Alais, le temps des hélices 2016

On a rarement eu si froid sur le plateau de Cerny à la Pentecôte, de mémoire de spectateur. Nous n’avons pas, de surcroît, échappé à un tout petit épisode humide le dimanche midi, mais quand on sait quelles conditions ont régné en région parisienne vendredi, tout le monde s’est accordé pour dire que finalement, on s’en est très bien sorti.

affiche-meeting-2016-2-a586fCependant, ce temps capricieux a eu une influence sur le plateau. Plusieurs appareils ont été bloqués sur leurs bases respectives et n’ont pu rejoindre l’Essonne en raison de la présence de cellules orageuses sur leur parcours. D’autres, comme le Messerschmitt 109 annoncé en grande vedette de ce meeting, ont été empêchés par un pépin technique. Mais à bien regarder les avions évoluer devant nous au long des deux jours de cette grande fête aérienne, il aurait bien été de mauvaise foi d’émettre le moindre sentiment de déception. Car de jolies choses à voir et à photographier, nous n’en avons vraiment pas manqué.

En dehors des tableaux habituels sur la Grande Guerre, les années folles, la seconde guerre mondiale et l’inévitable – et toujours aussi spectaculaire – Tora-Tora-Tora, le programme comportait son lot de surprises et de nouveautés.

Cette année, malheureusement, le meeting a été ouvert par une patrouille de Zlin en hommage à Léon Mathis, pilote disparu en novembre dernier au cours d’un vol d’essais d’ULM, et qui était un des acteurs importants des fêtes aériennes de la Ferté-Alais.

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Ensuite, le meeting a suivi son cours avec la première apparition publique du nouveau pilote du Rafale Solo Display « Marty » qui a donc pris le relais de « Tao ». Cette fois-ci, son Rafale était un avion « stock » sans décoration spéciale. Pour son premier meeting, « Marty » a assuré le spectacle mais il ne fait aucun doute que sa démo va s’améliorer de meeting en meeting et on va vite se régaler autant qu’avec ses prédécesseurs.

Côté chasse moderne, il faut bien constater que la Marine nationale a encore fait très fort. Trois Rafale M samedi, quatre dimanche ont effectué une démonstration tactique d’une très belle tenue mais l’arrivée groupée avec un Atlantique et les trois warbirds français à cocardes à hameçon, Zéphyr, Paris et Alizé, a été un très grand moment.

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Quatre Rafale, un Atlantique, un MS Paris, un Fouga Zéphyr et un Alizé, pour évoquer l’Aéronavale française, difficile de faire mieux… sinon une paire de SEM en plus !

Seul regret, à quelques semaines du retrait de service du Super Etendard, il aurait été formidable de pouvoir contempler une dernière fois les lignes de cet avion qu’on aura du mal à oublier.

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Ni le plus beau, ni le plus rare, ni le plus performant, mais un gros potentiel pour se faire plaisir en vol !

La Marine était aussi présente par ce MS733 qui a évolué en patrouille avec un autre de ses congénères. Finalement, on apprécie de revoir régulièrement cet avion très classique. Mais chromé comme ça, c’est vraiment joli !

Pour en revenir à l’armée de l’Air, en dehors de la présence de la Patrouille de France, présente le samedi uniquement, on a pu compter sur un authentique avion de guerre puisqu’un Transall du « Poitou » est venu se montrer histoire de rappeler que depuis plus de 40 ans, il a été de tous les combats. Au crépuscule de sa carrière, le vieux soldat exhibe sa peinture fatiguée comme les cicatrices et les médailles d’un vieux baroudeur revenu de tout.

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A quelques légers détails on sent bien que cet avion a baroudé… beaucoup baroudé !

Mais ce qui fait venir les spectateurs à un spectacle appelé « le temps des hélices », c’est bien sûr le métal hurlant de la seconde guerre mondiale. Un Spitfire Mk.V, un P-51D Mustang, deux Yak-3, un Yak-11, un P-40 et un Curtiss Hawk 75 ont assuré la présence de la cavalerie tandis qu’une piste trop détrempée et donc trop meuble, nous a privé du plaisir de voir évoluer le Sea Fury et les Skyraider et surtout du roulage du B-17 dont la grande révision va encore prendre de longues années. C’est un peu frustrant, mais il y a des éléments avec lesquels on ne discute pas.

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Cette merveille est à vendre et son propriétaire, Stephen Grey, ne verrait aucun inconvénient à ce qu’elle reste en France. Des volontaires (aisés) dans la salle ?

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Le Spitfire Mk.V défile devant la foule pendant que derrière lui, le P-51D Mustang effectue un large virage. La démonstration combinée des deux chasseurs alliés les plus connus de la 2e guerre mondiale est aussi un hommage à leur fabuleux moteur, le Rolls Royce Merlin.

Mais finalement, c’est sur la période de l’âge d’or de l’aéronautique, l’entre deux guerres, que le plateau de cette Ferté a été le plus riche et le plus enthousiasmant ; Bien sûr, ces avions ne sont pas forcément des combattants encore que côté hauts-faits d’armes, le Catalina de France Warbirds peut en remontrer à plus d’un ! Avant d’être une vedette de la télévision et du cinéma, cet avion est vraiment allé au feu ! Contre les U-Boot pendant la guerre ou ceux des forêts canadiennes juste après.

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Le PBY Catalina. Le poids de l’histoire, l’élégance des lignes. Un mélange qui ne peut laisser indifférent.

Mais, si il ne portèrent pas forcément l’uniforme, certains de ces avions sont autant des morceaux d’histoire que d’indéniables témoignages du talent et du sens esthétique des ingénieurs de leurs époques.

Resté au statique il y a deux ans le DH84 Dragon a été cette année présenté en vol. Un avion très rare et élégant comme nombre de créations du britannique De Havilland.

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Restauré avec l’aide de la compagnie irlandaise Air Lingus, le DH84 Dragon nous rappelle que la Ferté fut longtemps un nid de Dragon Rapide

L’élégance du Junkers 52 est sans doute plus discutable, surtout au sol. En vol, dans son élément, sa lenteur et ses trajectoires larges lui confèrent une certaine grâce. Deux exemplaires étaient présents, donc celui de Ju Air qui, comme chaque année a procédé à de nombreux baptêmes de l’air pour d’heureux passagers qui ont ainsi découvert comment on voyageait dans les années 30.

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Un meeting à la Ferté-Alais ne serait pas vraiment le même sans les baptêmes en Junkers !

Mais c’est du côté des USA qu’il faut se tourner pour trouver quelques merveilles issues des années folles. Arrivé la semaine dernière directement des USA, par un trépidant convoyage aérien transatlantique, le splendide Beech 18 est la toute nouvelle acquisition d’Aero Vintage Airways qui proposera bientôt des voyages privés atypiques à son bord.

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Il était accompagné du Lockheed Electra, tout aussi rutilant que lui. Ces deux avions sont sans doute ce qu’on a fait de plus luxueux à l’époque, même si, ensuite, le Beech 18 a été parfois transformé en brouette. Mais on ne peut utiliser une brouette que si elle est fiable et solide, ce qui en dit long sur ses qualités. Le Lockheed est sans doute plus délicat mais il appartient à une lignée qui, jusqu’au Lodestar, a été innombrable et mise aussi à toutes les sauces.

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L’an prochain, si tout va bien, un deuxième Electra volera en France, on a déjà hâte de les voir évoluer ensemble dans le ciel de l’Essonne.

Autre bonne surprise, ce Laird LC-RW 300 Speedwing qui a été récemment restauré. Encore un pilote qui s’est fait un grand plaisir et qui nous le fait partager !

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Dimanche, le vent plus léger a permis l’envol de trois machines précieuses, le Caudron G3, le Bleriot XI et le Spad XIII. Peut-on se lasser du miracle permanent de l’envol des faucheurs de marguerites ?

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L’année prochaine, cet avion sera centenaire !

La participation du Sea King Mk48 de l’aviation militaire belge n’est pas, non plus, passée inaperçue et ce fut sans doute une des dernières occasions de le voir évoluer car son remplacement par le NH90, après 40 ans de service, a déjà débuté.

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Un Seaking belge au crépuscule, au propre comme au figuré.

Le programme comportait aussi les trois avions de la patrouille Reva, les Wingwalkers de Breitling, des Stampe, des Bucker, le Bronco de Montélimar accompagné par un T-28, de la voltige en planeur, un Extra de l’équipe de voltige de l’Armée de l’Air et celui d’Aude Lemordant, championne du monde de voltige, un Pitts, des Stearman, un Bébé Jodel, les quatre Fouga de la Patrouille Tranchant, des Chipmunk, un Storch, plein de T-6, de quoi occuper les spectateurs pendant toute la durée de l’après-midi sans temps mort !

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Le Bronco de Montélimar et le T-28 ont évoqué la guerre du Vietnam.

Le clou du spectacle a été assuré, comme l’an dernier, par les appareils de la Sécurité Civile qui ont eu un peu plus de temps pour poser leur démo. Le Dragon a effectué un treuillage puis a servi d’appareil pointeur pour les deux bombardiers d’eau, le Tracker qui a effectué l’attaque initiale et le CL-415 qui a effectué le largage massif et décisif.

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Exercice d’hélitreuillage avec un EC-145 de la Sécurité Civile.

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Après leurs largages respectifs, les deux bombardiers d’eau de la Sécurité Civile ont salué le public avec un passage en formation serrée exécuté de main de maître.

Mais l’appareil qui a vraiment fait tourner toutes les têtes, c’est bien le Boeing 747-400 de la compagnie Corsair. Après le retrait de ceux d’Air France, les 3 Jumbo de Corsair sont donc les derniers représentants du « Roi du Ciel » immatriculés dans notre pays. Ceci valait bien un bel hommage !

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L’an passé, Europe Airpost avait frappé les esprits avec son 737 et sa déclaration d’amour à la Ferté. Ce n’est sans doute pas passé inaperçu dans les autres compagnies aériennes françaises. Mais pour faire plus spectaculaire qu’un Boeing 747, ça va être compliqué maintenant !

Comme l’an passé, cette édition du Temps des Hélices a été marquée par un plateau tout à fait conforme à la tradition. Le principal bémol, en dehors de l’éternelle présence des haut-parleurs en face du public, a donc été la météo. Il en faudra donc plus pour empêcher les passionnés de se dire : vivement l’an prochain !

Tribute to Avro Vulcan XH558 G-VLCN

Le Avro Vulcan XH558 G-VLCN, c’était un peu le dernier dinosaure de l’ère atomique, l’ultime rescapé des V-Bomber de la Deterrent Force britannique des années 60 dont il fut un des piliers aux côtés des Valiant et Victor. Retiré du service un peu après la Guerre des Malouines  – à laquelle les derniers appareils opérationnels ont brillamment participé avec les légendaires missions « Black Buck » le dernier Vulcan préservé en état de vol, a tiré aujourd’hui sa révérence après un ultime court vol depuis l’aéroport de Doncaster, mettant un point presque final à une histoire extraordinaire comme seuls nos amis anglais en sont capables.

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28 octobre 2015, 16 heures à Paris. C’est terminé. Le Vulcan s’est posé, a déployé son parachute de freinage et roule pour quitter la piste. (capture d’écran Periscope.tv)

Entré en service en 1960, le XH558 a fait partie des six derniers avions de ce type en service dans la RAF, car modifiés en ravitailleurs en vol au sein du 50 Squadron, jusqu’en 1984. Après la dissolution de l’unité et la mise à la retraite du type, le XH558 a été maintenu en état de vol au sein du RAF Vulcan Display Flight de 1985 à 1992. Conservé ensuite entre des mains privés en excellent état sur un aérodrome du Lecestershire, puisqu’il était amené à effectuer des roulages à haute vitesse sur cette piste lors de journées porte-ouverte, il est restauré à partir de 1999 pour être remis en état de vol.

Le Vulcan to the Sky Trust (VST), ayant réussi l’exploit de réunir à la fois le financement et les compétences techniques, parvint à faire revoler cet avion le 18 octobre 2007. Depuis, il a été présenté en vol lors de très nombreux meetings aériens, hélas uniquement en Grande-Bretagne, où chacune de ses apparitions a autant drainé les fanas que les curieux créant à chaque fois l’évènement.

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Une allure reconnaissable entre mille. (Photo : H.-P. Grolleau)

Au début de la saison des meeting 2015, VST annonça que le Vulcan effectuait sa dernière saison et qu’il serait arrêté de vol en octobre pour être conservé « vivant » sur l’aérodrome de Doncaster.

La tournée d’adieux fut soutenue et chacun de ses vols, annoncés et commentés en temps réel sur les réseaux sociaux, fut suivi avec attention par tous les fanas du monde entier avec en point d’orgue les longs vols des 10 et 11 octobre au cours desquels l’avion a fait le tour de l’Angleterre pour pouvoir être admiré par tous.

Ces deux vols étaient en fait dictés par la très forte demande du public, avide de voir une dernière fois voler cette légende volante. Pour d’évidentes raisons de sécurité et aussi pour garantir au Robin Hood Airport de pouvoir assurer sa mission quotidienne sans problème, le Vulcan to the Sky Trust a même clairement recommandé aux personnes intéressées de ne pas se rendre à Doncaster car on peut imaginer sans problème les perturbations que plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, et leurs véhicules, pourraient engendrer aux abords de cet aéroport régional.

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Itinéraire initialement prévu pour les vols des 10 et 11 octobre 2015 du G-VLCN. Beau programme pour une exceptionnelle tournée d’adieu.

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A l’issue de son vol du 11 octobre, après avoir défilé au-dessus de l’aéroport d’East Midlands, le Vulcan a été rejoint par le Jet Provost G-BWSG à bord duquel se trouvait un photographe pour immortaliser ces instants uniques, ce qui explique cette trajectoire un peu erratique avant de revenir se poser à Doncaster . (Capture Flightradar24)

Pour ces mêmes raisons, l’ultime vol du 28 octobre n’a été annoncé publiquement que 30 minutes avant le décollage.

Comme l’explique Robert Plerning, à la tête de VST, la principale raison de l’arrêt des vols du G-VLCN est le retrait du soutien des différents industriels, BAe Systems, Marshall Aerospace and Defence Group et Rolls-Royce, impliqués dans le suivi technique et réglementaire de l’avion. D’autres facteurs sont aussi entré en compte comme le manque de moteurs de rechange encore avionables après l’incident du 28 mai 2012 où l’ingestion de sacs déshydratants laissés dans l’entrée d’air et non détectés lors de la visite prévol endommagèrent deux réacteurs, forçant leur remplacement par deux Olympus gardés en réserve. En 2013, le XH558 ayant dépassé le total d’heures de vol jamais atteint par aucun autre appareil de ce type, se trouva également confronté à la limite de potentiel de son aile. Cette saison-là fut donc annoncée comme étant  la dernière jusqu’à ce que Cranfield Aerospace parvienne à trouver une solution pour prolonger de deux ans le potentiel de cette pièce majeure et dont la modification s’acheva en mars 2014, juste à temps pour la nouvelle saison de meetings.

Tout au long de sa troisième vie, de 2007 à 2015, le financement de cet avion lourd et techniquement complexe a été un problème. La fondation de la loterie nationale britannique offrit £ 2 734 000 en 2004, parmi d’autres sponsors mais c’est l’apport des passionnés qui, chaque année, permit d’apporter les quelques centaines de milliers de Livres manquantes pour boucler les budgets, preuve de l’attachement profond de la population britannique à son patrimoine aéronautique, et le caractère sérieux que nos voisins d’outre-manche confèrent à leurs hobbies !

Ces 8 dernières années, le Vulcan a donc été une star absolue. En dépit de sa grande taille, son immense surface alaire autorisait à l’appareil des évolutions très spectaculaires en basse altitude. Son équipage mettait donc un point d’honneur à le présenter en vol de façon absolument exemplaire, avec un ensemble de manœuvres mettant parfaitement en valeur les formes de l’appareil et ses performances en jouant sur sa maniabilité et sa puissance mais sans jamais donner l’impression de forcer. Un régal !

Il en a donc mis plein les yeux (et plein les oreilles) aux spectateurs des meetings aériens de Grande Bretagne, comme au Tatto 2010 à Fairford.

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Cette grande aventure s’est donc terminée ce 28 octobre, à 15h13, heure locale, lorsque l’équipage a coupé les quatre Olympus.

Enfin, pas tout à fait non plus puisque l’avion va être conservé et pourrait, au moins, toujours procéder à des roulages à grande vitesse sur la piste de Doncaster, ce qui ne manquera pas de continuer d’attirer la foule. Mais on ne verra plus cette silhouette extraordinaire transpercer les nuages britanniques !

Cependant, comme le rappelle à l’envi le Vulcan to the Sky Trust, reprenant les paroles du dessinateur Dr Seuss pour illustrer ces adieux en fanfare :

« Don’t cry because it’s over, smile because it happened. »

« Ne pleure pas parce que c’est terminé, souris parce que c’est arrivé ! » .

 

On ne saurait mieux dire !

Journée portes-ouvertes à l’héliport d’Issy les Moulineaux

L’héliport d’Issy les Moulineaux a ouvert ses portes au public le dimanche 20 septembre 2015 afin que les amateurs, les curieux et les riverains puissent approcher ces étranges machines bourdonnantes. Cette opération s’inscrivait dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, auxquelles le terrain d’aviation s’associe depuis déjà plusieurs années.

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Le public est venu nombreux approcher les hélicoptères à Issy les Moulineaux.

Pour l’héliport, qu’on sait menacé, la participation aux journées du patrimoine n’est pas un hasard et loin d’être hors sujet. Le carré de pelouse qui reste à disposition des hélicoptères n’est qu’une infime partie d’un immense champ militaire que les aviateurs du début du 20e siècle avaient transformé en champ d’aviation. En janvier 1908, c’est là qu’Henri Farman a réalisé l’exploit de voler sur une distance d’un kilomètre à bord d’un drôle d’aéroplane, effectuant deux branches de 500 mètres et un virage au milieu, un exploit extraordinaire ! Issy les Moulineaux, c’est donc le plus ancien terrain d’aviation encore en service au monde.

Grâce à une participation très active des entreprises présentes sur le site, cette année le parking le long de la rue Farman était presque trop petit puisqu’une dizaine d’hélicoptères étaient exposés, accessibles au public avec leurs équipages présents pour donner toutes les explications utiles, RTE et son travail de surveillances des lignes électriques, le SAF et ses missions variées, et bien sûr les hélicoptères en contrat pour le SAMU, véritables ambulances volantes.

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La mission des appareils de RTE, Réseau de Transport d’Electricité, est la surveillance et la maintenance des lignes de distribution de cette énergie. Une mission aussi discrète que vitale.

Les administrations n’étaient pas en reste puisque la Sécurité Civile exposait un des deux Dragon EC-145 basé localement. La Gendarmerie était présente avec un EC-135, l’Armée de l’Air avec un Fennec venu spécialement de Villacoublay et l’armée de Terre avec un Puma du GIH. Le prototype ayant fait son vol inaugural en avril 1965, c’était effectivement l’occasion de se souvenir que le Puma a 50 ans cette année !

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Les équipages de L’EC-145 de la Sécurité Civile et de l’EC-135 de la Gendarmerie ont longuement, et patiemment, expliqué au public l’ensemble de leurs missions et le parcours professionnel qui les a amené à ces fonctions.

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L’autre vedette de la journée, le Puma, toujours impressionnant lorsqu’on l’approche.

Un hélicoptère de construction amateur et un autogire étaient là pour offrir un spectre large de toutes les utilisations possibles des voilures tournantes, mais c’est l’Alouette II n°1003 qui a été, une fois de plus, la grande vedette du jour.

AL II

Immatriculée en « Alpha Zoulou », l’Alouette II n°1003 est désormais un aéronef « de collection ». En 2007, elle a montré sa fiabilité en traversant l’Atlantique pour se rendre à Oshkosh au nord de Chicago !

Ouvrir ce monde économique qui vit bien gardé derrière les barrière imposées par les règlementations actuelles, c’est lui donner aussi l’occasion de répondre de vive-voix aux vraies question : « l’hélico qui a décollé hier soir vers 23h30 c’était celui de la Sécurité Civile qui partait, une fois de plus, sauver une vie, une mission qui vaut bien qu’on émette quelques décibels, et l’EC-145 est bien plus silencieux que l’Alouette III que vous avez peut-être connue il y a une dizaine d’années ! ». Et « Non, ce sont bien les hélicoptères de service public qui sont les plus gros utilisateurs de la plateforme, et depuis longtemps ! »

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Indéniablement, année après année, la journée porte-ouverte de l’héliport s’affirme comme un succès public.

Et pendant ce temps là, l’activité de l’héliport a continué avec une poignée de mouvements, histoire de constater qu’en termes d’émissions sonores il y avait désormais un monde entre la vénérable Alouette II et les appareils modernes.

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De passage à Issy ce dimanche, le MD-900 du Samu du Pas-de-Calais a autant fasciné la foule par sa formule dépourvue de rotor anti-couple que par sa discrétion sonore.

D’ailleurs, c’est bien la vocation opérationnelle du site qui a constitué une des grandes attractions de la journée puisque le matin, un des deux EC-145 du GHSC a décollé pour une mission urgente, et visiblement très médiatisée, autour de la Tour Eiffel et dans l’après-midi, a assuré deux missions médicales vitales en région parisienne. Les allées et venues du Dragon ne passant pas inaperçues aux yeux des visiteurs présents alors sur le site.

Comme lors du meeting aérien de Tours où les avions des lignes régulières ont participé au spectacle, l’activité normale de l’héliport a été, en soi, une explication de sa raison d’être.

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En fin d’après-midi, le Fennec de l’armée de l’Air est reparti vers Villacoublay.

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50 ans après le premier vol, la silhouette du Puma est toujours aussi familière.

Une fois de plus, c’était un plaisir de flâner sur l’héliport. Même la météo a été clémente si bien que le public est venu en nombre, plus de 2000 personnes au cours de la journée souvent en famille, et nul doute que de nombreux enfants, qui ont eu entre les mains un manche et un collectif ne vont plus regarder les hélicoptères comme avant. Des vocations sont  forcément nées, c’est inévitable !

Un souci sur le train d’atterrissage du Vulcan XH558 à Prestwick

Samedi dernier, à son arrivée à Prestwick pour le Scottish Airshow 2015,  le Vulcan XH558 a rencontré un problème avec son train d’atterrissage avant, lequel était sorti imparfaitement et non verrouillé. Le pilote du Spitfire du RAF Battle of Britain Memorial Flight, présent également pour le show, s’est alors immédiatement proposé pour venir examiner visuellement le problème ce qui fut fait avec la collaboration active des contrôleurs aériens. Une fois rassemblé sur le Vulcan, le pilote du Spit a confirmé que rien ne bloquait la jambe autorisant alors l’équipage à tenter de la verrouiller en effectuant des manœuvres sous facteur de charge. L’opération a parfaitement réussi et le jet est venu se poser sans problème.

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Le Vulcan XH558 en juillet 2010 à Fairford. Quelle ligne incroyable !

Grâce aux spotters, toujours plus nombreux quand le Vulcan se déplace, l’ensemble de l’opération a été filmée et les conversations radio enregistrées.

Voir la video sur youtube.

Un bel exemple de collaboration et de solidarité.

Après une première vérification effectuée sur place, le Vulcan est rentré en vol le lendemain à sa base de Doncaster, entraînant de fait l’annulation de son apparition lors du Victory Show à Cosby prévue ce jour-là. Le convoyage a cependant été effectué, par précaution, trains sortis. Une fois dans son hangar du Robin Hood Airport,  le Vulcan a été placé aux bons soins de ses mécanos qui, après une semaine de travail ont déclaré l’avion bon pour reprendre la suite de sa formidable tournée d’adieux dès ce weekend.

Il  ne reste donc plus qu’une toute petite poignée d’opportunités en septembre et octobre pour admirer en vol cet appareil incroyable. Espérons que rien, ni nouveau pépin technique ni météo, ne vienne gâcher ces spectaculaires derniers vols.

Retour sur Axalp 2012

L’Axalp, c’est une démonstration aérienne unique et incroyable. C’est aussi le meeting aérien le plus court au monde, et c’est clairement celui qui demande le plus d’efforts pour l’atteindre. Mais une fois là haut, pour peu que la météo soit aussi douce qu’en ce mois d’octobre 2012, c’est un moment qui fait oublier très vite la fatigue de l’ascension nécessaire pour accéder aux pentes qui longent le célèbre champ de tir de l’aviation militaire suisse.

Plusieurs fois par an, les pilotes militaires suisses exercent leurs talents au tir sur cible au milieu des Alpes pour valider leurs aptitudes professionnelles. Le champ de tir, situé au-dessus du village de l’Axalp, dans le massif de la Jungfrau, est donc l’un des plus exigeant au monde, et s’exercer-là montre quel niveau de pilotage il faut pour pouvoir assurer la défense aérienne du territoire helvétique. Traditionnellement, la session d’entraînement du mois d’octobre est ouverte au public. En gros, les Suisses n’ont pas le défilé du 14 juillet, alors ils grimpent la montagne pour voir leurs avions !

Si l’accès à la manifestation est gratuit, le service de navettes depuis la vallée, en bus, est cependant payant, mais à un prix raisonnable. Le prix de 20 Francs Suisse (aujourd’hui, ça fait 20 €, le change était plus favorable en 2012) demandé pour passer de 500 mètres à 1600 mètres d’altitude sans se fatiguer comprend aussi, divine bonne surprise, le prix du remonte-pente permettant ensuite de passer de 1600 à 1900 mètres sans gaspiller une goutte de sueur. Autant dire que le gain de temps et de fatigue rend ce tarif totalement indolore. Car pour passer de 1900 mètres aux 2200 mètres du site prévu pour accueillir la foule des spectateurs, c’est une autre paire de manches. Pente forte, chemin boueux à la limite du praticable… Et surtout le manque d’oxygène qui se fait sentir très tôt quand on est un citadin qui a passé 99,99% de son existence à proximité du niveau de la mer !

Une première session de tirs se déroule en milieu de mâtinée pour des pilotes de F-18 et de F-5. Malheureusement, la plupart d’entre nous étions encore en train de peiner dans les champs à vaches à ce moment là, mais ces avions filant au-dessus de nous et tirant au canon contre les cibles que nous pouvions déjà apercevoir était un moment juste dantesque et nous a plongé dans l’ambiance, en particulier sonore, d’une journée décidément pas comme les autres.

Une fois arrivé, entre les paysages sublimes et l’ambiance familiale, les deux heures, deux heures et demie de marche s’oublient vite. En haut, le panorama est délicieux et la lumière d’une douceur exceptionnelle. La température est clémente. Il est l’heure de casser une petite croute avec les sandwiches achetés la veille sur une aire d’autoroute tandis que nos voisins, sans complexe, sortent le fromage, le pain et le caquelon pour une fondue !  L’ambiance est très cool, les gens se parlent, d’autres font la sieste. On est bien ! vraiment bien !

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Enfin à pied d’œuvre ! Le meilleur emplacement est devant la tour, mais il faut encore marcher. Alors nous restons là, sans regret. On distingue à droite les cibles 1 et 2.

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Derrière nous, 1500 mètres plus bas, la ville de Brienz et son lac. Couleurs garanties sans trucage ni retouche.

Ce sont les hélicos qui occupent le ciel dans la matinée après les premiers exercices de tirs, ils acheminent les VIP invités par l'aviation Suisse. Il ne faut pas être jaloux, grimper, c'est faire du sport et c'est bon pour la santé !

Ce sont les hélicos qui occupent le ciel dans la matinée après les premiers exercices de tirs, ils acheminent les VIP invités par l’aviation Suisse. Il ne faut pas être jaloux, grimper, c’est faire du sport et c’est bon pour la santé !

Axalp Hornet tir

Arrivent ensuite les F-18 et leurs pilotes d’active. Il est 14h00 pétante ! Pétante, c’est le mot !

Ils dégagent ensuite par les vallées et les crêtes, en fonction des cibles tirées. Chaque appareil fait une passe de tir sur chacune d’entre-elles selon des trajectoires obligatoirement précises.

Axalp Hornet vortex max

Les manœuvres sont sèches, violentes, brutales même, ce que l’humidité relative de l’air souligne clairement alors.

 Impacts d'obus d'exercices de 20mm sur la cible 1.

Impacts d’obus d’exercices de 20mm sur la cible 1.

A noter que ce meeting est très difficile à photographier, en raison des contre jour, du manque de soleil et des ombres des montagnes, d’où la nécessité de disposer d’objectifs super lumineux, si possible, ou de monter en Iso. S’ajoutent à ça la vitesse de défilement des avions et leurs trajectoires serrées. C’est sportif ! Mais le résultat en vaut vraiment la chandelle. Les photos présentées ici ont toutes été faites avec un Nikon D7000 équipé d’un Sigma 120-400 f/4,5-5,6 stabilisé, sauf les deux premières vues générales faites avec un Nikon D70 et un Nikkor 18-105 f/3,5-5,6. Ces photos ont été recadrées et mis à part l’ajout de la signature et d’une légère compression n’ont pas été plus retouchées.

Arrivent ensuite les F-5 pilotés par des réservistes, les fameux pilotes miliciens. Le bruit est impressionnant et résonne dans le massif. C'est l'occasion de percevoir vraiment la vitesse du son... Au moment où on entend le tir, les obus sont déjà sur la cible...

Arrivent ensuite les F-5 pilotés par des réservistes, les fameux pilotes miliciens. Le bruit est impressionnant et résonne dans le massif. C’est l’occasion de percevoir vraiment la vitesse du son… Au moment où on entend le tir, les obus sont déjà sur la cible…

Après les tirs, les F-5 dégagent par la vallée...

Après les tirs, les F-5 dégagent par la vallée…

… Ou en passant les crêtes en face de nous. Comme le public est positionné largement à contre-jour, c’est effectivement depuis ces emplacements que les meilleures photos peuvent être faites, mais ils sont à plus de 2400 mètres d’altitude et pour y accéder, il faut être un vrai alpiniste…

Les derniers achèvent la séance par un tir d’obus « bons de guerre ». Ce n’est ni le même bruit, ni la même puissance, clairement !

Juste pour vous donner une idée du caractère impressionnant de l’affaire, on peut  préciser que les avions qui ouvrent le feu sur la cible 2 sont alors derrière la foule et que les obus nous ont donc survolés. Comme les spectateurs sont sur le versant, ils sont protégés par le flanc de montagne mais à bien y réfléchir, j’imagine la crise d’apoplexie dans le bureau du préfet des hautes-Alpes lorsqu’un responsable de l’Armée de l’Air viendra lui expliquer vouloir organiser une manifestation identique dans son département. Faudra filmer la réunion, ça pourrait être drôle !

Les avions reviennent ensuite pour ouvrir la seconde partie du spectacle, le meeting aérien proprement dit. L’exercice de tir n’a duré que 20 minutes, mais près d’une vingtaine d’avions différents sont passés et les temps morts ont été très courts entre les différentes passes. On en a déjà plein les yeux… et plein les oreilles !

PC-21

Le Pilatus PC-21 ouvre le bal. L’avion d’entraînement le plus moderne produit par la société suisse, cet appareil a tout d’une Ferrari, des performances, de la classe et même la couleur ! Il se pourrait qu’il s’exporte bientôt dans notre pays… sans doute le meilleur choix possible.

Axalp Gripen

Mais la grande vedette, l’attraction, c’est ce Gripen biplace suédois, présageant le Gripen NG que les militaires suisse venaient de sélectionner au détriment du Rafale et de l’Eurofighter quelques jours plus tôt. Et puis une votation a eu lieu en 2014… Démonstration en vol très molle, mais le pilote suédois n’était pas un familier du site !

Axalp Sar Suisse

Les Pilatus PC-6 enchaînent ensuite en larguant quelques paras, tandis qu’un EC-635 fait la démonstration de ses capacités de sauvetage grâce à un équipier volontaire qui fait un baptême de l’air dans une position originale.

SuperPum Bambi

Plus original encore, les hélicoptères de manoeuvre lourds de l’aviation suisse sont capables d’assurer des missions de lutte anti-incendies (l’été, les résineux dans les Alpes, c’est du combustible facile) avec des Bambi-Bucket. Les pilotes ont la particularité d’être qualifiés pour les largage de nuit sous JVN, ce qui n’a rien de très commun.

Solo Puma

Ils laissent ensuite la place au Solo, extrêmement spectaculaire, en particulier lors de sa remontée le long de la pente en larguant les leurres.

Axalp Passager F-18 leurres

Il laisse ensuite la place au Solo Display F-18 qui, lui aussi, fait un usage sympathique de ses leurres thermiques !

Axalp F-18 passage vortex

Et régale la foule de passages rapides sublimés par la condensation. La démo du F-18 Suisse a toujours été un joli moment de pilotage, sur un avion qui bouge naturellement déjà bien. A l’Axalp, la démonstration prend une tournure encore plus prodigieusement spectaculaire.

Pat Suisse

Puis c’est à la Patrouille Suisse de clore le spectacle en évoluant en formation serrée au cœur des Montagnes.

Miroir Pat Suisse

Certaines figures qu’on pourrait penser anodines, comme ce vol relatif en miroir, deviennent un tour de force quand il s’agit de franchir une crête dans cette position.

Axalp patrrouille Suisse

Après un dernier passage, le spectacle se termine. Les vols n’ont duré qu’une heure et demie. Seulement ? Mais en 90 minutes, on en a vu bien plus que dans bien d’autres manifestations  aéronautiques ! Et ça valait vraiment la peine de gravir cette montagne !

Bien sûr, il y a les exercices de tirs sur cibles qui sont absolument stupéfiants et qui représentent un spectacle rare et terriblement spectaculaire, mais il y a aussi ces démonstrations en vol au cœur des montagnes et celle-ci offrent un environnement hors du commun à cette exhibition. Un exercice de précision de pilotage sans équivalent.

Il faut ensuite redescendre. La marche du retour est bien moins difficile en fait même si en descendant les éboulis vers le torrent j’ai été doublé par un chamois qui m’a ouvert la route et qui, en se cassant la gueule sur une trajectoire très difficile, m’a gentiment montré le chemin à ne pas suivre. Inutile de penser prendre le remonte-pente pour gagner du temps et de l’énergie, il est pris d’assaut par la foule ! Autant redescendre à pieds vers le village où les navettes attendent les marcheurs les plus rapides. Comptez deux bonnes heures de marche et un peu d’attente ensuite, le temps que les bus descendent et remontent. A 19h pétante, nous avions rejoint notre voiture près de la gare de Brienz, de l’autre côté du lac, 12 heures exactement après avoir embarqué dans la navette le matin même. 12 heures, et plus de temps à marcher qu’à regarder les avions finalement, mais…

Et puis, il y a ce que les photos ne montrent pas, l’organisation Suisse, assez stupéfiante avec un côté germanique pour la rigueur des opérations et un côté « cool » un peu latin. Curieux mélange mais tellement plus efficace que si c’était l’inverse !

Un exemple : la veille, l’exercice, qui devait normalement s’étaler sur deux jours, avait été annulé pour cause météo. Il avait beaucoup plu. Mais vraiment beaucoup. Les champs en bas de la montagne qui avaient été balisés pour recevoir les nombreux véhicules des spectateurs étaient devenus impraticables. Dans l’après-midi, la décision a été prise de garer les voitures un peu plus loin… sur les pistes de la base de Meiringen. Dans l’après-midi, les F-18 prévus pour voler le lendemain ont donc décollé pour se positionner à Payerne et effectivement, dès le petit matin, les spectateurs de l’Axalp se sont garés sur les pistes et le taxi-way de la base, les pneus bien au sec, prêts à repartir.

Imaginez la même chose en France ?

Vous y arrivez ?

Pas moi !

Le prochain exercice aura donc lieu au mois d’octobre prochain. Il n’a pas eu lieu en 2013 en raison justement de la météo, ni l’année suivante car toute les équipes de l’aviation militaire helvétique étaient accaparées par l’organisation du meeting aérien géant Payerne 14.

Axalp Meiringen PC-7 vaches

Un PC-7 se pose à Meiringen par une météo un peu humide. Les vaches dans le champ à côté ne lèvent même pas la tête. Quand c’est un F-18 qui décolle, elles ne bougent pas non plus. Tranquilles !

En plus de profiter des paysages superbes, ce fut aussi l’occasion de spotter à Meiringen la veille de l’exercice et de découvrir les particularités des bases suisses sans barrières et où les routes traversent les pistes comme elles traverses les lignes de chemin de fer. Bon, l’aspect ouvert des installations militaires suisses a aussi ses limites, les cavernes creusées à flanc de montagne où les avions sont garés à l’abri de toute attaque sont, quant à elles, extrêmement protégées et l’enceinte qui les protège, aucun terroriste et aucun gangster ne parviendra à la franchir… Mais côté piste, un immense enclos était prêt pour recevoir les spotters venus en nombre. Très près de la piste. Mais ceci n’a rien d’exceptionnel car de nombreuses fermes se trouvent à proximité immédiate des taxi-way. Espérons que les éleveurs sont intéressés par les avions, parce que sinon, quel dommage !

F-18

Spotter près d’une base suisse, c’est une expérience à vivre, même sous la pluie !

Les vaches sont placides, même pas effrayés par le bruit des jets, et quand il n’y a pas d’avion, elles peuvent aussi regarder passer les trains qui circulent dans la vallée. A noter qu’il y a une auberge-restaurant juste à côté des bâtiments de la base et que la cuisine familiale qu’on y propose est tout à fait sympathique, j’ai gardé leur carte de visite, on ne sait jamais !

Le prochain exercice aura donc lieu les 7 et 8 octobre prochains. Alors si vous avez la possibilité d’y aller, que vous vous sentez assez en forme pour une petite randonnée en Montagne,  n’hésitez pas trop, l’Axalp est une expérience en soi, et un meeting aérien qui se mérite. Qui le mérite !

 

Un grand, énorme, merci à Christian pour cette inoubliable opération !

le défilé du 14 juillet à Paris

 Le traditionnel défilé du 14 juillet s’est donc déroulé sous une météo un peu couverte mais avec une température très clémente, très agréable. Le défilé aérien, qui ouvre les festivité, a été l’occasion d’admirer, certes un peu furtivement, quelques avions particulièrement rares et intéressants.

Paf top fumigène

La Patrouille de France était dans une configuration très particulière puisqu’elle a évolué, pour la première fois, à 12 Alpha Jet. Aux avions habituels, numérotés de 0 à 9, sont venus s’ajouter deux autres avions, également aux couleurs tricolores. Des avions ayant rejoint les unités de Cazaux ou Tours après leur affectation à Salon et n’ayant pas encore eu le temps de passer en atelier peinture, ou bien l’inverse, prêt à remplacer deux appareils ayant fait « leur temps » ? Quoi qu’il en soit, la Croix de Lorraine était très jolie.

SEM Rafale

Les Marins, en plus d’un Atlantique et d’un Falcon 50 on présenté un box « chasse » avec deux Rafale M et deux Super Etendard. Il faut profiter de la petite poignée d’occasions qu’il va rester pour voir le bon vieux SEM évoluer car la retraite arrive à grands pas pour l’avion d’attaque embarqué entré en service en 1978.

Mirage 2000N

L’avenir des Mirage 2000N est également très limité puisque leur retrait de service reste prévu pour 2018.

Hélicos AA

Lors du défilé des hélicoptères, l’Armée de l’air a eu la bonne idée de convier le Puma aux couleurs de l’ETOM désormais affecté en métropole.

Attaque défense

Pour la première fois, deux CL-415 de la Sécurité Civile ont survolé les Champs. Leur présence avait été annoncé plusieurs fois ces dernières années mais la situation dans le sud de la France n’avait pas permis de libérer les avions pour une manip non opérationnelle. Il faut remonter à 1977 pour voir des Canadair au-dessus de Paris, à l’époque des CL-215. La dernière participation des avions de la Sécurité Civile remonte à 2011 avec les deux Q400MR.

A340

A340 T1

L’Airbus A340-200 F-RAJA de l’ET 3/60 Estérel a clôt le défilé. Lors de la répétition, c’est le F-RAJB qui a été utilisé. Ainsi, les parisiens ont pu admirer chacun des deux quadriréacteurs de ce type utilisés par l’Armée de l’Air. Ces deux appareils, stationnés à Roissy, font rarement parler d’eux, ils effectuent pourtant, souvent très discrètement, des missions stratégiques de première importance.

Corvette

Les observateurs les plus attentifs ont sans doute remarqué en accompagnement de la Patrouille de France, un petit biréacteur, un peu sur le côté de la formation. Il s’agit tout simplement d’un appareil utilisé pour les prises de vue air-to-air. Mais plus intéressant, l’avion, qui appartient à la société spécialisée Aerovision est une Corvette, construite par Aérospatiale dans les années 70. Et il y a de très fortes chances que cet avion soit le dernier de son espèce en état de vol. En fait, l’avion le plus rare à survoler Paris… c’était lui !

Rafale Corvette

A noter que lors de la répétition du 9 juillet, il avait accompagné un box de Rafale mais avait dégagé juste avant d’aborder la Défense. Bien d’autres appareils méritaient le coup d’oeil comme les Caracal de l’Armée de l’air équipés de leur perche de ravitaillement en vol, le C-130 et le Casa 295 de l’aviation militaire espagnole, les Mirage 2000 « bleus », les NH90 et bien sûr les Tigre de l’ALAT.

Contrairement aux années précédentes, il n’y a eu aucune exposition de matériel militaire sur l’esplanade des Invalides, qui devenait, pour le coup, temporairement le plus bel héliport du monde. Si il fallait une preuve que les opérations en cours, intérieures comme extérieures, tirent sur les ressources militaires comme rarement, la voilà. Espérons que cette manifestation, qui permettait d’alimenter le lien « nation-armée », revienne vite. Ce serait le signe d’un apaisement généralisé et d’un retour à une situation normale.