Retour sur quelques défilés du « La Fayette » au Memorial Day

Au bout du parc de Saint-Cloud se trouve le mémorial de l’Escadrille La Fayette. Ce monument émouvant a été érigé au cours des années 20 pour abriter les corps des aviateurs américains qui ont péri aux commandes de leurs chasseurs lors de la première guerre mondiale, certains ayant rejoint d’aviation militaire française bien avant l’entrée en guerre de leur pays. Le nom de Lafayette, héros de la guerre d’indépendance américaine, s’imposa alors de lui-même comme un juste retour d’une jeune nation reconnaissante à son allié du vieux continent.

Les pilotes de l’Escadrille La Fayette en juillet 1917. 8 de ces hommes reposent à Marnes-la-Coquette, dont Thenault, assis au milieu, et Lufbery, à sa gauche et qui tient Whisky, un des deux lionceaux mascottes de l’unité, sur ses genoux. (Photo : USAF)

L’histoire même de l’Escadrille La Fayette est une des grandes épopées de l’histoire de l’aviation. Au même titre que celle du Normandie-Niemen, à une autre époque et plus loin à l’est, elle est devenu l’emblème du sacrifice de jeunes hommes pour des causes qui les dépassaient eux-même. Quelque part, les quelques corps inhumés aux portes de Paris répondent aussi à la même émotion que les autres corps, bien plus nombreux, qui reposent sous les croix blanche des cimetières de Normandie.

Le Mémorial Lafayette se trouve sur la commune de Marnes-la-Coquette, au bout du parc de Saint-Cloud. Il a été érigé à la fin des années 20 pour abriter les sépultures des jeunes aviateurs américains dans sa crypte.

70 aviateurs reposent encore dans la crypte du mémorial. Parmi eux se trouvent aussi deux français, décédés après guerre, Georges Thenault et Antonin Brocard, qui furent leurs chefs.

Tous les ans, à l’occasion de la journée du souvenir des anciens combattants américains, le Memorial Day, les aviateurs se souviennent de leurs héros et effectuent un défilé aérien au-dessus du mémorial, ce qui ne manque pas d’intriguer les témoins tant cette cérémonie est peu connue et les avions de chasse assez rares si près de Paris.

Le point d’orgue de ces défilés se déroula à l’occasion du centenaire de l’escadrille en 2016. Le La Fayette défila avec 3 Mirage 2000N dont le numéro 353 spécialement décoré et un Rafale qui symbolisait l’avenir de l’unité. L’US Air Force fut représentée par un box de quatre chasseurs F-22 du 94th FS, unité héritière du 94th Aero Squadron qui combattit en France en 1918 et qui compta dans ses rangs l’As des As US de ce conflit, Eddie Rickenbacker (26 victoires).  Il furent suivis quelques minutes plus tard par un bombardier B-52 du 5th Bomb Wing qui effectua d’une traite, sans escale, le vol aller-retour depuis sa base de Minot AFB dans le Dakota du Nord.

Dernier virage pour la patrouille de Mirage 2000N le 14 avril 2016 à l’occasion de la répétition du défilé.

L’année suivante, bien que plus sobre, le La Fayette se montra fidèle à l’évènement. Voici deux photos prises lors de la répétition générale quelques jours plus tôt.

 

En 2019, cette-fois, quatre Rafale sont passés. En effet, le Mirage 2000N ayant été retiré du service, l’escadron est désormais opérationnel sur sa nouvelle monture, le Rafale B, depuis sa base de Saint-Dizier.

Quatre F-15 du 48th Flighter Wing de la base de Lakenheath en Grande Bretagne étaient annoncés, malheureusement, ils ont annulé leur présence au dernier moment.

Un matin de printemps, en faisant votre footing dans le parc de Saint-Cloud, si le chant des oiseaux est perturbé quelques secondes par le hurlement de quelques réacteurs, ce n’est ni une répétition du défilé du 14 juillet – c’est un peu trop tôt pour ça – ni un exercice militaire. Ce sont juste des aviateurs qui rendent hommages à leurs lointains prédécesseurs.

Thomas Pesquet, un Rafale et les collégiens de Bellême !

En seulement quelques mois et par une utilisation parfaite des réseaux sociaux, Thomas Pesquet est devenu plus qu’un voyageur de l’espace mais bien un phénomène médiatique.

Portrait officiel de Thomas Pesquet, dixième français à voler dans l’espace. (Photo : ESA)

Ingénieur aéronautique diplômé de SupAéro, il travaille pour le CNES avant de devenir pilote de ligne et voler sur les Airbus monocouloirs d’Air France. En 2009, il est sélectionné parmi de très nombreux candidats par l’Agence Spatiale Européenne pour devenir astronaute. Après plusieurs années de formation et d’entraînement, il a décollé le 17 novembre 2016 de Baïkonour à bord d’un vaisseau Soyouz pour gagner la station spatiale internationale pour la mission Proxima d’une durée prévue de six mois. Il est le dixième français à partir dans l’espace. Il effectue sa première sortie extravéhiculaire  le 13 janvier 2017 et une deuxième le 24 mars 2017. Une troisième est prévue pour le 24 avril avant son retour prévu sur terre au mois de mai.

En dehors de ses nombreuses expériences scientifiques en apesanteur, le travail indispensable à la maintenance de leur vaisseau spatial, le sport et les périodes de repos, Thomas s’est aussi mué en photographe de l’extrême, photographiant avec un talent certain la terre et ses particularités géographiques.

L’entrée du Golfe du Morbihan, Port-Navalo et l’île aux Moines photographiés depuis l’ISS, à environ 400 km d’altitude. (Photo : T. Pesquet/ESA)

On imagine les éditeurs n’attendre que son retour pour lui proposer de publier un « La terre vue de l’espace » !

Le patch réalisé pour l’occasion et porté par les élèves pour cette occasion unique.

Il y a plus d’un an, avant même le départ de Thomas dans l’espace, à l’initiative de Mme Halley, professeur de sciences physiques, le collège Roger-Martin-du-Gard de Bellême dans l’Orne, s’est porté candidat au projet ARISS (Amateur Radio on the International Space Station, les radio-amateurs sur la station spatiale internationale). Grâce à  deux stations radios, d’une puissance de 25 W chacune, et de quatre antennes permettant des communications vers la terre, l’ISS offre à des élèves de disposer de créneaux pour dialoguer quelques minutes avec le voyageur de l’espace.

Des dizaines de dossiers d’établissements français ont donc été proposés et seulement 12 retenus dont celui de Bellême. La sélection s’est faite sur l’ambition du projet pédagogique de l’établissement mais aussi sur des critères techniques lié à la situation du collège, en particulier l’absence d’obstacle et d’interférences pour assurer une liaison radio optimale avec la station spatiale. Une fois le projet retenu, les élèves de 3e et de 4e ont été largement impliqués dans un ensemble de projets et d’activités interdisciplinaires sous la houlette de l’équipe pédagogique de l’établissement, et de sa direction, mais aussi d’intervenants extérieurs. L’ensemble de l’évolution du projet peut se retrouver ici : http://projet-ariss.belleme.merack.org/wp/

La date retenue pour le contact a été fixée au vendredi 14 avril et le passage de l’ISS dans le secteur permettant la liaison annoncé pour 17h20. En plein cœur des vacances scolaires élèves et enseignants ont donc mis les bouchées doubles pour préparer l’évènement.

Les élèves du collège impliqués dans l’évènement avaient revêtu un T-Shirt confectionné spécialement.

Une douzaine d’établissements scolaires français ont eu la possibilité de parler avec l’ISS, mais à Bellême, les élèves ont eu le droit à un bonus de taille. La Marine Nationale a tenu à s’associer à l’évènement de façon très marquante. Puisque l’objectif était d’offrir la possibilité aux élèves de poser leurs questions à un astronaute, pourquoi ne pas leur offrir aussi l’opportunité de le faire avec un pilote de Rafale… en vol !

Si l’idée semble simple, sur le plan administratif ou opérationnel, elle n’a pas été si évidente à monter, pourtant, à l’heure dite, le Rafale s’est fait entendre, orbitant à 5 nautiques de la ville. Grâce aux moyens techniques des radio-amateurs de l’association F6KCO, la liaison radio a été effectuée sur une fréquence VHF aviation autorisée spécialement pour l’occasion.

A bord de l’avion de combat de la 17F normalement basé à Landivisiau se trouvait le Capitaine de frégate Vincent (1). En cette période de vacances, c’est donc le Pacha de la Flottille en personne qui a assuré la mission de piloter son avion tout en répondant aux questions des jeunes élèves du collège.

Quinze élèves, dont les questions avaient été sélectionnées au préalable, se sont installés dans la cour de l’école, près du poste radio et du haut-parleur installé pour diffuser l’évènement aux spectateurs.

L’attente avant l’arrivée du Rafale. Par chance, la météo était idéale pour  l’évènement, ce n’était pas du tout le cas la veille…

Lorsque la liaison radio a été établie, chaque élève est venu à son tour au micro poser sa question en respectant la même phraséologie qui sera utilisée un peu plus tard pour le contact avec l’ISS.

Discuter en direct avec un pilote de chasse à bord de son avion… Ils sont peu nombreux les collégiens a avoir eu ce privilège !

Interrogé sur ses motivations, sa formation, sa carrière et ses grands souvenirs, le pilote de l’Aéronautique Navale a répondu clairement à tous alors qu’il orbitait à 5 nautiques autour de la ville à basse altitude. Comme prévu et grâce à une météorologie printanière parfaite, il a annoncé ensuite procéder à deux passages sur le collège en guise de salut.

Le Rafale 5 (donc un avion standard F1 passé au niveau F3) survole le collège, crosse d’appontage sortie, aviation embarquée oblige !

Les yeux plantés dans le ciel, les enfants et leurs enseignants ont donc vu débouler un chasseur, crosse d’appontage sortie pour bien démontrer la spécification marine de l’appareil, à tout juste 1000 pieds au-dessus de la ville.

Nombreux étaient ceux qui n’avaient jamais vu un Rafale d’aussi près. Les spécialistes, eux, ont eu le temps de noter que l’appareil était équipé d’un pod Damocles, de deux bidons et d’un seul missile Mica d’exercice en bout d’aile, une configuration assez légère pour ce type d’avion.

Le second passage a été notablement plus musclé. Arrivant selon de même axe, le pilote a battu des ailes pour dire au-revoir et s’est engagé ensuite dans un virage à gauche en montant avec un peu plus de facteur de charge comme en témoignait la  longue traînée de condensation qui avait pris naissance sur le rail de missile de l’aile droite. Ces deux passages ne sont pas passés inaperçus dans la ville… forcément ! Ils ont même poussé les élèves suivant un cours de judo dans le gymnase tout proche à interrompre leur activité et sortir voir ça !!

Deuxième et dernier passage du Rafale M… un peu plus musclé !

L’ensemble des personnes présentes, membres de l’académie, de la collectivité locale, élèves, quelques parents et invités se sont ensuite rendus dans l’amphithéâtre du collège, d’une bonne centaine de places mais néanmoins insuffisant pour accueillir tout le monde si bien que l’ensemble de l’évènement était retransmis par vidéo dans plusieurs salles de classe du collège.

En attendant l’heure fatidique, les radio-amateurs se préparent dans l’amphithéâtre du collège.

Un astrophysicien affecté à l’observatoire astronomique d’Hesloup, situé près d’Alençon, est venu pendant une bonne heure expliquer les enjeux de la mission Proxima et détailler les différents modules de l’ISS et leurs fonctions. Dans les salles, la tension montait. Un des radio-amateurs a ensuite expliqué la très grande complexité de l’opération.

A l’heure où faire une séance skype avec l’autre bout du monde est simple comme un clic sur l’icône d’une application téléphonique, passer un appel radio à 400 km peut sembler une opération routinière facile à entreprendre.

Il faut juste prendre un détail important en compte. L’ISS, en orbite basse à 400 km d’altitude, survole la terre à une vitesse d’environ… 28 000 km/h ! Il lui faut donc une douzaine de minutes pour aller d’un horizon à l’autre. Pour établir une liaison radio stable, il faut donc que le signal soit dirigé efficacement pendant cette très courte période.

L’antenne provisoire dressée dans la cour.

Or, en raison de cette très grande vitesse, la liaison radio est soumise à un effet Doppler et à un glissement de fréquence. C’est là qu’entre en jeu la technicité des radio-amateurs qui, par leur pratique régulière et le matériel acquis à titre personnel ou pour le club, savent maîtriser la difficulté de cette connexion complexe.

Une antenne mobile sur deux axes, pour pouvoir suivre la course de l’ISS, a été installée dans la cour. Elle représente un investissement non négligeable pour l’association mais elle pourra servir à d’autres occasions, même si un nouveau contact avec une station spatiale n’est pas encore au programme.

Si le glissement de fréquence peut être suivi et compensé manuellement par les opérateurs, en raison de l’enjeu de l’évènement, les opérateurs ont  opté pour un suivi automatique histoire de se libérer d’un peu de stress. Car il s’agissait, bien évidemment, d’une opération sans filet !

Cette liaison était un « one-shot », sans possibilité d’une répétition générale préalable et sans aucune chance de report. Autant dire que la pression était maximale sur l’ensemble des personnes présentes. Pour ceux qui s’étaient lourdement impliqué dans la réussite de cette journée, tout pouvait encore basculer, ce qui aurait été une déception abominable.

L’installation technique des radio-amateurs et l’ordinateur portable pour suivre la trajectoire de l’ISS.

L’échec était possible, d’autant plus qu’une mauvaise nouvelle était arrivée en provenance de l’ISS quelques heures avant l’opération. A l’origine, Thomas Pesquet devait pouvoir dialoguer avec Bellême par le son et l’image. En effet, un flux vidéo descendant était prévu, malheureusement une panne survenue dans un des modules de la station n’a pas eu le temps d’être réparé à temps. Les élèves n’avaient plus que la radio pour parler à leur lointain interlocuteur.

A l’issue de la conférence sur l’ISS, à l’approche de l’heure fatidique, les élèves choisis pour poser les questions se sont levés et se sont mis en file indienne, comme lors de leurs répétitions, et ils ont attendu que la liaison soit établie.

Le suspens était à son comble. Bien sûr, il s’agit d’une phrase bateau, d’un poncif, mais dans les travées de l’amphithéâtre et dans les salles de classe attenantes, la tension était palpable. Un an d’investissement de la part de tous pour 10 minutes inoubliables. Voilà quel était l’enjeu !

Après six ou sept appels de l’opérateur radio vers l’ISS resté sans réponse, soudain, la voix forte et néanmoins très claire de Thomas Pesquet a résonné dans les haut-parleurs !

Un véritable frisson a circulé dans l’assistance !

Comme par miracle, la pression s’est envolé, notamment pour le professeur de science physique instigatrice et animatrice du projet dont le soulagement évident ne faisait plus aucun doute.

A quelques secondes d’envoyer un message dans l’espace.

C’était aux élèves de jouer désormais !

Pendant quelques minutes, comme certains l’avaient fait avec le pilote du Rafale quelques minutes plus tôt, ils sont venus un à un, sans précipitation mais avec célérité, au micro pour poser leur question et attendre la réponse de Thomas Pesquet, en orbite à 400 km au-dessus d’eux.

Parler à un astronaute dans l’espace ou le faire devant les caméra et les micros des journalistes… il fallait rester concentré !

Ce dernier avait reçu la liste des questions et avait préparé ses réponses. Bien sûr, ce qu’on perd en spontanéité est autant de temps gagné car le but était bien que tous les élèves puissent poser leur question et avoir leur réponse car le temps imparti était bien limité.

Les questions ont bien évidemment porté sur sa formation, sa sélection, sa vie et sa mission à bord de l’ISS, mais aussi sur son avenir. Mais la question la plus touchante est arrivée vers la fin lorsqu’un élève lui a demandé : « Thomas, tu es normand, et nous sommes en Normandie (2), est-ce que tu te souviendras de nous ? Et est-ce que tu viendras nous voir ? »

L’évènement a été filmé et diffusé en direct.

Il est évident qu’à l’issue de sa très longue mission, le planning de Thomas Pesquet va être encore plus chargé que celui du nouveau Président de la République et il lui sera difficilement possible de venir visiter l’ensemble des collèges avec lesquels il a eu une liaison radio mais qui sait… Du côté de Bellême, on en rêve déjà ! Tout comme on espère aussi rencontrer un certain pilote de chasse, commandant de flottille de Rafale !

Désormais, les équipes du collège vont pouvoir profiter de leur deuxième semaine de vacances avec la profonde satisfaction d’avoir mené à bien une double opération ambitieuse, complexe mais véritablement motivante. Les élèves vont sans aucun doute avoir du mal à réaliser la portée de cet exercice mais il faut bien reconnaitre qu’en matière d’enseignement mais aussi d’ouverture d’esprit, de culture générale, le défi a été largement relevé.

Les participants à cette journée mémorable posent dans la cour en fin d’après-midi. Tout le monde est soulagé, tout s’est passé comme prévu !

D’autres projets sont désormais en cours au sein du collège, qui, sans avoir aucune spécificité aéronautique, on est plutôt dans un environnement agricole et sportif (le collège dispose d’une section golf), va prolonger dans cette voie en lançant à la rentrée prochaine un cursus pour le Brevet d’Initiation à l’Aéronautique… On peut imaginer que dans ce cadre, de nouvelles (et excellentes) surprises attendent les élèves !

A l’issue de l’après-midi, un rafraîchissement a été proposé à l’ensemble des participants et des invités. Oui, il y avait quelques produits locaux !

Bien sûr, le mois prochain, lorsque l’astronaute française quittera sa station orbitale pour revenir sur le plancher des vaches devant toutes les télévisions du monde, qu’il passera ensuite des semaines à écumer les plateaux télé pour raconter son extraordinaire aventure, du côté de Bellême, il y aura quelques sourires en coin devant l’écran, quelques garçons et filles qui peuvent désormais se dire : « ben moi, Thomas Pesquet, j’ai déjà parlé avec lui… et il était dans l’espace ! »

Le privilège d’avoir conversé avec un voyageur de l’espace ! (Photo : ESA)

Et ce n’est pas donné à tout le monde !

 

 

(1) Désormais, pour des raisons de sécurité, les patronymes des militaires ne sont plus dévoilés, ils sont donc uniquement identifiés par leur seul prénom.

(2) oui, bon, c’est aussi le Perche !! Hein !?

 

 

Un grand merci à toute l’équipe du Collège Roger-Martin-du-Gard pour l’invitation exceptionnelle à vivre à leurs côtés ce moment incroyable ! Bravo à vous aussi pour cette superbe double réussite !

« C’était bien les avions, hein maman ?! »

Les démonstrations en vol devant les plages du Mourillon à Toulon le 14 août 2016.

Depuis le 14 juillet dernier et l’attentat de Nice, beaucoup de manifestations publiques ont été annulées en France pour des raisons de sécurité. Le 15 août, la Patrouille de France devait se produire à Marseille, devant la plage du Prado, comme tous les ans, mais la municipalité, inquiète des dispositifs désormais rendus nécessaires et indispensables pour sécuriser la zone où un public très nombreux était attendu, a préféré annoncer, au début du mois, qu’elle renonçait à l’évènement.

PAF Faron

La veille, les avions ont effectué une reconnaissance des axes de la démonstration. Assister à un vol de la Patrouille de France depuis le Mont Faron était un moment vraiment étonnant ; La croix est située au bien nommé « Point-Sublime ».

Le 14 août, la célèbre formation de l’armée de l’Air était attendue à quelques kilomètres plus à l’Est, en face des plages du Mourillon à Toulon. Là, la municipalité a fait le choix éminemment courageux de maintenir les démonstrations en vol en ne transigeant pas sur les dispositifs de sécurité. Les rues amenant à la plage avaient été rendues piétonnes et bloquées par de lourds blocs de béton. Les forces de l’ordre étaient nombreuses et lourdement armées ; L’accès à la plage n’était possible qu’après être passé à la fouille et il faut bien noter que celle-ci était particulièrement sérieuse contrairement à ce qu’il est souvent pratiqué par ailleurs. Il ne restait ensuite qu’à bien se placer et profiter du spectacle.

Du spectacle, il y en a eu, et servi par une météo tout à fait varoise !

En attendant les avions, il était possible de passer un bon moment regarder évoluer les vedettes de la gendarmerie maritime, des affaires maritimes, des pompiers ou de la police municipale sécuriser une large bande de mer, et ce, non pas pour lutter contre le terrorisme, mais bien pour laisser la place libre pour les démonstrations ; il y était même  interdit de nager !

Affaires maritimes

La vedette des affaires maritimes contrôle un voilier navigant trop près de la zone d’exclusion.

Gendarmerie et Affaires maritimes

En attendant ceux des Alpha Jet de la Patrouille de France, un joli croisement des vedettes de la Gendarmerie Maritime et des Affaires Maritimes.

Toute l’après-midi, les deux animateurs du car podium de l’armée de l’Air ont fait « le métier » en posant de très nombreuses questions, dont certaines particulièrement difficiles, même pour ceux qui étaient connectés avec leurs téléphones, comme « qui était le premier chef d’état major de l’armée de l’Air » (1) oui « qui était l’as qui a formé Guynemer au pilotage » (2) ou « quel fut le premier jet équipant la Patrouille de France » (3). Autant dire que les BD, T-Shirt, casquettes à gagner étaient largement méritées. Les nombreuses questions posées, pas toujours aussi difficiles que celles-ci étaient à la fois pertinentes, variées et souvent intéressantes et, il faut le noter, jamais hors sujet dans le cadre d’un meeting aérien.

Dauphin brancard

Transfert du brancard entre le Panther et la vedette de la SNSM.

A 17h30 précise, la première démonstration a mis en scène un Panther de la Marine Nationale et la vedette de la SNSM normalement basée à Saint-Mandrier pour une manœuvre combinée représentative des missions de sauvetage effectuées par ces deux acteurs majeurs de la sécurité en mer.

Dauphin SNSM 1

Récupération du plongeur qui avait été déposé sur la vedette pour assurer la sécurité des manœuvres de transfert depuis le navire.

Ensuite, le Falcon 50M de la Flottille 24F en détachement sur la BAN d’Hyères est venu effectuer quelques passages pour nous montrer ses lignes inégalées et illustrer ses missions de surveillance maritime et de secours en mer.

Falcon 50 élément

Le Falcon 50M dans son nouvel élément, au raz des flots.

Falcon 50M 34

Avions d’affaires d’une redoutable élégance – et un pur bonheur à piloter – le Falcon 50 est devenu sur le tard un avion de surveillance maritime bien équipé et performant.

La suite fut plus sportive.

Honneur aux dames puisque toute auréolée d’un titre de Championne du Monde de voltige aérienne obtenu en août 2015, Aude Lemordant a gratifié la foule nombreuse d’une exhibition en libre intégral rythmée et efficace à bord de son Extra 330SC.

Aude Lemordant Breitling

Jeune championne du monde de voltige, Aude Lemordant a fait l’étalage de son talent d’aviatrice devant une foule conquise.

Désormais en charge du Rafale Solo Display « Marty » a ensuite embrayé avec une présentation désormais classique mais puissante.

RSD Verticale

Attitude classique du Rafale en pleine démo, le nez planté dans le ciel, la PC à fond !

Alors que lors des saisons précédentes, le Rafale Solo Display a pu bénéficier d’avions porteurs de décorations spéciales et souvent spectaculaires même si certaines ont longtemps fait débat comme le Green Tiger de 2015, l’avion monoplace utilisé désormais est plus anonyme.

La gestion du parc des escadrons de Saint-Dizier doit en être simplifié puisque les unités de l’armée de l’Air participent à de nombreuses et lointaines missions opérationnelles, bien plus prioritaires que le RSD évidemment, mais le spectacle en est forcément un petit peu diminué.

Pour sa première apparition au-dessus des plages toulonnaise, « Marty » et son avion ont impressionné la foule par leurs manœuvres habiles

Rafale RSD Paquebot

Le Rafale de « Marty » effectue un large virage, rapide et à très haut facteur de charge, tandis qu’un paquebot quitte la rade de Toulon en direction du sud-est.

Bien évidemment, pour clore cette heure et demie d’exhibitions aérienne, rien de mieux que la Patrouille de France. Depuis quelques saisons, la démonstration a bien évoluée avec deux parties distinctes. Un « ruban » où elle évolue à 8 avions avec de jolis et discrets changements de formation, une évolution calme, précise et élégante, très technique et très exigeante en termes de pilotage.

PAF fort

La PAF débute sa démonstration en survolant la ville et le fort Saint-Louis

Et une seconde partie, la « synchro » où les appareils évoluent par groupe de 2 ou 4 et qui se croisent ou font des passages devant le public à un rythme vraiment soutenu ce qui ne laisse que peu de répit aux spectateurs. Cette façon de faire a véritablement donné un nouveau souffle aux démonstrations de la Patrouille.

PAF sur le dos

Alpha Jet en vol dos, une attitude normale pour un solo en fait !

PAF Double croisement

Les croisements se font désormais en groupe de deux ou de quatre, et ils sont de plus en plus spectaculaires.

PAF Port

Poursuite en très basse altitude au-dessus de la Rade.

PAF Mourillon Apache roll

Le double « Apache Roll » prend un relief tout à fait extraordinaire au-dessus de la rade.

PAF Paquebot

A l’issue de l’éclatement final, les Alpha Jet s’éloignent pour ensuite rejoindre la base d’Hyères et survolent les nombreux bateaux tenus à bonne distances par plusieurs vedettes des différents organismes en charge du domaine maritime.

Même si les démonstrations sont essentiellement à contre-jour, il était possible de bien profiter du spectacle et à l’heure où la menace se fait pressante, il est bon de pouvoir encore assister à ce genre d’exhibition incroyable et libre d’accès. Les mesures de protection du site n’étaient pas qu’une simple agitation sécuritaire même si toutes les menaces ne pouvaient être véritablement contrées, mais tout s’est bien passé, tout comme le feu d’artifice offert le lendemain soir, et c’est bien là l’essentiel.

Et quoi de mieux, en cet été 2016, que quitter une plage en entendant un gamin d’environ 6 ans déclarer, des étoiles plein les yeux : « c’était bien les avions, hein maman ?! »

(1) Je n’ai pas entendu la réponse mais l’armée de l’Air étant née le 2 juillet 1934, c’est le Général de division aérienne Joseph Barès qui tenait alors ce poste.

(2) Jules Védrines. « Julot » n’était sans doute pas un « as » au sens original du mot et des 5 victoires aériennes requises pour le porter. Paul Tarascon aurait été une meilleure, et plus juste, réponse.

(3) F-84G. C’est cet avion que la patrouille de démonstration de la 3e Escadre de Reims utilisait le 17 mai 1953 au meeting d’Alger, le jour où le commentateur, Jacques Noetinger la baptisa de « Patrouille de France » au micro.

le défilé du 14 juillet à Paris

 Le traditionnel défilé du 14 juillet s’est donc déroulé sous une météo un peu couverte mais avec une température très clémente, très agréable. Le défilé aérien, qui ouvre les festivité, a été l’occasion d’admirer, certes un peu furtivement, quelques avions particulièrement rares et intéressants.

Paf top fumigène

La Patrouille de France était dans une configuration très particulière puisqu’elle a évolué, pour la première fois, à 12 Alpha Jet. Aux avions habituels, numérotés de 0 à 9, sont venus s’ajouter deux autres avions, également aux couleurs tricolores. Des avions ayant rejoint les unités de Cazaux ou Tours après leur affectation à Salon et n’ayant pas encore eu le temps de passer en atelier peinture, ou bien l’inverse, prêt à remplacer deux appareils ayant fait « leur temps » ? Quoi qu’il en soit, la Croix de Lorraine était très jolie.

SEM Rafale

Les Marins, en plus d’un Atlantique et d’un Falcon 50 on présenté un box « chasse » avec deux Rafale M et deux Super Etendard. Il faut profiter de la petite poignée d’occasions qu’il va rester pour voir le bon vieux SEM évoluer car la retraite arrive à grands pas pour l’avion d’attaque embarqué entré en service en 1978.

Mirage 2000N

L’avenir des Mirage 2000N est également très limité puisque leur retrait de service reste prévu pour 2018.

Hélicos AA

Lors du défilé des hélicoptères, l’Armée de l’air a eu la bonne idée de convier le Puma aux couleurs de l’ETOM désormais affecté en métropole.

Attaque défense

Pour la première fois, deux CL-415 de la Sécurité Civile ont survolé les Champs. Leur présence avait été annoncé plusieurs fois ces dernières années mais la situation dans le sud de la France n’avait pas permis de libérer les avions pour une manip non opérationnelle. Il faut remonter à 1977 pour voir des Canadair au-dessus de Paris, à l’époque des CL-215. La dernière participation des avions de la Sécurité Civile remonte à 2011 avec les deux Q400MR.

A340

A340 T1

L’Airbus A340-200 F-RAJA de l’ET 3/60 Estérel a clôt le défilé. Lors de la répétition, c’est le F-RAJB qui a été utilisé. Ainsi, les parisiens ont pu admirer chacun des deux quadriréacteurs de ce type utilisés par l’Armée de l’Air. Ces deux appareils, stationnés à Roissy, font rarement parler d’eux, ils effectuent pourtant, souvent très discrètement, des missions stratégiques de première importance.

Corvette

Les observateurs les plus attentifs ont sans doute remarqué en accompagnement de la Patrouille de France, un petit biréacteur, un peu sur le côté de la formation. Il s’agit tout simplement d’un appareil utilisé pour les prises de vue air-to-air. Mais plus intéressant, l’avion, qui appartient à la société spécialisée Aerovision est une Corvette, construite par Aérospatiale dans les années 70. Et il y a de très fortes chances que cet avion soit le dernier de son espèce en état de vol. En fait, l’avion le plus rare à survoler Paris… c’était lui !

Rafale Corvette

A noter que lors de la répétition du 9 juillet, il avait accompagné un box de Rafale mais avait dégagé juste avant d’aborder la Défense. Bien d’autres appareils méritaient le coup d’oeil comme les Caracal de l’Armée de l’air équipés de leur perche de ravitaillement en vol, le C-130 et le Casa 295 de l’aviation militaire espagnole, les Mirage 2000 « bleus », les NH90 et bien sûr les Tigre de l’ALAT.

Contrairement aux années précédentes, il n’y a eu aucune exposition de matériel militaire sur l’esplanade des Invalides, qui devenait, pour le coup, temporairement le plus bel héliport du monde. Si il fallait une preuve que les opérations en cours, intérieures comme extérieures, tirent sur les ressources militaires comme rarement, la voilà. Espérons que cette manifestation, qui permettait d’alimenter le lien « nation-armée », revienne vite. Ce serait le signe d’un apaisement généralisé et d’un retour à une situation normale.

Retour sur le Paris Air Show 2015 (2/2)

Si les démonstrations en vol n’ont pas été nombreuses, elles ont été de qualité à défaut d’être très variées. Car finalement, ce sont surtout les avions de ligne modernes qui ont tiré leur épingle du jeu, les chasseurs modernes ayant fait preuve, une fois n’est pas coutume, d’une singulière discrétion.

Boeing, Airbus et autres Bombardier ont donc égayé le ciel de la Seine Saint-Denis avec des évolutions particulièrement étonnantes pour les profanes comme pour les initiés avec des appareils d’une discrétion absolument stupéfiante mais capables d’afficher des pentes de montée indécentes et effectuer des virages à rendre certains chasseurs envieux. On peut cependant pointer du doigt l’absolue ignorance des médias généralistes qui ont présenté le Boeing 787 comme capable de faire « un décollage à la verticale » sur la seul foi d’une vidéo prise depuis un autre aéronef dans l’axe d’envol avec une très grande focale.  Mais nous sommes entrés dans l’ère du « buzz » à tous prix, du nivellement par le bas, et non plus dans celle de l’information.

787 grosse pente

Décollage impressionnant du Boeing 787 aux couleurs de Vietnam Airlines.

calcul d'angle

Et dire que certains appellent-ça un « décollage à la verticale ». ça reste une très grosse pente de montée cependant, environ 45°.

A noter aussi la présence du tout nouveau Bombardier CS300. Lui non plus n’est pas très bruyant !

CS300

Autre appareil inédit, mais à la silhouette désormais bien connue, le Falcon 8x, évolution du 7x.

Falcon 8X

Silencieux, maniable, rapide, avec une distance franchissable augmentée, le Falcon 8x ne manque pas d’atouts en plus de sa ligne élégante.

Trois avions seulement ont brisé la quiétude de ce mois de juin dionysien, le Rafale, habitué des lieux depuis bientôt trois décennies, si on compte les apparitions du démonstrateur Rafale A, toujours présenté par le Capitaine « Tao » Planche, pilote du « solo display » officiel de l’armée de l’Air et qui a laissé son Rafale « Monster Tiger » vert pour un appareil à la livrée plus sobre et plus militaire.

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Troisième et dernière saison de Solo Display pour le Capitaine Planche qui aura établi dans ce domaine, une forme de record.

Rafale 2

Gracieux, élégant, mais aussi puissant et performant, le Rafale a été la vraie vedette du show aérien. Ce n’est pas la première fois.

Présent pour la première fois sur une manifestation aéronautique occidentale, le chasseur Sino-Pakistanais JF-17 n’a impressionné personne, mais sa seule présence a rehaussé le programme des vols.

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Le JF-17 a la particularité d’être accompagné de traînées de condensation au moindre facteur de charge, même en air relativement sec. Les experts pourront toujours se prononcer alors sur la qualité de son aérodynamique.

JF17

Bruyant, le JF-17 est aussi accompagné d’un joli panache de fumée noire. Voilà un avion respectueux… des traditions !

JF-17

Entre le Gripen, le F-5, le Viggen, le Hornet ou le F-16, le JF-17 donne l’impression d’être un patchwork de pièces héritées de chasseurs des années 70 à 90…

Le troisième n’est autre que le Fouga Magister présenté par l’incontournable Hugues Duval. Lorsque le commentateur conseillait au public de se munir de bouchons d’oreilles pour assister aux démonstrations en vol, ceux qui ont encore en mémoire les vibrations des Tornado, des Sukhoi, des F-16 ou des Mirage arboraient alors un sourire qui était très nettement moqueur.

L’avantage c’est que ces démonstrations en vol ne prenaient que deux heures par jour, laissant le reste du temps au professionnels de rencontrer leurs clients et négocier leurs contrats sans être dérangés, dans la toute quiétude d’un salon aéronautique à peine plus bruyant que le salon nautique.

A400M (2)

Quelques semaines après la tragédie de Séville, la présence en vol de l’A400M était un évènement d’une considérable portée.

A400M

Les démonstrations en vol Airbus permettent de photographier les appareils sous des angles assez inédits.

380 grosse pente

Les constructeurs se sont livrés au jeu de celui qui aurait la plus belle pente au décollage. Si le 787 a été déclaré vainqueur, l’A380 n’en a pas démérité pour autant.

Smoker 350 1024

Quelque soit l’avion, quelque soit son niveau de respect de l’environnement, quand on remet les gaz sèchement, ça fume ! Pour l’A350 comme pour les autres.

Les démonstrations en vol du weekend étaient un peu plus relevées avec la présence de la Patrouille de France, qui, pour des raisons d’espace aérien disponible, n’a présenté que la partie la plus calme de son programme 2015, le « ruban », et quelques « warbirds » toujours plaisants à voir évoluer. Malheureusement, la position de l’axe des démonstrations assez éloigné du public, il est logiquement paramétré et placé pour les appareils les plus volumineux et les moins manoeuvrants,  fait que ces évolutions étaient surtout… lointaines. Ces avions anciens et de collection étaient, cette-fois, plus nombreux que les avions modernes, tendant à faire du meeting aérien du weekend, une Ferté-Alais, mais en moins bien !

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Le Salon était placé sous le signe de l’aviation électrique avec le Cri-Cri de Yankee Delta et l’E-Fan d’Airbus Group.

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Croisement (lointain) d’un CL-415 et d’un Airbus d’Air France. Le génome de la PAF se retrouve aussi dans l’ADN de la Sécurité Civile désormais.

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Présent à l’initiative de la Sécurité Civile, le CL-415 a rehaussé le programme des vols du weekend. A noter que, comme à la Ferté-Alais, c’est le 32 et sa déco spéciale qui a été affecté à l’évènement.

DC3

Beau, élégant, et harmonieux à écouter, le DC-3 est un avion fantastique, mais est-ce ce genre d’aéronef que les amateurs veulent voir au Salon du Bourget ?

On est désormais bien loin des salons des années 90, et mêmes certaines éditions des années 2000, 2011 par exemple était tout à fait correct et la présence d’un Sukhoi a pratiquement, à elle seule, sauvé le Salon 2013, mais on espère que la situation internationale, en particulier, permettra au Paris Air Show 2017 de reprendre sa place au cœur des manifestations aéronautiques incontournables.

Meeting aérien du centenaire, Base Aérienne 705, Tours (2/2)

La météo s’annonçait radieuse pour ce dimanche 7 juin. Tout était prêt pour que le grand meeting aérien devienne un grand évènement et un succès public. Avant même que les portes de l’entrée base ne s’ouvrent, il y avait déjà une petite foule massée sur la route. C’était plutôt bon signe.

L’attente ne fut pas bien longue. Les portes rapidement ouvertes, il fallut cependant se soumettre à la fouille des bagages, inévitable en ces temps troublés. A quelques détails il était possible de comprendre que sur le plan de l’organisation, ce meeting allait être une réussite. Les caisses pour acheter les billets d’entrée étaient nombreuses ; un peu plus loin, sur l’aire publique, très vaste, les toilettes étaient disséminées un peu partout. En face l’Escale, de très nombreux stands proposaient de quoi se sustenter avec une grande variété de possibilités. Pour les amateurs de souvenirs, il y en avait pour tous les goûts, livres, babioles, maquettes de collections.

Il ne fallait pas perdre de temps pour se trouver une place près des barrières pour le début des vols en milieu de matinée. Désormais, les commentaires des meetings aériens sont assurés par Frédéric Béniada, une voix bien connue des auditeurs de Radio-France, et authentique passionné d’aviation. Homme de radio, il a eu la bonne idée de préparer en amont ses interventions et s’est livré au jeu de l’interviewer auprès des équipages, apportant une note assez dynamique à l’exercice. Il n’en reste pas moins que le positionnement des haut-parleurs entre le public et le taxi-way demeure un gros problème pour les photographes ; assez hauts, ils se sont retrouvés dans le cadre lors de certaines manœuvres des patrouilles.

Comme annoncé, le programme des vols n’était pas folichon, surtout pour les amateurs de « heavy metal ». Heureusement, les démonstrations en vol étaient variées et sans trop de temps morts, rehaussées par les participations remarquées de la patrouille britannique des Red Arrows, de la Patrouille de France et d’autres formations vraiment spectaculaires comme les Mirage 2000N des Ramex Delta ou les Alpha Jet de l’EAC qui ont proposé un show « maison ».

Les démonstrations ont même été interrompues un moment pour laisser passer le Boeing 737-800 de Ryanair, compagnie régulière de l’aéroport de Tours-Val de Loire partageant la même piste que la Base Aérienne 705. Les passagers comme l’équipage ont dû être surpris d’être attendus par tant de personnes les saluant !

De plus en plus souvent, la Patrouille de France ne termine plus les meetings aériens. Ce changement de coutume a de nombreux avantages. Comme de nombreux spectateurs ont tendance à quitter la plateforme après le passage des Alpha Jets bleus-blancs-rouges, c’est toujours ça de gagné en embouteillage pour le grand rallye de fin de meeting. D’autre part, ayant fait leur part de boulot en milieu d’après-midi, les pilotes peuvent passer plus de temps auprès de leurs fans, le chiffre d’affaire du stand de la PAF doit s’en ressentir notablement.

Après plusieurs saisons où leur show semblait être entré dans une interminable routine, il semble que cette année le nouveau leader cherche à imposer sa vision du spectacle et si le ruban a peu évolué, la synchro, avec un travail en deux groupes de quatre, a été plus rythmé et pour tout dire assez enthousiasmant. (On note avec une immense satisfaction que le commentaire de notre Patrouille Nationale est revenu aux fondamentaux, loin des cris, hurlements et slogans ridicules qui nous ont été infligés il y a quelques années.) Bon, évidement, pour ça, il fallait faire abstraction du spectacle offert par les Reds qui est, de toute façon, un ton au-dessus et ça fait des années que ça dure.

Parmi les anecdotes notables, le Fouga Magister a dû annuler son show après le décollage en raison d’une bricole qui a empêché le train de se rétracter et qui est revenu, très prudemment, se poser, bien escorté par les véhicules des pompiers de la base.

Avec la participation de quelques warbirds spectaculaires comme le Skyraider, le Mustang, le Mosquito au 3/4 et le Spitfire, il y en avait pour tous les goûts. Dernière bonne surprise : au moment de la fin du meeting et de la sortie des spectateurs, ça roulait presque normalement, du moins dans le secteur où nous avions laissé notre véhicule !

Rafale B Tator

Lors de la répétition du samedi, la démonstration du Rafale a été effectuée avec le spare biplace. Qui était en place arrière ? Nous ne le savons pas (*). Espérons qu’il a apprécié car, c’était sensible, qu’est-ce que « Tao » lui a mis dans la paillasse !!

Mirage 2000N Ramex

Décollage des Ramex Delta : belle démo tactique des Mirage 2000N d’Istres !

Super Puma Suisse

L’une des démo les plus spectaculaires du plateau, le Super Puma suisse. Notez le salut de l’équipage avec ses gants rouges. Sachant que l’appareil est en translation latérale pour remonter la ligne des spectateurs, les connaisseurs apprécieront la synchronisation de l’équipage.

altitude suffisante

Victime d’un léger incident technique, le pilote du Fouga a préféré annuler sa démo après le décollage le dimanche. Dommage, son vol du samedi avait été très intéressant à suivre. Il est vu ici juste après son décollage.

2 par 2

Les instructeurs de l’École de Chasse ont effectué un vol à 4 basé sur l’utilisation des différentes formations offensives et défensives qui constituent la base du travail en formation serrée.

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Passage au break des avions de l’Ecole de chasse, le Leader est le premier à quitter la formation.

Double Apache Roll PAF

Une des nouvelles figures de la PAF 2015, un « Apache Roll » à deux. Spectaculaire et élégant.

PAF a 4

Une autre nouvelle figure de la PAF 2015, ouvertement inspirée du passage en persiennes de la Patrouille suisse. Il y a bien 4 Alpha Jet sur la photo, même si le quatrième est totalement caché.

Red one

Année après année, les Reds démontrent qu’ils restent les maîtres de la discipline, même si leur routine semble n’avoir que très peu évolué.

Précision britannique

Les passages et croisements spectaculaires des Red Arrows ont régalé le public.

hawk & hawk

Un petit faucon crécerelle assiste aux évolutions des Red Arrows.

Volutes belges

Volutes belges et F-16 en furie.

 Il est finalement assez simple de tirer un bilan de ce meeting de l’Air nouvelle formule : en dépit d’un plateau qui pouvait être amélioré, une bonne organisation et surtout une météo d’enfer, le tour est dans le sac !

 

(*) Patrice Olivier (Aéropix’Ailes) me précise que le pax de « Tao » était « Nanard » pilote créateur des Ramex Delta… Un confrère qui a donc dû bien apprécier cette découverte du Rafale !

Ferté-Alais, le temps des hélices 2015

Si ce 43e meeting aérien de la Ferté-Alais n’a pas été le plus brillant de tous, il était quand même constitué d’un menu alléchant et de très bonne tenue, avec quelques jolies nouveautés et sans oublier les bonnes recettes, désormais traditionnelles, sans lesquelles la Ferté ne serait pas la Ferté.

Affiche Ferté 2015Passons rapidement sur les absents – qui ont donc forcément tort – le Catalina et le CAC Boomerang, et on n’oubliera pas de préciser que ce sont des mécaniques précieuses, fragiles et capricieuses et qu’on pourra comprendre qu’à la moindre inquiétude, on bâche un vol, fût-il de convoyage en direction du meeting.

D’ailleurs, si le Ju-52 venu d’Allemagne n’a pas assuré sa moisson de baptême de l’air le samedi et si le Lockheed 12 n’a volé que le dimanche, c’est bien aussi parce qu’ils ont nécessité toute l’attention de leurs équipes techniques. Pour le Ju, c’est surtout dommage pour les passagers qui ne pouvaient pas repousser leur vol.

Mais parlons plutôt des présents. Le soleil était là et bien là, même si le dimanche a été plus couvert que le samedi. Étaient aussi bien là les innombrables haut-parleurs entre le public et la piste et même si on commence à s’y habituer, il ne faudrait pas que cette plantation se densifie encore. D’ailleurs, pourrait-il y avoir une zone « on s’en fout des commentaires » pour que les amateurs qui sont là aussi pour discuter avec leurs amis puissent profiter du spectacle vu qu’en général, ils connaissent aussi le commentaire par coeur ?

Pour le reste, rien à redire. Les pilotes ont assuré le spectacle avec leurs avions comme d’habitude avec quelques nouveautés bien intéressantes.

Bien sûr, la vedette du Meeting a été le Gloster Gladiator venu d’Angleterre qui faisait sa première apparition à Cerny. Il était accompagné de l’inévitable Spitfire venu de Dijon (ne jouons pas les blasés, on ne peut pas se lasser d’un Spit, c’est pas possible !) et du Hurricane très discrètement basé dans le sud de la France par son propriétaire hollandais depuis deux ans et qui faisait sa première apparition publique.

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Cette patrouille mixte Gladiator et Spitfire résume à merveille l’évolution technique, et esthétique, des chasseurs anglais de la 2e guerre mondiale.

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Avion techniquement dépassé au début de la guerre, le Gladiator a connu pourtant le succès aux mains des Finlandais mais aussi des pilotes Anglais à Malte et en Grèce.

Si la démo du Gladiator était sympa, j’ai particulièrement apprécié celle du Hurricane qui, en se contentant de « passages à l’anglaise » ne nous l’a pas joué « champion de voltige » et au final nous a offert d’admirer cet appareil sous des angles flatteurs. C’est simple, épuré et terriblement efficace. Un exemple à suivre ! (*)

Hurricane

Quand un avion anglais fait un passage à l’anglaise le pilote n’est pas forcément un sujet britannique !

Mais le coup de cœur du meeting est à adresser à la compagnie Europe Airpost qui est venue présenter en vol un Boeing 737. Quelle bonne surprise de découvrir que cet avion était paré d’une décoration spéciale de circonstance. Merci et bravo pour le clin d’œil !!!

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Europe Airpost aime la Ferté. Bravo pour cette décoration spéciale de circonstance !

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La décoration spéciale du Boeing 737 a été très appréciée par le public présent.

Des décorations spéciales, les deux bombardiers d’eau de la Sécurité Civile en portaient aussi. Le « Pélican 32 » est toujours revêtu du schéma de décoration imaginé par Julien Camp pour le cinquantenaire de la base en 2013 et le Tracker T07 est l’avion porteur de la décoration spéciale « 30 ans du secteur Tracker » depuis 2012.

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Comme lors des opérations réelles, le Tracker a procédé à l’attaque initiale…

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… et le « Pélican » a terminé le travail. Ces deux appareils sont clairement complémentaires et leur succession ne va pas être simple.

Alors que les CL-415 vont célébrer à Marseille les 20 ans de leur arrivée en France, la démonstration en vol de ces deux appareils n’est pas passée inaperçue. Ce retour en meeting aérien a fait plaisir à tout le monde.

On notera aussi avec plaisir que le nouvel Aviatik des Casques de Cuir a volé, ainsi que le Bristol Fighter de Memorial Flight et le Caudron G3 de l’AJBS. Samedi, après le meeting, c’est le Sopwith Strutter qui a fait une sortie. Des machines rares, il y en avait donc quelques unes !

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Le Caudron G3 de l’Amicale n’avait plus été vu au meeting depuis quelques années. Un retour qu’il fallait saluer.

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Le Sopwith Strutter de Memorial Flight a volé en toute fin de meeting. Quand on vous dit qu’il ne faut pas se précipiter sur la route dès la fin du show…

Ajoutons que la Marine a encore ouvert le bal avec deux Rafale accompagnés des uniques MS760 Paris et Breguet Alizé, première apparition dans l’Essonne pour ce dernier, que la démo combinée des deux Hawker, Sea Fury et Hunter est toujours aussi enthousiasmante, que, décidément, un DC-3 et deux Beech 18 rutilants, c’est splendide sous tous les angles.

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La présence de la Marine était assurée par deux Rafale (dont le n°10, premier Rafale standard F1 passé en F3 après un chantier de trois ans) et deux Warbirds uniques, le Breguet Alizé et le MS Paris.

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Quoi de mieux pour évoquer l’aviation civile de la fin des années 30 que deux Beech accompagnant un DC-3. Trois avions rutilants, magnifiques, aussi beaux à regarder qu’agréables à écouter.

Reste le cas du Rafale solo display. Si la démo de « Tao » est toujours aussi propre et efficace, la décoration du « Monster Tiger » vert fait débat. Personnellement, c’est une déco qui m’a donné soif. Mais Perrier ou Heineken, je n’ai pas réussi à choisir.

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Si la décoration du Rafale Solo Display 2015, hérité du récent Tiger Meet peut faire débat, le pilotage de « Tao » ne souffre, quant à lui, d’aucune critique.

Autre temps fort, la voltige aérienne du Bo105 de l’écurie du taureau rouge, absolument stupéfiante de maîtrise. Il est assez inhabituel de photographier un hélicoptère ainsi.

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Démonstration de voltige époustouflante avec un Bo105. Spectaculaire.

Il y avait encore bien des avions à voir voler puisque le commentateur, Bernard Chabbert, a annoncé que pour le samedi, c’est environ 140 avions qui ont volé dans l’après-midi pour le seul plaisir des spectateurs… et de leurs pilotes. Avec une météo presque idéale, sauf en fin d’après-midi où les nuages ont été un petit peu trop denses, un plateau finalement assez relevé, la foule ne s’y est pas trompée et un record d’affluence a été établi.

Rendez-vous en 2016 !

 

(*) : le Hurricane a été malheureusement endommagé au retour du meeting à la suite d’une sortie de piste à Dijon-Darois le dimanche soir. Les photos montrent des dégâts à l’hélice et au train d’atterrissage. Espérons que ce ne soit pas trop grave et que l’appareil revole bientôt, on a hâte de le revoir dans son élément.