Le Musée de l’Air a bien reçu son (gros) cadeau de la Saint-Valentin !

Avec une poignée de minutes de retard sur l’horaire prévu, le F-WWDD s’est présenté en très longue finale sur la piste 07 du Bourget à l’issue d’un vol de tout juste une heure commencé à Toulouse là où l’appareil a été autorisé à gratifier son lieu de naissance d’un passage à 500 pieds à la verticale de la piste 14R qu’il venait de quitter.

Le F-WWDD en longue finale. Les pompiers sont déjà prêts.

Un passage était aussi prévu à son arrivée au Bourget mais sans doute parce que l’autorisation n’a finalement pas été accordée, l’avion s’est posé directement.

A quelques dixièmes de secondes du touché !

En tout honnêteté, même si on peut comprendre que la proximité de Roissy complique certainement ce genre de manœuvre, en ces époques compliqués et tristes, il serait temps que lorsqu’une demande délicate se présente, il devienne impératif de dire « on ne peut pas faire comme ça, mais on peut essayer de trouver autre-chose » plutôt qu’un simple « non » abrupt et définitif…

Oui, il y a un clin d’œil sur cette photo !

L’avion s’est donc posé. Il est revenu, en roulant, se présenter face au musée, attendu par les camions des pompiers de l’aérodrome qui l’ont, comme la tradition l’exige, copieusement arrosé avec leurs canons à mousse.

Le traditionnel « water-salute » des pompiers à un avion qui termine alors sa carrière.

A l’entrée du parking, les réacteurs ont été stoppés et l’avion a ensuite été remorqué devant le bâtiment de l’opérateur d’aviation d’affaires Jetex pour débarquer la cinquantaine d’heureux veinards qui étaient à bord de ce vol exceptionnel, dont Mme Catherine Maunoury, Directrice du Musée.

Réacteurs coupés, le F-WWDD est tracté pour rejoindre le musée.

Un court rassemblement a ensuite été organisé au restaurant « L’Hélice » du Musée avant que les personnes présentes ne partagent le verre de l’amitié et un sympathique buffet.

Patrick du Ché au cours de sa brève allocution dans la salle de réception du restaurant du Musée.

M. Patrick Du Ché, pilote d’essais et patron des essais en vol d’Airbus a pris la parole après madame la directrice du Musée. Il a, au cours d’une très sympathique allocution, expliqué que cet avion était surnommé le 4LDD au sein d’Airbus, 4 comme son numéro de série, L parce qu’il est lié au programme « Large » et DD comme les deux dernières lettres de son immatriculation. Et si, normalement, il doit être appelé Delta-Delta ou Delta deux fois, il est quand même largement et familièrement surnommé « Dédé » !

En ce qui concerne le programme A380 dont on sait qu’il n’est pas aussi triomphant qu’espéré, il implique toutefois 1500 entreprises. Le carnet de commande comporte 317 appareils pour 18 clients et le constat est simple ; tout nouveau client sera très bien accueilli… Néanmoins, les avions aujourd’hui en service desservent 110 destinations et 230 aéroports dans le monde sont capables d’accueillir le mastodonte, dont le Bourget ! Depuis 2005, 3,5 millions d’heures de vol ont été effectuées, soit 400 000 vols, et 160 millions de passagers ont déjà goûté à l’extrême confort de cet avion exceptionnel. Et l’avion qui vient de terminer sa carrière après un peu plus de 3300 heures en 1100 vols d’essais et de démonstrations a particulièrement contribué à cette réussite technologique.

Un A380 est donc entrée au Musée de l’Air. Il ne sera visitable que dans quelques mois. A ce moment là, les travaux de réfection de l’ancienne aérogare, et de l’ancienne tour de contrôle aujourd’hui complètement désossée, seront terminée.

Désormais, le 4LDD est confié au Musée de l’Air. Il va être conduit hors zone publique pour être préparé à l’exposition statique, une opération qui prendra plusieurs semaines. En raison de leurs potentiels restants, les quatre réacteurs vont être remplacés par des machines hors service. Ensuite, il devrait être ramené devant l’ancienne tour de contrôle, actuellement en cours de restauration, exposé et surtout visitable par le public du musée. Son inauguration sera sans doute l’occasion de découvrir les entrailles de cette machine d’essais, à la configuration intérieure atypique.

« Dédé » comme on ne le verra plus jamais. Mais qu’on se rassure, la famille A380 n’est clairement pas une espèce menacée !

Avec l’entrée du F-WWDD dans ses collections, le Musée de l’Air s’offre une nouvelle superbe pièce, le premier de ce type à être ainsi préservé, non loin du Concorde 001, autre machine d’essais mythique, mais on ne peut s’empêcher que d’autres belles pièces attendent encore de l’autre côté des pistes une restauration ou une place sur le parking d’exposition devant le musée.

Bientôt un Airbus A380 au Musée de l’Air !

Bruissant depuis un moment, la nouvelle a été officialisée ce matin. Le Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget va recevoir un nouvel appareil, qui ne risque pas de passer inaperçu, pour ses collections puisqu’il s’agit rien de moins qu’un Airbus A380, le premier à être préservé, tout juste 12 ans après le premier vol du type.

Le F-WWDD va finir sa carrière au Musée de l’Air du Bourget

Le 14 février prochain, avec à bord une cinquantaines de passagers, employés d’Airbus Industrie et du Musée de l’Air, l’A380-861 msn 004 immatriculé F-WWDD effectuera donc son ultime vol entre Toulouse et Paris. Il est prévu à l’atterrissage au Bourget aux alentours de 15 heures. Cet appareil a été le deuxième A380 à prendre l’air, le 18 octobre 2005. Les 3360 heures de vol qu’il a effectué ensuite ont été consacrées aux essais en vol.

En juin 2010, le F-WWDD, à l’issue d’un vol d’essais, a fait un passage remarqué à Hyères, au dessus du meeting du centenaire de l’Aéronautique Navale.

Cet appareil est un habitué de la plateforme du Bourget puisqu’il a été l’appareil des démonstrations en vol des salons internationaux de l’aéronautique en 2009, 2011 et 2013.

Salon 2009, le Constellation de Breitling décolle devant l’A380 résumant d’un coup d’oeil 60 ans d’évolution de technologie aéronautique.

le 19 juin 2011, lors de son arrivée pour le show, il a d’ailleurs été impliqué dans un incident resté célèbre lorsqu’au cours d’un roulage, l’extrémité de son aile gauche est venue percuter un bâtiment, le winglet restant encastré.

Ces photos de l’incident de juin 2011 montrent bien l’ampleur des dégâts. (Photo : DR)

Après quelques vérifications d’usage, l’appareil a été renvoyé à Toulouse, les démonstrations en vol quotidiennes étant assurées par un appareil destiné à Korean Airlines. Le F-WWDD, réparé en urgence était de retour au salon pour le meeting aérien du dernier weekend, faisant la démonstration que cet incident, néanmoins fâcheux, n’était pas d’une très grande gravité.

Juin 2011, le F-WWDD effectue sa démonstration, après avoir été réparé, autour de l’aérodrome du Bourget tandis qu’un A321 est en longue finale sur Roissy.

En 2013, le slogan « Love at first flight » avait laissé la place à « Own the Sky ».

Si le Musée de l’Air est en droit de se réjouir de l’arrivée d’une telle pièce, et on imagine très bien que cet appareil va drainer un grand nombre de visiteurs qui viendront l’admirer aux côtés des deux Concorde et du Boeing 747 déjà présentés, on peut aussi, légitimement, se poser la question de la place que cette machine imposante va prendre sur la partie de tarmac dévolue au Musée car celle-ci est déjà comptée.

On peut aussi féliciter Airbus de la prise en compte de la nécessité de préservation de ses appareils. Même si le cas du 380 est loin d’être le plus préoccupant, les avions d’essais sont toujours des pièces intéressante car d’un standard parfois très éloigné des avions de série. On apprend, en parallèle, que le musée Aéroscopia de Toulouse pourrait, de son côté, percevoir trois avions retirés du service des essais en vol, le très précieux A320 msn 001, un A340 et l’A380 msn 002.

Airbus a donc décidé de faire préserver ses avions d’essais retirés du service. Une initiative qui mérite d’être soulignée !

 Rendez-vous est donc pris pour le 14 février prochain, vers 15h00, pour l’arrivée de cette nouvelle pièce maîtresse du Musée du Bourget.

Verdun, La Guerre Aérienne

« Une guerre qui s’est perdue sans doute
Entre Biarritz et Knokke-le-Zoute,
C’est une statue sur la grand place.
Finalement la terreur,
Ce n’est qu’un vieux qui passe. »

Michel Sardou, Verdun, 1979

1024-affichePeut-on oublier Verdun ?

Du 21 février au 19 décembre 1916, 300 000 morts, 400 000 blessés, une terre dévastée qui porte encore en elle les traces de ces combats et les cendres de centaines de combattants. On imagine mal ces affrontements faits de préparations d’artilleries et d’assauts vains, dévoreurs de vies. La boucherie au sens le plus strict du mot. Les survivants en étant parfois si marqués qu’ils ne pouvaient en parler, aucun mot n’étant assez fort. La terreur, ce n’était qu’un vieux qui passe. La terreur, elle était dans le souvenir des survivants.

Verdun est, sur un plan militaire, un tournant de l’histoire de la guerre contemporaine car Cette bataille marque le moment où les armées entrent véritablement dans le 20e siècle. Dans les différentes commémorations qui ont émaillé cette année souvenir, l’aviation, il faut bien le dire, a été la grande absente. Ce n’est pas totalement choquant si on compare les pertes des troupes au sol et les pertes des aviateurs sur ce secteur.

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Rarissime vue de deux Nieuport en train d’escorter un appareil de reconnaissance. (Photo : Les Arts Décoratifs, Paris /Jean Tholance)

Pourtant, c’est à Verdun que l’aviation de guerre est véritablement née. Jusqu’alors, les aéroplanes avaient une fonction essentielle, aller voir de l’autre côté des lignes ennemies afin de faciliter les décisions stratégiques et les choix tactiques. Du coup lorsque cette guerre est devenue statique et coûteuse en vie humaines, il a fallut chasser ces espions aériens. Jusqu’en 1916, la chasse française était un système peu organisé, même si des unités avaient déjà commencé à se spécialiser avec une certaine efficacité. Mais la qualité de leur action relevait bien souvent de la dextérité individuelle et de l’instinct des aviateurs. Le temps du combat aérien singulier et solitaire se terminait alors, même si certains ont longtemps continué à le pratiquer, c’était désormais le temps des escadrilles, des tactiques de groupe, de la maîtrise du ciel. L’arme aérienne débutait alors une véritable mutation, une maturation dont l’aviation militaire moderne est aujourd’hui l’aboutissement.

Le Commandant de Rose a donc été chargé d’organiser la chasse pour rendre aveugle les troupes du Kaiser et pour cela il fallait des avions, des pilotes, des escadrilles. Il rassembla des unités spécialisées dans le secteur de la bataille terrestre et leur imposa une tactique collective exigeante, agressive ne laissant que peu d’opportunités aux appareils ennemis d’effectuer leurs missions d’observation. Et la tactique fonctionna. Comme l’avait demandé le Général Pétain, le ciel avait été balayé, l’adversaire était temporairement aveugle, mais les combats ne faisaient que débuter.

Charles de Rose à bord de son Nieuport en 1916. Après avoir offert à la chasse française ses premiers grands succès grâce à une tactique très agressive, il retourne en état-major. Il se tue accidentellement en mai près de Soissons. (Photo : Service Historique de la Défense)

Le Musée de l’Air propose à partir d’aujourd’hui une exposition temporaire consacrée à la Guerre Aérienne dans la bataille de Verdun. Dans un espace d’environ 400 m2 dont l’accès se fait par la Grande Galerie, l’ancienne aérogare temporairement et partiellement fermée en raison des importants travaux de réhabilitation qui s’y déroulent, environ 170 pièces originales et documents ont été rassemblés et organisés par les équipes du Musée afin de raconter et d’expliquer les enjeux de cette bataille dans les airs.

La pièce maîtresse de l’exposition est bien sûr le Nieuport XI, le chasseur, agile et rapide qui a permis aux ailes françaises de reprendre la suprématie du ciel aux monoplans Fokker au début de la bataille. Cet avion porte d’ailleurs les couleurs de la monture du Commandant de Rose.

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Avec ses 480 kg en ordre de marche, son moteur de 80 ch et une vitesse de décrochage inférieure à 65 km/h, le Nieuport XI aurait presque pu entrer aujourd’hui dans la catégorie des ULM de classe 3 « Multi-Axes », à 7,5 kg près…

Autour du « Bébé » Nieuport, des vitrines présentent des uniformes authentiques, des armes, des obus mais aussi quelques documents exceptionnels comme le journal de marche et des opérations de l’escadrille N65 qui compta dans ses rangs Charles Nungesser à partir d’octobre 1915..

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Le JMO de l’escadrille N65 prêté par le Service Historique de la Défense.

L’obsession du renseignement, la nécessité de l’observation des installations et de l’organisation adverse, est particulièrement mis en lumière dans cette exposition, ce qui reflète les véritables enjeux de cette bataille aérienne. Au centre de la pièce, une authentique carte du front, annotée avec une précision incroyable grâce aux observations des aviateurs, illustre parfaitement cette situation. Une frêle nacelle d’observateur d’un train de cerfs-volants, puisque les ballons et les avions n’étaient pas les seuls moyens employés, est d’ailleurs exposée à côté d’une maquette qui permet de comprendre en un coup d’œil la complexité de la mise en œuvre de ce système incroyable.

Canevas de Tir, Verdun, 29 Mars 1916. 75cm X 105cm

Canevas de Tir, Verdun, 29 Mars 1916. Extrait. Le document original, où les positions allemandes et les batteries d’artillerie sont reportées avec une grande précision, mesure 105 cm sur 75.  (Document : Service Historique de la Défense)

D’autres thématiques sont ensuite abordées comme les bombardements aériens et leurs victimes civiles ou le coût humain de la bataille du ciel.

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L’évocation des premiers bombardements stratégique se fait par les unes, explicites, de journaux français et allemands.

Verdun est aussi l’émergence de l’aviateur, de l’As, dans l’imaginaire populaire. Portés par la presse qui firent de certains des vedettes, les chasseurs commencèrent à prendre une place médiatique qu’ils conservent encore un peu de nos jours. Navarre fut un d’eux, avec un surnom qui positionne clairement son action : la sentinelle de Verdun. Mais les héros plus anonymes ne sont pas oubliés, ce sont eux qui, collectivement, par leurs actions, ont influencé le sort du combat;

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Cette vitrine contient quelques exemplaires de tenues de vol. Il ne fait aucun doute, à les regarder, que le froid était le principal ennemi de l’aviateur.

Une dernière pièce, aussi authentique qu’extraordinaire vient clore ce parcours : une automobile Torpedo Sigma qui fut construite spécialement pour Georges Guynemer en 1916 et aujourd’hui conservée dans un très bel état par le Musée National de la Voiture de Compiègne. Bien sûr, on pourra toujours objecter que le jeune aviateur Guynemer ne vola pratiquement pas au-dessus de Verdun pendant la bataille, son heure de gloire intervenant un peu plus tard, mais 99 ans après sa disparition, il représente bien l’archétype du pilote de chasse légendaire, conscient de la fragilité de son existence et impitoyable en combat, un mythe fondateur né justement au-dessus de Verdun.

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La Torpedo Sigma de Guynemer avec laquelle il écuma Paris et ses lieux de perdition en 1916.

Avec cette exposition, qui n’entre pas dans le système de gratuité des collections permanentes du musée, et pour cause puisqu’elle n’est que temporaire, le Musée de l’Air vient compléter l’ensemble des commémorations du centenaire de cette bataille historiquement fondamentale. La muséographie très contemporaine adoptée permet de passer un moment particulièrement instructif grâce à un choix de documents et d’objets originaux particulièrement pertinents.

arton5305A noter la parution aux Éditions Pierre de Taillac du livre « Verdun, la guerre aérienne » publié sous la direction de Gilles Aubagnac, chef du service des collections et Clémence Raynaud, conservateur du patrimoine, commissaires de l’exposition. Il reprend et développe les thématiques abordées et une grande partie des illustrations utilisées font partie de l’exposition temporaire.

Plus d’infos sur l’Aérobibliothèque

 

Attention, cette exposition n’entre pas dans la gratuité des collections permanentes du Musée de l’Air.

Verdun, la guerre aérienne.

Du 15 octobre 2016 au 29 janvier 2017 au Musée de l’Air et de l’Espace.

Visite libre : 7 €, tarif réduit 4 €.

Visite guidée (sur réservation) : 14 €, tarif réduit 11 €.