Quelques heures à Friedrichshafen

Située au bord du Lac de Constance, dans le Bade-Wurtemberg, Friedrichshafen est une petite bourgade calme et paisible comme les villes d’eau se doivent de l’être. C’est pourtant un nom qui titille d’oreille du passionné d’aviation parfois sans trop savoir pourquoi, du reste.

La ville est définitivement le fief de Zeppelin, et ça fait plus d’un siècle que ça dure !

Maybach et MTU, motoristes de renom, ont leur racines sur les rives du Bodensee, tout comme les avionneurs Zeppelin ou Dornier. L’aérodrome fut pendant presque un demi-siècle une base de l’Armée de l’Air (BA 136) puis de l’ALAT et la ville accueillit bien des unités des Forces Françaises en Allemagne jusqu’au milieu des années 90.

Le dernier vestige de la base aérienne française, la tour de contrôle et le bâtiment de la sécurité incendie.

De ce passé aéronautique fort, il reste plus que des traces avec, notamment, l’organisation annuelle du salon de l’aviation légère et sportive AERO qui s’installe chaque printemps dans les immenses hall du parc d’exposition construit en bordure de l’aérodrome mais dont les deux dernières éditions ont été annulées pour les raisons qu’on imagine bien.

Un Zeppelin NT à l’atterrissage passe devant les hall du Messe, les immenses hall d’exposition de la ville.

Mais c’est une activité aéronautique peu fréquente qui est souvent la plus visible quand on arrive en ville puisqu’il s’agit d’un des rares endroits au monde où on peut voler en ballon dirigeable. La société Zeppelin NT a installé ses ateliers et son aérogare à l’endroit où les paquebots volants du comte éponyme s’envolaient il y a un siècle déjà, les traditions, ça a du bon !

L’entrée de l’aérogare Zeppelin qui accueille également une sympathique boutique de souvenirs…

Désormais, ce sont des Zeppelin NT qui permettent aux amateurs de survoler la région pour un tarif certes élevé mais pas totalement déraisonnable puisque les places commencent à 260 € pour l’itinéraire le plus court soit 30 minutes. La mise en œuvre de ces élégants aérostats est un spectacle en soi. L’envie de goûter à une autre forme de vol peut alors germer facilement….On vous aura prévenu !

Au moins trois hommes sont nécessaire pour l’amarrage du dirigeable ainsi qu’un véhicule spécialisé doté d’un mât inclinable.

Le grillage est même pensé pour permettre aux photographes d’immortaliser le spectacle, riche idée !

De l’autre côté de la piste, le musée Dornier mérite également le détour. Ils vous accueille avec le prototype de jet de transport à décollage vertical Do 31 superbement restauré, juste sur le parvis devant l’entrée : le ton est donné.

Le premier prototype du Do 31 préservé, restauré et exposé devant l’entrée du musée.

A l’intérieur de nombreux documents et maquettes éclairent l’aventure de cet avionneur à l’histoire particulière et ses productions, notamment l’immense hydravion Do X. Une petite exposition statique extérieure permet d’approcher un Breguet Atlantic de la marine Allemande, programme auquel Dornier était associé, un Fiat G.91 que l’entreprise construisit sous licence et plusieurs productions maison dont un Do 27, le Do 28 E TNT qui préfigura le 228 et un Do 328Jet (visitable).

Ce Dornier 328 jet est visitable.

Un grand hall, un peu vide, héberge, entre-autres, le prototype de l’Alpha Jet A et les répliques d’un Dornier Merkur (autour de 1925) et celle d’un un somptueux hydravion Dornier Wal.

Le premier prototype de l’Alpha Jet A, la version d’attaque utilisée par la Luftwaffe.

Une réplique taille réelle d’un des deux Dornier Wal utilisés pour l’expédition de Roald Amundsen au pôle nord en 1925.

Une petite esplanade avec accès sur la piste accueille le Dornier 24T arrêté de vol (temporairement ?) après un accident à l’amerrissage en 2015 et plusieurs autres machines dont un Do 28 ainsi qu’un très intéressant Do 228 d’exploration polaire.

Le Dornier 24T semble avoir été réparé après son accident. Revolera-t-il un jour ?

Un des Dornier modifiés pour l’exploration polaire et utilisés par l’institut Alfred Wegener désormais préservé.

En ville, sur le port, se trouve le musée consacré à l’aventure Zeppelin.

Le musée tel qu’il apparaît depuis le ferry appareillant pour la Suisse.

Cette reconstitution du dirigeable mesure une trentaine de mètres de long. Impressionnant !

Il marque d’entrée les visiteurs avec la reconstitution à échelle réelle d’une tranche du LZ 129 « Hindenburg » qui mesurait quelques 245 mètres de long pour un volume de 200 000 m³ et qui effectua 63 traversées de l’Atlantique avant d’exploser à son arrivée à Lakehurst le 6 mai 1937.

Outre sa structure interne, cette reconstitution comporte aussi une salle à manger avec ses imposantes coursives vitrées permettant aux passagers de profiter de façon spectaculaire des paysages survolés.

La structure interne de l’enveloppe a été également reconstituée et montre les techniques utilisées à l’époque.

La salle à manger du dirigeable transatlantique, une certaine idée du confort moderne des années 30.

Les cabines de l’Hindenburg semblent des plus spartiates.

Une cabine pour deux personnes est accessible et montre à quel point la notion de voyage luxueux a évolué au fil des décennies au cours du XXe siècle !

Une des nacelles moteur du LZ 127 « Graf Zeppelin », une relique des plus rares.

D’immenses vitrines exposent reliques d’époques, documents, portraits et permettent de se faire une idée précise du foisonnement d’idées de cette époque, le rôle des grands hommes de l’entreprise, le Baron Zeppelin mais aussi Hugo Eckener, concepteur de dirigeables, pilote mais aussi homme politique à l’histoire passionnante.

A l’occasion d’un passage dans la région, qui n’est pas si éloignée de l’Alsace, l’aérodrome de Friedrichshafen et ces deux musées méritent bien qu’on leur consacre quelques heures… et en bonus, un tour en Zeppelin ?!

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