Ferté-Alais, le temps des hélices 2021

Deux ans, deux mois, plusieurs reports et une annulation plus tard, enfin la foule pouvait à nouveau arpenter la pelouse de l’aérodrome de Cerny pour la nouvelle édition du Temps des Hélices. Les retrouvailles furent pleines d’émotion et de plaisir. Bien sûr, les nuages noirs planent toujours sur la tête de ceux qui rêvent d’aviation mais après ces longs mois d’angoisse, pouvoir poser son sac au bord d’une piste fut comme une immense et libératrice respiration.

Étant donné le contexte, il ne fallait pas s’attendre à un énorme plateau et des avions rares. Difficile de lancer des invitations et réserver des « warbirds » coûteux alors que la tenue de l’évènement restait suspendue à l’évolution de la situation sanitaire et que l’annulation pouvait intervenir sans préavis à n’importe quel moment.

Mais heureusement, il n’en fut rien. Alors que le nord de la France connait un été à la météo indigne, ce weekend fut relativement doux et peu pluvieux bien que couvert. Ce ne sont pas des conditions idéales pour un meeting aérien mais là encore, il serait mal venu de se plaindre.

Un Bleriot XI à l’atterrissage. Une vision rare, quasi unique, une spécialité de la Ferté !

Comme à chaque édition du meeting le « menu » repose sur quelques grands classiques incontournable comme le « Tora Tora Tora » des T-6 simulant l’attaque japonaise contre Pearl Harbor ou les avions des pionniers de l’aviation. Mais quelques nouveautés viennent toujours surprendre les habitués et séduire les nouveaux arrivants.

Les T-6 rejouent Pearl Harbor au milieu des fusées d’artifice.

Cet T-6 était si rutilant qu’il a poussé le capteur du Nikon à la saturation !

Cette année, ce fut le rôle du Pterodactyl Flight, une société de droit britannique qui produit en Tchéquie des répliques volantes, à échelle réduite, de chasseurs de la Première Guerre mondiale et qui assure la promotion de ses appareils en proposant un show parfaitement huilé faisant intervenir ses différents modèles mais aussi des véhicules et des effets pyrotechniques spectaculaires.

Une réplique contemporaine du « fléau » Fokker.

Deux répliques statiques de Fokker E.III, en fait de solides structures métalliques entoilées, se font d’ailleurs « pétarder » à l’occasion. On est très proche des effets spéciaux utilisés au cinéma et il faut bien dire que les objectifs sont atteints.

Les tableaux se sont donc enchaînés sans temps mort tout au long de l’après-midi. Parmi les grands moment figure bien sûr le défilé des transporteurs, DC-3 en tête, suivi du Transall et de l’A400M.

L’élégance du DC-3 pour ouvrir le bal des transporteurs, pouvait-on faire meilleur choix ?!

Le Transall, au crépuscule de son immense carrière, s’est sans doute posé pour la dernière fois à Cerny. Il ne fallait pas rater ce grand moment d’aviation.

Le Transall à l’atterrissage, les « reverse » balayent la piste !

Après un rapide demi-tour en bout de piste, le voilà qui redécolle directement !

La démo de l’A400M, un appareil peint spécialement pour annoncer la reformation du « Béarn » en tant qu’Escadron de Transport 4/61, est spectaculaire et dynamique, particulièrement intéressante donc.

Imposant et lourd, l’A400M n’en dispose pas moins d’une agilité déconcertante !

Les représentants de l’armée de l’Air étaient nombreux ce weekend. C’était le cas de l’EVAA qui a proposé une très élégante démonstration à trois avions avec un simulacre de combat aérien assez amusant et commenté avec beaucoup de simplicité par un des pilotes.

Deux des trois Extra de l’EVAA en vol synchronisé. Superbe !

La Patrouille de France était aussi de la partie avec son spectacle complet, ruban et synchro, et de plus en plus souvent la retransmission en direct des messages radios du leader « Cadence, cadence ! »

Les arabesques des Alpha Jet tricolores nous avaient manqués !

Et puis ce fut l’occasion de découvrir la nouvelle démonstration du Rafale Solo Display, désormais aux mains de Jérôme « Schuss » Thoule. Il faut bien reconnaître que je n’avais pas vu un Rafale se faire secouer comme ça depuis la démonstration de « Tao » à Tours en 2015 ! Beaucoup de rythme et de facteur de charge à bord d’un Rafale à la décoration bien choisie et plutôt de bon goût. C’était top.

Le Rafale du RSD au couleurs de l’Armée de l’Air et de l’Espace vers l’infini et au-delà.

Rythmée et spectaculaire, la démo 2021 du RSD mérite le détour !

La Marine était aussi présente avec un Atlantique et un Falcon 50M, des avions peu spectaculaires à voir voler, ce ne sont pas là leurs qualités premières, mais c’est surtout l’apparition d’une des dernières Alouette III de la Marine qu’il faudra retenir.

Une des dernières Alouette III opérationnelles au sein de l’Aéronautique Navale.

On oubliera vite, très vite, par contre, les commentateurs qui ont alors pris temporairement la relève de l’inaltérable Bernard Chabbert. Entre les approximations techniques, les éléments de langage ridicules et leur manque de synchronisation, c’était juste gênant.

L’Atlantique, le « couteau Suisse » de l’Aéronautique navale, aussi à l’aise au-dessus de l’Atlantique qu’au dessus du désert au Mali !

Les Falcon 50 sont passés de l’aviation d’affaires à la surveillance maritime avec la même efficacité.

C’était un peu le même problème pour la Patrouille de France où la lecture du très long communiqué de presse gagnerait à être lu plus simplement. En tentant de mettre beaucoup d’emphase sur leurs commentaires, les deux experts en communication n’ont fait que confirmer leur absolu besoin de prendre en urgence des cours de comédie.

D’une manière générale, entre la présence des hauts-parleurs sur la ligne de vol, le volume généralement trop élevé d’une musique bien trop présente, il serait temps de penser à une sonorisation différente du spectacle. Et surtout qu’elle soit plus cohérente. Certains avions s’apprécient aussi par le son de leur moteur et, dans le cas du Pipistrel électrique, par son silence. Il aurait été intéressant de s’y adapter.

Silencieux et n’utilisant plus de carburant fossile, le Velis Electro est une des pistes pour l’avenir de l’aviation légère.

Côté Warbirds, les T-6 étaient toujours aussi nombreux, les T-28 étaient trois et si il n’y a plus de Mustang en France, il reste quand même un superbe P-40 et un non moins splendide Corsair. Les anglais de la Fighter Collection avaient envoyé leur FG-1 qui vola de concert avec le F4U-5NL de la Ferté, quel bonheur !

Le FG-1 de The Fighter Collection, envoyé pour pallier l’absence d’un Wildcat. Le grand public n’a pas perdu au change.

Duo de Corsair de concert ! Juste superbe !

Aux couleurs de la Guerre du Vietnam et avec tout son armement (factice) sous les ailes, le Skyraider est vraiment impressionnant.

Le superbe AD-4N Skyraider de Christophe Brunnelière a enfin présenté ses nouvelles couleurs. En compagnie des T-28 et du Bronco, il a fait une démonstration absolument superbe accompagnée d’effets pyrotechniques denses.

Deux des trois T-28 présents au meeting de la Ferté.

Et bien sûr, que dire de la joie de revoir en vol le seul Spitfire au registre français enfin sorti de son immense chantier de restauration après son accident et le Catalina qui a lui aussi connu quelques avanies sur le Loch Ness en fin d’année 2020, heureusement résolues.

Le Spit au décollage, une manœuvre pas si simple sur une piste en herbe comme l’accident en juin 2017 l’a démontré.

Sa Majesté est de retour, qu’on se le dise !

Une silhouette familière et attachante, le Catalina signait aussi son retour après une intersaison pour le moins mouvementée.

Il y eut aussi la démonstration spectaculaire du Baron de Micka Brageot qui effectue sa toute première saison. Le pilotage est fin, précis. De la belle ouvrage.

Le Baron de « Mika » au décollage, fumigènes allumés.

Rare bimoteur autorisé à l’acrobatie, ce Baron est la nouvelle attraction des meetings aériens européens.

La voltige fut aussi symbolisée par la patrouille de l’Aéroclub de France. La vénérable institution de la rue Galilée, désormais partenaire du meeting, a fait le show avec les plus éminents de ses membres, dont sa présidente. Ils sont arrivés dans leurs avions respectifs guidés par les quatre Fouga de la Patrouille Tranchant et ont enchaîné chacun une petite routine de voltige de bon aloi.

Dans l’ordre, les Fouga leadés par Hugues Duval, le Pitts de Bertrand Boillot, le Cap 222 d’Eric Vazeille, l’Extra 200 de Catherine Maunoury, le MSX d’Aude Lemordant et le Bonanza de Nicolas Ivanoff, amusez-vous à recenser les palmarès de ces différents pilotes…

L’élégance du Fouga, un classique indémodable.

Que l’on ne s’y trompe pas, ce paisible Bonanza est aussi un avion… de voltige !

Voilà, la Ferté 2021 close. Ce ne fut pas une édition mémorable par son plateau, donc, mais l’histoire a retenu qu’en dépit des vents contraires, les organisateurs ont su, avec des moyens forcément limités par la prudence, un spectacle toujours aussi passionnant et spectaculaire. Il faut leur tirer un coup de chapeau magistral. C’est aussi pour cela que cette édition marque une étape considérable dans l’histoire des meetings aériens français.

Vivement la prochaine édition !

Parmi les avions légers venus pour l’occasion figurait ce très sympathique Gardan Horizon.

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